Quand une de ses amies et collègue, journaliste d'investigation comme lui, se met à enquêter sur une mystérieuse disparition datant de 20 ans, Romain lui prête main forte mais se retrouve bientôt malgré lui piégé dans un cercle infernal de vieux souvenirs traumatiques, qui ne lui appartiennent pourtant pas...

Un soir d'été, nous trions des vêtements avec ma mère. En général, je déteste ce genre d'activité, puisqu'elle ne me stimule pas et ne fait appel à aucun de mes sens. J'ai une sainte horreur d'être assise et reproduire la même chose, plusieurs fois d'affiler dans un même laps de temps, cela me lasse et surtout m'irrite. Oui, je suis une enfant, en somme. Alors que c'est une des activités préférées de ma mère, qui adore gérer la paperasse et trier des choses, dans un silence religieux. Et par dessus tout, elle est si minimaliste que ne pas faire le tri plus d'une semaine l'horripile au plus haut point. Rester assise ne la gêne aucunement, au contraire. Il est probable même que je fus adoptée, parce que nous sommes vraiment différentes l'une de l'autre. Le Yin et le Yang. Ce qui nous amène à trouver une vieille robe, que je n'ai pas portée depuis quasiment vingt ans. C'est une robe mauve, évasée, à manches courtes, au col replié, cousue par ma maman, avec quelques motifs floraux noirs eux-mêmes, initialement pour ma sœur, qu'on a fini par me refourguer. Comme je détestais cette robe. Elle me donnait atrocement chaud en plus de me gratter atrocement, alors qu'elle était censée être un

C'est fou comme le rien peut parfois devenir un tout.

Une vague de chaleur et de sécurité fait faillir les barrières et les carapaces de protection. Une odeur familière m’enveloppe de sa rassurante et protectrice couverture. Mon âme s’envole, en lieu sûr, probablement.

La haine de soi et l’autodestruction peuvent devenir des outils de renaissance et de reconstruction. Enfin, à de très rares occasions, bien entendu. Lorsque j’avais 20 ans, je voulais en finir. Je voulais mourir, disparaitre, disperser chacune de mes cellules dans le vide. Mon envie de ne faire qu’une avec les étoiles m’a longtemps habitée mais c’était à cette période qu’elle a atteint un point critique. Moralement, je pense que j’étais déjà morte. Mon âme naviguait dans une noirceur aveuglante, piégée dans une tristesse inconsolable, ne trouvant plus la moindre issue à ce trou. Un soir d’hiver, au milieu du mois de décembre, alors que l’ambiance des fêtes battait son plein en même temps que le froid , une de mes amies avait organisé une petite fête et m’y avait invitée, pour tenter de me faire changer d'air. A ce moment là, je suivais des études que je détestais, que j'avais choisies pour mes parents. En plus des autres souffrances qui me traversaient. Et c’est là que je l’ai vu. Un type de mon âge qui avait effectué tout le lycée dans la même classe que moi. Et je haïssais ce mec, viscéralement. Heureusement, après le bac j’avais fini par l’oublier en quittant l’école mais quand