XXII. Miles

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Après trois jours de chevauchée, Saalyn et Naim arrivèrent aux portes de Miles. Découvrir cette ville en ruine, alors qu’elle était si belle, quinze ans plus tôt, emplit le cœur de la stoltzin de nostalgie. Avant de passer la porte, elle descendit de son hofec et continua à pied. Elle s’arrêta à la naissance de la rue principale, incapable d’aller plus loin. Son regard parcouru les bâtiments en ruine, à moitié effondrés. Rien n’avait été épargné. Vu le massacre que cela avait été, elle s’attendait à voir de nombreux cadavres, mais il n’y en avait aucun. Soit les charognards les avaient nettoyés, soit quelqu’un était revenu pour leur donner une sépulture décente. Comme les squelettes de chevaux, de chien ou d’autres animaux domestiques abondaient, elle pencha pour la deuxième option. Après la mort de Falcon, l’Helaria avait envoyé une délégation pour récupérer ses propres morts. Et connaissant ses compatriotes, elle estimait qu’ils avaient dû s’occuper aussi de tout le quartier. Mais la ville était trop grande, ils n’avaient pas pu la faire en totalité. Quelqu’un avait dû s’en charger.

Naim avait deviné le trouble de sa compagne de voyage. Elle la rejoignit et lui posa la main sur l’épaule. Elle pensait que Saalyn la repousserait. Elle, une criminelle à ses yeux, était la dernière personne dont elle avait besoin. Pourtant, elle accepta l’étreinte, resserrant encore plus étroitement les bras autour de son corps.

— Ça va ? demanda Naim.

— J’ai connu beaucoup de moments heureux ici, répondit Saalyn, c’est ici que j’ai composé mes plus belles mélodies.

D’un mouvement de tête, elle désigna une ruine à la plus proche intersection.

— C’est dans cette auberge que je présentais pour la première fois la plupart de mes œuvres au public. C’était l’arrangement que j’avais avec le patron, il me logeait gratuitement et en échange je devais jouer des inédits à chaque passage. Le bureau des guerriers libres était trois rues plus loin. On l’avait mis en ville pour que les gens n’aient pas peur de s’y rendre. Ils n’avaient pas à entrer dans un bâtiment officiel pour faire appel à nos services. Le consulat était au sud-ouest de la ville.

— Par où commençons nous ?

— Par le consulat. Ensuite nous fouillerons la ville.

Elle resta encore un moment, puisant des forces de l’étreinte. Naim était assez musclée pour lui rappeler Öta. Elle regrettait que le jeune guerrier libre ne soit pas avec elle. Mais c’était elle qui avait refusé qu’il vînt. Elle se disait qu’elle avait eu tort de croire qu’elle pourrait surmonter les difficultés sans lui. Enquêter sur la mort de son frère allait être difficile, il aurait pu lui apporter une sorte de réconfort hors de portée de Naim. Mais en réalité, elle n’était pas aussi seule qu’elle le croyait. Son hofec lui attrapa la main. Elle le laissa faire. Naim était effrayé par cette grande gueule pleine de dent. Elle se demanda comment une mâchoire aussi puissante pouvait la prendre ainsi sans lui arracher tout le bras. Pourtant, il manifesta une délicatesse que peu d’amants avaient dû lui témoigner. L’immense prédateur réagissait à la détresse de sa maîtresse.

Les deux femmes se remirent en route. Elle préférèrent marcher, leur monture les suivit quelques pas derrière. C’était plus lent, mais elles avaient l’impression qu’elles auraient dérangé les morts si elles avaient chevauché à travers la ville. Pendant cette traversée, ce qui les surprit le plus, c’était la vivacité de la nature. La ville comportait de nombreux parc. Comme le reste, ils avaient brûlés. Mais certains arbres parmi les plus gros avaient survécu. Même si le tronc principal était mort, ils avaient fait des rejets. Et les graines dans le sol avaient germé. Par endroit, elle étaient obligé contourner un arbre qui avait choisi de s’enraciner au milieu de la chaussé. Il y avait des animaux aussi. Pour le moment, elles n’en avaient vu aucun, mais leur présence se trahissait pas les multiples traces visibles dans la neige.

