Jérémie-V
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Défi
N.B : Ce texte est un premier jet, alors n'hésitez pas à laisser un petit commentaire ou des annotations qui me seront bien utiles !
Merci.
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"Je ne sais pas mais, à quinze ans, on ne connaît pas tellement la vie. Alors ce qu'il y a après... Si ?"
Anaïs a un don.
Antoine retrouve un frère suicidé.
Camille est hantée par son mari infidèle.
Un fil ténu les relie.
Merci.
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"Je ne sais pas mais, à quinze ans, on ne connaît pas tellement la vie. Alors ce qu'il y a après... Si ?"
Anaïs a un don.
Antoine retrouve un frère suicidé.
Camille est hantée par son mari infidèle.
Un fil ténu les relie.
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Perdues dans la brume du soir, les lumières de la ville éclairent le fleuve qu'elles longent comme un serpent luminescent. Quelques joggeurs nocturnes courent sans but sur la levée. Leurs silhouettes se perdent dans l'obscurité des berges.
Peut-être l'un d'entre eux disparaîtra ce soir ?
Voilà le genre de pensée qui me traverse en ce moment. Je dois dire que mon pessimisme s'est accentué depuis que je suis ici.
Je suis arrivée là un peu par défaut.
Pour rester proche de la capitale, trop chère. Parce qu'on y est à cinq heures de tout, pratique pour visiter la famille ou les amis. Et parce qu'il s'y trouvait une opportunité de quitter enfin mon ancienne vie. C'est la ville du non-choix, celle des gens qui ne tranchent pas. Il y flotte une espèce d'inconsistance, d'abdication face à la réalité des choses. Pas étonnant que j'atterrisse ici, tout compte fait.
Postée sur mon balcon, j'apprécie l'air du soir qui lèche ma joue maintenant engourdie. Il fait bien trop chaud dans cet appartement. Une histoire de chauffage collectif mal réglé. Je tire une dernière bouffée de ma cigarette bientôt complètement consumée. Une fumée dense et bleue s'enfuit, un peu de ma respiration embuée s'y mélange. L'hiver est précoce.
Je rentre et me prépare une tisane. Je veux faire du bien à mon corps tendu par des séances d'entraînement trop rapprochées. J'allume la bouilloire et attends l'ébullition. Ma tasse fumante à portée, je m'installe devant mon ordinateur et lance une série policière. Elle a beau être ma préférée du moment, je suis trop fatiguée pour suivre l'intrigue pourtant prenante de ce nouvel épisode. Anesthésiée par la chaleur de mon plaid, je sombre dans un sommeil agité.
Les vibrations de mon téléphone me réveillent.
« Lande ? C'est Félange. Désolé de te déranger, mais on a un problème. Il s'est passé un gros truc cette nuit. Ramène toi, je t'envoie l'adresse par texto. »
Il raccroche. Je n'ai même pas eu le temps d'en placer une. Il est cinq heures trente.
Je sens mon portable vibrer à nouveau dans ma main.
Quand on l'appelle, le chien obéit.
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Je vous propose ici un recueil de nouvelles fantastiques, d'horreur et de science-fiction.
Il s'agit de textes nouveaux et anciens (2005 et 2006) remaniés.
J'ai préféré indexer ce recueil en "contenu sensible". Vu la nature de certains textes, je pense effectivement que cela s'imposait.
Je vous souhaite à toutes et à tous une bonne lecture !
Jérémie
Il s'agit de textes nouveaux et anciens (2005 et 2006) remaniés.
J'ai préféré indexer ce recueil en "contenu sensible". Vu la nature de certains textes, je pense effectivement que cela s'imposait.
Je vous souhaite à toutes et à tous une bonne lecture !
Jérémie
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Défi
Quel con, ce Gérard !
Dans une entreprise de cent-cinquante têtes, ce type avait trouvé le moyen de se faire zéro pote. Le pestiféré du service. Faut dire qu’il en a la dégaine, le Gégé. On dirait que c’est sa mère qui lui achète ses fringues ! D’ailleurs, on le chambre à chaque fois qu’on le croise en arrivant. Hé, Gérard, ta maman a encore oublié de repasser ta chemise hier soir ?
Ah ! Qu’est-ce qu’on rigole.
Bon, lui, il rigole un peu moins.
