
Frédéric MONNIER
4
œuvres
0
défis réussis
16
"J'aime" reçus
Œuvres
Faut que tu te lèves mec, il est 3 heures.
Je sors la tête de mon sac de couchage. C'est Krishna. Déjà en train de ranger les affaires et de préparer le matériel. Je me suis endormi comme ça visiblement, avec mes gants, ma capuche, ma frontale. Ma respiration est difficile. Allez, fais tes affaires, on part dans trente minutes, me dit-il en tapotant du doigt sur sa montre.
Dix minutes plus tard, je suis dehors. La nuit étoilée est totale. Pas une brise, pas un nuage. Sur ce nid d’aigle perché au-dessus du monde, je me prépare en silence pour l’ascension finale avec les autres membres de l'expédition. Autour de moi, la neige des crêtes scintille. Ma pensée est embrumée mais mes gestes sont automatiques. Thomas et Steve, nos deux guides, nous passent en revue un par un puis nous réunissent prêt de leur tente pour le brief.
Thomas prend la parole: Eteignez vos frontales s’il vous plaît, je peux pas vous voir. Guys, j’espère que vous avez pu dormir un peu. Bon, comme vous pouvez le voir, on a de bonnes conditions ce matin. Mais malheureusement ça va pas durer.
Il regarde Steve un instant puis reprend : On vient de recevoir le brief météo et c’est pas joli. Il faut qu’on soit au sommet demain avant 21h. Après, il y a une tempête qui arrive et ça va se gâter. On a fait le point avec Steve et ce que je vais vous dire n’est pas facile: Pour arriver au sommet avant 21h demain, il va falloir mettre du rythme et on a pas le droit à une seule prise de retard, tout doit s’enchaîner sans problème. A mon sens, vous êtes tous capable de le faire, mais maintenant c’est à vous de voir, vous êtes tous des alpinistes de haut niveau alors vous vous connaissez mieux que personne. Cette tempête, c’est un nouveau risque, et pas des moindres, qui s’ajoute aux risques que nous prenons déjà. S’il vous arrive un truc, une gelure, un malaise, une chute, vous pourriez prendre du retard et les choses pourraient vraiment se compliquer. Bref vous connaissez tous les risques d’une tempête à cette altitude. Donc, prenez un temps pour y réfléchir et ceux qui ne le sentent pas, deux guides situés au camp 3 peuvent venir vous chercher ici et vous ramener au camp de base. Et malheureusement ce sera la fin de l'expédition”.
Je sors la tête de mon sac de couchage. C'est Krishna. Déjà en train de ranger les affaires et de préparer le matériel. Je me suis endormi comme ça visiblement, avec mes gants, ma capuche, ma frontale. Ma respiration est difficile. Allez, fais tes affaires, on part dans trente minutes, me dit-il en tapotant du doigt sur sa montre.
Dix minutes plus tard, je suis dehors. La nuit étoilée est totale. Pas une brise, pas un nuage. Sur ce nid d’aigle perché au-dessus du monde, je me prépare en silence pour l’ascension finale avec les autres membres de l'expédition. Autour de moi, la neige des crêtes scintille. Ma pensée est embrumée mais mes gestes sont automatiques. Thomas et Steve, nos deux guides, nous passent en revue un par un puis nous réunissent prêt de leur tente pour le brief.
Thomas prend la parole: Eteignez vos frontales s’il vous plaît, je peux pas vous voir. Guys, j’espère que vous avez pu dormir un peu. Bon, comme vous pouvez le voir, on a de bonnes conditions ce matin. Mais malheureusement ça va pas durer.
Il regarde Steve un instant puis reprend : On vient de recevoir le brief météo et c’est pas joli. Il faut qu’on soit au sommet demain avant 21h. Après, il y a une tempête qui arrive et ça va se gâter. On a fait le point avec Steve et ce que je vais vous dire n’est pas facile: Pour arriver au sommet avant 21h demain, il va falloir mettre du rythme et on a pas le droit à une seule prise de retard, tout doit s’enchaîner sans problème. A mon sens, vous êtes tous capable de le faire, mais maintenant c’est à vous de voir, vous êtes tous des alpinistes de haut niveau alors vous vous connaissez mieux que personne. Cette tempête, c’est un nouveau risque, et pas des moindres, qui s’ajoute aux risques que nous prenons déjà. S’il vous arrive un truc, une gelure, un malaise, une chute, vous pourriez prendre du retard et les choses pourraient vraiment se compliquer. Bref vous connaissez tous les risques d’une tempête à cette altitude. Donc, prenez un temps pour y réfléchir et ceux qui ne le sentent pas, deux guides situés au camp 3 peuvent venir vous chercher ici et vous ramener au camp de base. Et malheureusement ce sera la fin de l'expédition”.