Le consulat était en aussi bon était qu’il l’était possible à un bâtiment ayant brûlé, puis exposé aux intempérie pendant douze ans. En fait, seule l’aîle centrale, face à la place, s’était effondrée. Les deux autres, séparées de la route par une pelouse, à ce jour transformée en prairie, étaient relativement intacte. En revanche, elle avait été pillée. L’Helaria étant riche, quelques personnes avaient dû penser pouvoir y trouver un trésor. Ils avaient certainement été déçus. Peut-être que quelques occupants avaient possédés des biens de valeur, mais ceux appartenant au consulat se limitaient aux éléments de décorations architecturaux. Mais elle se trompait. En entrant dans le hall, elle découvrit qu’il avait été dépouillé de toutes ses boiseries et meubles, même les portes avaient disparu. Elle aurait dû y penser. Dans un contexte de pénurie de bois, un tel matériaux devenait précieux. Heureusement, l’escalier était en pierre sinon il aurait été démonté aussi.

— On procède comment ? demanda Naim.

— Méthodiquement. On commence par le bas, pièce à pièce puis on monte d’un étage jusqu’aux combles.

— On se sépare, pour aller plus vite.

— Sais-tu correctement mener une fouille ?

— Je ne l’ai fait qu’une seule fois jusqu’à présent.

— Alors tu ne sais pas, assena Saalyn, reste avec moi et apprend.

Naim prit alors sa première vrai leçon de guerrière libre. L’Orvbel l’avait entraînée à combattre avec diverses armes blanches au point d’en faire une escrimeuse passable, lui avait appris à lire plusieurs langues aussi. Mais son enseignement n’était pas allé au-delà. On ne lui avait pas expliqué comment fouiller méthodiquement une pièce. Et Saalyn était un bon professeur. Elle chercha même en des endroit dans lesquels elle n’aurait jamais pensé à aller voir. Elle appris à repérer les doubles fonds dans les meubles, les cachettes au sein des canapés et des fauteuils. Même les plinthes et l’espace entre les lattes fut examiné. Enfin quand les pillards en avaient laissé. Des meubles, seuls les plus lourds étaient resté. Et le parquet avait été en grand partie arraché. Une seule pièce, accessible seulement par une porte dérobée, avait échappé au vandalisme. Au dernier étage, Naim croyait avoir compris la méthode et voulu se débrouiller seule, mais Saalyn lui démontra qu’il n’en était rien. Cependant, malgré cette fouille minutieuse, elles ne trouvèrent rien.

Elle se retrouvèrent devant la porte des combles.

— Il ne reste plus que là, dit Naim.

Les deux femmes montèrent l’escalier. Saalyn actionna la poignée qui tourna sans difficulté malgré sa longue immobilisation.

— Du bon matériel, remarqua Naim.

— Qualité helarieal, répondit Saalyn.

Elle poussa la porte et entra. Malgré la charpente en bois, l’endroit était intact. Voler les lourdes poutres était hors de portée de voleurs souvent mal équipés. La première chose qu’elle remarquèrent, en dehors de la poussière qui recouvrait tout, vu l’immense marque de sang sur le sol. Elle avait imprégné les planches au point que douze années ne l’avaient pas effacée.

— Quelqu’un est mort ici, remarqua Naim.

— Non, la corrigea Saalyn. Quelqu’un est né ici. Ceci est la trace d’un accouchement.

— Un accouchement ? Ici ?

— Je suppose que la mère, proche du terme, n’a pas pu fuir la ville dans son état et s’est réfugiée ici pour mettre son enfant au monde.

— Un membre du personnel ?

— Non, jamais ils n’auraient laissé une femme enceinte derrière eux. Elle a dû arriver après que les miens soient partis.

— Qu’est-elle devenu aujourd’hui ?

— Elle n’est pas là. Elle est donc repartie d’ici bien vivante avec son enfant. Si elle est restée cachée quelques jours, elle a peut-être même pu quitter la ville.

Les deux guerrière libre commencèrent à fouiller la pièce. Elle était quasiment vide, ce qui leur facilita la tâche.

— Qu’est ce que c’est que ça ? s’écria soudain Naim.

Quand elle se retourna, Saalyn vit sa compagne tenant un petit collier à la main.

— Donne moi ça ? s’écria-t-elle soudain.

