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Hoghan
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La neige, le froid, lorsque Luke se réveille, il ne se souvient de rien sauf de son nom. La quête de ses souvenirs va l'entraîner aux quatre coins du monde, poursuivis par une étrange secte priant des démons plus ancien que le monde lui même.
Luke va découvrir que parfois, il ne vaut mieux pas se rappeler de son passé...
Parmi la magie, la guerre et la trahison, retrouver ses souvenirs ne sera pas une tâche facile.
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La Cité-Monde est la plus grande et puissante ville du monde connu. Dans ses profondeurs, les richesses cachés dans le mystérieux donjon du Créateur attire toutes les convoitises.
Tout change lorsque le Roi-Dieu, l'élu capable de prédire l'avenir, n'arrive pas à voir plus loin que son prochain anniversaire, celui de ses 28 ans.
La Cité-Monde tout entière va se retrouver entraîné dans une succession d'évènement qui décideront de la survie de ses habitants, mais aussi de l'univers entier.
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Guillaume claqua sa porte de voiture, avant de s’avancer vers l’immeuble le plus proche. Il avait garé sa Mercedes-Benz S 560 n’importe comment, mais pouvoir se mettre « en merde » n’importe où, était bien un des rares avantages de sa fonction. De toute façon, à cette heure-ci, personne n’allait se plaindre d’une voiture mal rangée.
Il salua mollement les quelques policiers à l’entrée du bâtiment, avant de rentrer le bel immeuble. Guillaume réalisa en soupirant qu’il n’y avait pas d’ascenseur et se dirigea vers les escaliers par dépit. Il avait pensé pouvoir ménager sa carcasse vieillissante, mais pas le choix.
Guillaume bailla sans retenue en passant le premier pallier. On l’avait réveillé trente minutes auparavant et il avait dû se faire violence pour sortir du lit.
Pour une fois qu’il avait réussi à trouver le sommeil.
Tout en grimpant, il essayait tant bien que mal de se rappeler ce que son second lui avait dit. Vraisemblablement il s’agissait d’une affaire de meurtre, même si Alexandre n’avait pas l’air très sur de lui au bout du fil. Le nom de la victime ne lui revenait plus, inutile de forcer là-dessus.
En revanche ils se souvenaient très bien des derniers mots de l’appel, son interlocuteur l’avait prévenu que l’affaire était sordide.
Guillaume survola les dernières marches et arriva au quatrième étage. La porte de l’appartement de droite était grande ouverte et il rentra sans hésiter. Une désagréable odeur de fer lui monta au nez, tandis qu’il voyait ses cinq collègues s’affairer dans la pièce.
Effectivement, c’était plutôt sordide.
L’appartement cossu du sixième arrondissement, était joliment arrangé. De nombreuses plantes bien entretenues, ainsi que des beaux meubles sans la moindre trace de poussière formaient un bel ensemble. Le salon, qui faisait office de pièce à vivre et de cuisine, démontrait à lui seul la personnalité de son occupant. Tout était bien ordonné et l'ensemble était harmonieux.
Guillaume ressentit une pointe de jalousie en comparant mentalement le lieu avec le dépotoir dans lequel il vivait. En revanche, s’il avait dû donner un défaut à ce magnifique bien, cela aurait très clairement été le sang, qui recouvrait le parquet et les murs beiges.
Les techniciens en identification, qui venaient visiblement de terminer leurs premiers prélèvements, se relevèrent pour lui faire face. Il reconnue tout de suite la brune aux yeux marrons. Il était toujours heureux de travailler avec Marine Theret. Personne n’était plus efficace que la jeune technicienne, il serait vite de retour chez lui.
— Bonsoir, dit Guillaume. Désolé pour le retard.
— Capitaine Beaune, salua-t-elle. Vous avez finalement daigné vous déplacer ?
Guillaume ne releva pas, Marine était au courant de son efficacité, ce qui parfois la rendait légèrement hautaine. Il n’était que rarement à l’heure et elle adorait le lui rappeler.
— Où en êtes-vous ? répondit-il en désignant le cadavre du menton.
— Nous en avons terminé.
— Des infos à me donner ?
— Eh bien… elle hésita. Je préfère vous laisse regarder par vous-même, histoire de vous faire un premier avis.
Guillaume haussa les sourcils, mais comprit tout de suite le problème.
La victime, une femme agée d'une quarantaine d'années, gisait sur le dos. Ses longs cheveux blonds formaient une crinière rouge et or tout autour de sa tête. Ses yeux étaient fermés et son teint blafard, tandis que ses vêtements avaient virés au rouge sombre. Des centaines de petites plaies étaient ouvertes sur tout son corps, comme si tout ses vaisseaux sanguins avaient explosés, projetant du sang partout dans la pièce.