4
2
0
17
Le frigo fait des bruits étranges. Il suffoque péniblement comme une personne en phase terminale d’un cancer des poumons. Brave machine sans âme qui n’a pas évolué depuis sa création.
Tout autour de lui néanmoins, dispersées en plusieurs endroits, de petites lumières bienfaisantes apportent à la pièce une certaine humanité.
La lampe du bureau d’abord, encapsulée dans une sphère striée, jette sur le bois de la table une nappe lumineuse accueillante. On veut bien s'asseoir là pour travailler avec un thé.
Le globe lumineux au-dessus du lit, boule blanche au verre opaque, invite à s’étendre.
Par la fenêtre enfin, la clarté si puissante du jour gris et pluvieux revigore chaque atome que contient la pièce.
La lumière est une bien belle chose. Du matin au soir, je tends instinctivement vers elle comme un tournesol. Le tournesol, lui, n'a pas le choix. On s'imagine difficilement mille superbes tournesols fièrement tournés vers le soleil alors qu'un seul, au milieu, ferait grève et aurait délibéremment choisi de regarder ses racines. Et si j'étais aussi peu libre que le tournesol ? La lumière est plus forte que moi et chacune de mes cellules fait effort vers elle. Je n’ai pas mon mot à dire sur tout ce que veut mon corps.
7
5
12
2
Edgar et Georges penaient à émerger de leur soirée de la veille. Dans la cuisine de leur colocation bordelaise, ils buvaient un bol de café en silence, assis autour d’une table pliante que Danny avait fixé sous une fenêtre donnant sur rue. La rue était passante, surtout ce jour-là, le jour du marché, qui se tenait dans la rue perpendiculaire à la leur.
Les petites familles du quartier défilaient par la fenêtre et jetais naturellement quelques coup d'œil discrets. Ils tombaient alors sur ces deux guignols aux cheveux en pagaille, l’un en caleçon et t-shirt batman, l’autre emmitouflé dans une robe de chambre en matière synthétique premier prix. Deux filles de quinze passèrent, pouffèrent de rire, et leur mère leur dit d'avancer. Nos deux compères échangèrent un sourire amusé. J’ai une idée, dit Edgar Vas-y molo, Ed, je me réveille à peine. J’ai une faim de tous les diables, on va faire un grand festin. Original. Mais cette fois on va faire ça bien. Je crois qu’on est déjà pas mauvais dans ce jeu-là, dit Georges amusé. Cette semaine on a quand même fait le kilo de pâte à deux, le lapin de 10H pour 10 personnes et hier soir le saumon au champagne. Trois fois on a roulé sous la table mon vieux, trois fois. Et que tous les deux en plus, on invite jamais personne. A part nous deux personne n’est capable de suivre de toute façon. C’est pas faux. Quand je pense à Kevin. Tu te rappelles ? Ouai, il était pas bien le pauvre garçon. En même temps il a fait le malin sur la raclette, il allait beaucoup trop vite et ce n'était que l’entrée. Sans parler des verres de blanc qu’il descendait comme de l’eau. Bref, l’erreur des débutants, ça a mal fini. T’as des nouvelles d’ailleurs ? Non, depuis cette soirée impossible de l’avoir au téléphone. 3 semaines quand même, j’espère qu’il va mieux. On pratique un sport dangereux mon Georgy, c’est pas pour tout le monde. Faut mieux garder ça pour nous. Et puis c’est un budget. T’as peut-être raison. Bon et alors c’est quoi ton idée ? Le fameux homard à la cannelle qu’ils ont servi aux généreux en 45 après la signature de l’armistice ? On va créer un club. Tu viens pas justement de dire qu’il fallait qu’on fasse ça que tous les deux ? Si. Plus de copains qu’on invite comme ça pour essayer, ça c'est clair. Mais on peut faire un club qui propose d’apprendre, étape par étape jusqu’à pouvoir se faire les repas qu’on fait sans danger. On va recruter des membres et on va leur apprendre à manger beaucoup. Ca s’apprend pas ces choses-là, soit on est un ventre, soit on l’est pas. Si, j’ai vu une émission. Il y a des pros de classe mondiale. Aux US surtout. Des gens fins comme des brindilles qui s'engouffrent des veaux pour 10 personnes en 20 minutes. On va créer ça ici, à Bordeaux. Après tout c’est une ville de la bonne bouffe ici non ? Va t’habiller, on va voir le tenancier du marché pour essayer de trouver un petit emplacement.
3
3
0
2