Elle se précipita pour le prendre. Mais Naim anticipa son coup et leva le bras, le tenant hors de sa portée. Et Saalyn n’avait ni la taille, ni la force pour le lui confisquer. Elle n’essaya même pas.

— Tu connais ce bijou, en déduisit Naim.

— Je le connais en effet. Il a été donnée par un ami à une connaissance.

— Raconte moi.

Elle donna le pendentif à Saalyn. La stoltzin le prit. Elle essuya la poussière qui couvrait le petit médaillon. Et elle se souvint.

Elle se souvint d’un homme, un stoltz. Il félicitait une fillette de quatre ans pour la jolie robe qu’elle portait. Cette dernière hésitait entre la timidité et la joie d’une de porter une tenue aussi riche

Tu as une très jolie robe, disait-il.

Elle rougit de plaisir.

Je pense que ceci ira très bien avec elle.

Il sortit de sa poche une toute petite boite recouverte de velours noir. Il l’ouvrit devant elle, lui dévoilant un pendentif en bronze, passé à une chaînette du même métal. La fillette ouvrit de grands yeux ébahis en le découvrant.

C’est à moi, dit-elle ?

Met le, tu seras plus belle avec.

Il saisit la chaîne pour sortir le bijou de son écrin. Le médaillon représentait un trèfle à quatre feuille, symbole de chance dans la moitié des pays du monde.

L’homme le passa à la magnifique Naytaine qui accompagnait la fillette et le lui passa autour du cou. Elle loucha sur sa poitrine pour essayer de voir le pendentif qui reposait maintenant sur le satin blanc de sa robe.

Merci, dit-elle.

Puis elle déposa un baiser sur la joue de l’homme.

— Mon père en a fait cadeau à Ciara Farallon, expliqua-t-elle enfin.

— Il vient de votre père ? Je comprend que vous y teniez tant. Et qu’a-t-il offert à l’autre sœur.

Saalyn se perdit un instant dans ses souvenir.

— L’autre était très timide. Il a eu du mal à la trouver. Je n’y ai d’ailleurs pas assisté. Il avait pour elle un pendentif en obsidienne sur une monture en bronze.

— J’ai déjà vu un tel bijou sur Mericia.

— Elle a donc réussi à le garder.

— Il suffisait qu’elle l’ait sur elle quand elle est arrivée.

La blonde guerrière envoya un sourire triste à la brune. Puis elle quitta la pièce.

L’ambassade avait été explorée en totalité. Elle jeta un coup d’oeil dans les jardins. Il n’y avait plus rien, sauf des cadavres humains, qui avaient tenté de se réfugier dans les lieux en croyant à leur inviolabilité et qui avaient été massacrés. Cela avait dû se produire après le départ des Helariaseny, sinon ils les auraient emmenés avec eux.

La guerrière libre se dirigea vers son hofec qui attendait tranquillement dans un coin du jardin relativement dépourvu de cadavre. Elle monta dessus. Naim fit de même.

— Ou va-t-on maintenant ? Demanda-t-elle.

— A l’endroit où Meghare a été tuée. C’est certainement là que les enfants ont été capturés.

— C’est logique.

Les deux femmes sortirent de ce qui était devenu un cimetière. Elle se dirigèrent vers le centre de la ville.

— C’est là-bas, dit-elle en désignant le palais de la main.

— C’est bizarre, remarqua Naim. J’aurai parié que les duchesses auraient été intercepté en dehors de la ville.

— Elles cherchaient à atteindre un refuge sûr. Une fois qu’elle l’aurait atteint, elles auraient été hors de portée de leurs ravisseurs. Ils ont dû agir vite.

— On a une idée de leur destination.

— Elles voulaient rejoindre notre consulat.

— Pourquoi pas celui de Nayt, la duchesse en venait.

— A mon avis, elles ont dû essayer, mais quelque chose les a bloquées et elles ont dû se rabattre sur nous. À moins qu’elles y soient arrivé trop tard et qu’elles l’aient trouvé déjà vide.

Elle arrivèrent à une grande place, loin à l’est du bâtiment que les deux guerrières libres venaient de quitter.

— Le corps de la duchesse a été retrouvé ici, déclara Saalyn.