Il nous a bien fait marrer, hier, pendant la pause de dix heures. Il était là, comme d’habitude, à prendre son café seul dans son coin. Il était tout tranquille jusqu’à ce que Jean-Pierre lui demande comment il trouvait la petite stagiaire, celle avec un gros cul et des seins qui balancent. Gérard est devenu tout rouge, a bredouillé un truc comme « elle est jolie », et a baissé les yeux. Du coup, on a voulu savoir si elle lui filait la trique, le soir, quand il se paluchait dans son lit. Il a rien dit, nous a regardés comme un con, et est devenu violet. Ah ! Tout transpirant qu’il était, le Gégé.
Nous, on s’est bien marrés.
La dernière fois, Franck est venu le voir à son poste. Ça a remué l’open-space, on s’en souvient encore. Et pourquoi ses stats étaient mauvaises, et comment c’était possible de prendre autant de retard sur des trucs aussi simples… Il a bien essayé de se défendre, le bougre. Et vas-y que sa charge de travail augmente de mois en mois, qu’il est le seul à gérer tel type de truc que j’ai pas bien compris, que ça fait un an qu’il demande un renfort… Mais bon, le naturel a vite repris le dessus et le lendemain, on sentait bien qu’il avait reçu une petite fessée de la Teigne. On avait retrouvé notre Gérard ! Celui qu’ouvre pas trop sa gueule et qui fait profil bas.
Mais ce matin, il était pas là. À la pause, on s’attendait à le trouver, lui et son jus de chaussette. Onze heures, toujours pas de Gégé. On commençait à s’inquiéter. Vers la demie, voilà qu’il débarque enfin, la bouche en cœur et la gueule enfarinée. Il s’installe tranquillou à son poste comme si de rien n’était. Ça n’a pas raté : Franck l’a convoqué direct. Ça va faire cinq minutes qu’il est dans son bureau, et ça gueule, punaise ! Ce qu’il est en train de prendre… Avec les copains on se regarde en souriant : on va encore bien se marrer aujourd’hui !
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Quelqu’un a ramené un pétard ? C’est quoi ce bordel ?
Ça vient du bureau de Franck.
Gérard sort comme une furie et… Oh putain !
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Ça se met à courir de partout, à gueuler, y’a trop de gens, le troupeau se masse vers la sortie qui bloque… Non, Gérard ! Non !
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Jean-Pierre prend une cartouche, sa tête fait un feu d’artifice et il tombe comme un sac à trois mètres de moi. Des collègues sont éclaboussés, ça crie encore plus fort.
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Je me planque derrière mon bureau, je vois pas bien… Ça tire encore. Combien il a amené de chargeurs ?
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Monique… allongée dans une mare de sang avec trois trous dans le bide. Pascal a pris lui aussi une balle dans la tronche, je ne le reconnais qu’à la couleur de sa chemise. Mon Dieu… Il a plus de face ! Je… je… Non, pitié, non ! Me tue pas !
Gérard, mon Gégé, arrête, on va trouver une solution… Je m’excuse, je m’excuse mon pote, je suis désolé, je me moquerai plus de toi, promis juré ! Je… tiens, voilà, prends ça, cinquante balles, c’est tout ce que j’ai sur moi… Je…
Gérard me regarde et ses yeux vides sont la dernière chose que je vois.
Je sens une pointe entrer dans mon front et puis…
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...plus rien.
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Défi
C'est toujours un hasard quand on se croise.
L'air que les corps dérangent et font tournoyer, vibrations infimes, se charge parfois d'un effluve parfumé. Souvent, il n'y a rien ou presque, juste un souffle un peu plus frais comme pour dire : « Je suis passé ici ». Voilà le seul témoin de nos danses éphémères, ces moments où les vies se traversent, laissant à l'autre pour seul souvenir de notre passage un changement dans l'air.
Et tout de suite cette sensation s'efface devant une autre, semblable mais différente, elle aussi porteuse de son caractère singulier. Une nouvelle odeur ? Un souffle plus puissant ou au contraire plus discret ? Rien de tout cela ?
Nos corps qui se toisent jours après jours ne se demandent rien, et pourtant ils échangent. Ils dialoguent à peine, juste par impressions, sensations, réminiscences. Ils ne se rencontrent pas encore. L'atmosphère qu'ils caressent, voilà la chose tangible qui nous reste à la fin ; elle porte avec elle le souvenir de cet autre qui revient à chaque fois, chaque fois unique.
Est-ce vraiment un hasard de se croiser ?
Le ballet urbain m'emmène d'un être à l'autre, chacun laissant en moi une trace sans souvenir. Une marque, quelque chose, un bout de soi qui reste un peu et qui s'en va. Que je ne ressentirai plus jamais, peut-être. Ou peut-être pas.
Car deux personnes qui se sont déjà croisées ne se croisent plus : elles se rencontrent.
Et c'est toujours un petit miracle.
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