— Elles avaient réussi à parcourir une grande distance dans la ville en flamme avant d’être interceptées, fit remarquer Naim d’un air admiratif.

— Mais elles n’allaient pas du tout dans la bonne direction, répondit simplement Saalyn.

— Et Dercros !

— Dans une rue un peu à l’est d’ici.

— Ils n’ont pas été tué ensemble.

— Non.

— C’est interessant, parce que Mericia a bien pris la bague sur Dercros. Cela signifierait donc qu’il a pu continuer avec les fillettes un moment encore après la mort de Meghare.

— Interessant ! releva Saalyn.

Naim éprouva de la gêne. Prise dans l’enquête elle avait oublié que la victime était le frère de sa compagne de route.

— Ça peut aussi signifier que Dercros n’a rattrapé les duchesses qu’après leur capture et la mort de la duchesse. Ce qui, dans une ville en proie au pillage, me semble plus vraisemblable.

Nerveuse, Naim observa autour d’elle. Elle ne vit aucun corps, bien que le tapis neigeux ne lui permis pas d’en être sûr. Quelqu’un était-il venu la chercher ? Afin de changer de sujet, elle posa la question à Saalyn.

— Des hommes à nous sont revenu quelques jours plus tard et on récupéré mon frère et la duchesse, ainsi que quelques uns des gardes qui sont morts pour elle.

Vu l’importance des cérémonies funéraires en Yrian, cela n’avait dû poser aucun problème estima Naim. Les soldats qui infestaient la ville avaient dû laisser passer les Helariaseny.

Saalyn ne se prit pas la peine d’explorer la place. Elle l’avait déjà fait quatorze ans plus tôt, elle n’avait rien trouvé. Aujourd’hui, alors que tant de temps avait passé, les quelques traces qu’elle avait certainement ratées à l’époque auraient disparues. Elle se mit au centre, à l’endroit où la duchesse était tombée. Elle ferma les yeux, les bras le long du corps, légérement écartés, et se mit à réflechir à voix haute.

— Je suis un mercenaire dans une ville en proie au pillage et je veux en sortir en évitant autant que possible de rencontrer l’armée alminati. Que fais-je ?

Naim allait s’avancer pour proposer une idée. Mais Saalyn l’interrompit d’un bras tendu.

— Après ! Ordonna-t-elle.

Puis elle reprit son monologue.

— J’ai deux solutions, soit je rentre en force, soit je me fais discret. Si je rentre en force, il me faut une troupe assez nombreuse pour faire face aux bandes de pillards. Examinons la discrétion. Un homme seul expérimenté pourrait atteindre le coeur de la ville en échappant à toute détection. Mais il va se trouver confronté à la garde rapprochée de la duchesse. Et puis il devra repartir avec deux fillettes et un bébé qui ne seront pas forcement coopératif.

— Sauf s’il n’est sorti de la ville qu’avec une seule fillette, intervint Naim, et que ce sont les pillards qui se sont chargés de l’autre.

— Si vous avez raison et qu’ils ont reconnu la fille du duc, ils l’ont certainement tuée. On ne va pas envisager cette hypothèse maintenant, elle conduit à une impasse.

— Elle est interessante pourtant. Si la petite duchesse est morte, cette enquête n’a plus d’objet.

— Là vous êtes plus à même que moi de le savoir. Que vous a dit Anastasia?

— Rien, répondit Naim. Elle n’est pas avare de confidence.

— Reflechissez. Elle ne se confie pas, mais elle n’a pas révélé une information une fois, au détour d’une phrase. Vous l’avez fréquenté pendant quatre ans. Pendant toute cette période, elle a bien du dire quelque chose d’interessant.

Naim essaya de se remémorer tout le temps qu’elle avait passé avec Mericia. D’abord concurrente, puis alliée de circonstance avec Deirane, la Naytaine ne l’avait pas beaucoup fréquentée. Mais elle ne l’avait non pas totalement évitée. Mericia n’était pas le genre de personne que l’on ignore. A force de se concentrer, une conversation lui remonta à l’esprit.

— Une fois, elle a dit que Biluan l’avait gardée et s’était débarrassé de sa sœur. Je suis désolée, mais c’est tout ce que j’ai. Mericia dirigeait une faction adverse, je n’avais pas beaucoup de contact avec elle.

Le sourire qu’arbora Saalyn lui montra que son information était plus importante qu’elle ne le croyait.

— Les deux sœurs étaient donc vivantes quand elles sont sortie de la ville, en conclut-elle.

— Comment pouvez vous affirmer cela, s’étonna Naim. Biluan a pu venir les chercher lui même en ville. Il n’était pas un lâche.

— Il n’était pas lâche. Mais il n’est pas fou non plus. C’est un marchand, pas un combattant. Il a certainement envoyé des soldats dans la ville pendant que lui attendait à l’extérieur. De plus, Biluan ne se déplace pas sans une escorte suffisante pour assurer sa sécurité. Un groupe de soldat qui se déplace en force, ça se voit, il y a des gens qui les ont remarqués. Surtout qu’il a dû prendre une direction qui le mettait à l’abri des mauvaises rencontres.

— Le sud, suggéra Naim.

— Bonne déduction, la félicita Saalyn. Le nord était sillonné de soldats ennemis. Il ne restait que le sud.

— Mais s’il a acquis les deux fillettes, pourquoi n’y en a-t-il qu’une en Orvbel et qu’a-t-il fait de la deuxième ?

— C’est simple, son commanditaire ne lui en a demandé qu’une seule. Et la seconde, c’est un marchand. Il l’a revendue.

— A qui ?

Le sourire de Saalyn apprit à Naim qu’elle connaissait la réponse.

— Le vidame de Burgil m’a contacté. Il a racheté la seconde fillette et son frère pour dix mille cels.

— Dix mille cels ! s’ecria Naim.

— C’était leur grand-père. Il était prêt à n’importe quoi pour les récupérer. Mais ils ne sont jamais arrivés à destination. Ils ont disparu entre ici et Burgil. Et il n’a jamais revu l’argent.

— Cela fait une sacrée distance quand même. Ils ont pu disparaître n’importe où.

— Mais à un moment ou à un autre, ils ont dû traverser l’Unster. Et vers le sud, il n’y a que deux possibilités.

— L’Helaria et Boulden, répondit Naim.

— Et comme il est exclu de faire transiter des esclaves par l’Helaria, il ne reste que Boulden.

— Deirane est arrivé en Orvbel par un transporteur helarieal, fit remarquer Naim.

— Deirane n’était accompagnée que de quelques personnes. Là on parle de toute une troupe avec leurs chevaux et leur équipement. Des enfants au milieu n’auraient pas manqué d’attirer l’attention des autorités, même s’ils avaient pu trouver un capitaine véreux.

Naim ne répondit pas. Mais Saalyn semblait avoir oublié que le faible tirant d’eau des navires helarieal leur permettait d’embarquer des passagers presque partout. Mais la guerrière libre infirma aussitôt son diagnostic.

— Avec nos navires, et même avec les vôtres, ils auraient pu embarquer n’importe où sur le fleuve. Et c’est certainement ce que Biluan à fait pour rejoindre l’Orvbel. Mais là, le reste de la bande voulaient juste traverser l’Unster. Prendre le bac est tellement plus pratique que d’affréter un navire.

— Mais avec un navire, ils pouvaient remonter l’Unster au lieu de le descendre, puis l’Onus jusqu’à la première cascade.

— C’est possible aussi. Mais nous n’avons aucun moyen de le vérifier. Aussi on va se concentrer sur Boulden. Si on ne trouve rien, il sera temps de s’occuper de cette nouvelle hypothèse.

Saalyn remonta sur son hofec. Naim qui s’était accroupie dans la neige pour chercher vainement des indices qui auraient subsistée après tout se temps se releva si brusquement que la tête lui tourna. Elle se retint à sa monture pour ne pas tomber.

— Ca va ? s’inquiéta Saalyn.

— C’est rien, juste un étourdissement.

— Alors pourquoi saignes-tu du nez ?

Naim porta la main à son visage. Elle regarda ses doigts, tachés de sang.

— Qu’est ce que c’est que ça ?

Saalyn soupira. Elle avait la réponse. Elle se prépara à descendre de son hofec, juste avant que sa compagne de route ne perde connaissance. Elle serait tombée si sa monture ne l’avait rattrapée dans sa gueule pleine de dent.

— Et merde, lacha Saalyn.

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