La vision était surréaliste, jamais Guillaume n’avait vu une telle chose. Était-ce dû à des médicaments ? Existait-il au moins une substance capable de faire exploser de l’intérieur toutes les veines d’un être humain ? Qui plus est, avec assez de puissance pour projeter du sang sur tous les murs ?
— Est-ce… commença Guillaume.
— Non, coupa Marine. Pas à ma connaissance en tout cas. Aucune trace de piqure en tout cas, on n’a rien trouvé qui sortait de l’ordinaire dans ses placards.
Tout ça commençait à devenir franchement étrange.
— Où est Alex ?
— Sûrement sur le balcon en train de s’en griller une au lieu de bosser, répondit la technicienne avec dédain.
— On m’a demandé ?
Tout en tentant maladroitement de ranger son paquet de clope, le lieutenant Alexandre Beaudell s’approcha rapidement. Comme d’habitude il était mal coiffé son uniforme était froissé, mais comme d’habitude Guillaume fit semblant de ne pas le remarquer.
— Un résumé rapide ? demanda le capitaine en se redressant péniblement.
Il avait de plus en plus mal aux dos ces derniers temps, ça aussi c’était inquiétant.
— Oui capitaine, répondit Alexandre en sortant son carnet. Aux alentours de 23h40 et à la suite d’un bruit ressemblant à une explosion, les voisins du bas et du haut ont appelés la police. Nous sommes arrivés vers 23h53 pour trouver la victime au milieu de son salon. Il s’agit de Madeline Purhl, professeure de physique à la Sorbonne.
— Des traces d’intrusions ? demanda Guillaume.
— Aucune, nous ne pouvons pas encore affirmer qu’elle était seule au moment de… euh de « l’accident ». Mais nous n’avons rien trouvé qui puissent prouver la présence d’une autre personne.
— Alors comment ?
— Comment… comment quoi ?
— Comment est-elle morte bon sang ? insista Guillaume avec une pointe d’agacement.
— Ah !
Alexandre eut soudain l’air embarrassé et chercha du soutien autour de lui, mais aucun des six autres policiers présents dans la pièce ne le regardèrent, ou plutôt tous préféraient s’intéresser à n’importe quoi d’autres.
— Eh bien… Pour tout vous avouer on en a aucune idée pour l’instant.
— Comment ça aucune idée ? soupira Guillaume. Une femme est retrouvée morte et il y a du sang partout, tu ne vas quand même pas me dire que…
— Il dit la vérité, intervint Marine. Pour une fois, ajouta-t-elle.
Guillaume la sentait de moins en moins cette affaire.
— Vous avez interrogé les voisins ? Est-ce quelqu’un lui en voulait ?
— Ses voisins parlent d’elle comme d’une personne aimable et attentionnée, on a essayé d’appeler sa famille mais pas de réponse à cette heure-ci.
Le capitaine soupira, rien n’avait de sens. Il fit signe à Alexandre de le laisser réfléchir quelques secondes et se mit à marcher autour de la victime. Ses veines détruites offraient un spectacle aussi captivant que répugnant. Le sang qui n’avait pas été bloqué par les vêtements partaient dans toutes les directions de manière égale, quoi que…
Dans une direction, celle du balcon, une mince partie de l’appartement avait été épargné. Si quelqu’un c’était tenue derrière la victime, en se tournant sur le côté, elle aurait alors reçu le sang destiné au mur. Guillaume commençait à envisager sérieusement la piste du meurtre, quand il remarqua quelque chose d’autres sur la victime. Comment personne n’avait pu remarquer une telle chose ?
— Alex, c’est quoi sur son cou ?
— Sur son cou ? répéta-t-il.
— Oui sur son cou idiot, depuis quand elle a ce tatouage ?
Une tête de loup et d’agneau, séparé par ce qui ressemblait à un ruisseau, était tatoué sur le cou de la professeure de langue. Cet impressionnant tatouage n’avait pas l’air à sa place, comme s’il n’avait pas dû se trouver là. Guillaume sentit le malaise s’accentuer en lui. Au même moment, il se rendit compte qu’une autre chose n’avait pas sa place dans l’appartement.
— Elle ne l’avait pas tout à l’heure, intervint Marine en se rapprochant. J’en suis persuadé !
Guillaume l’ignora et fit de nouveau un rapide tour de la pièce du regard. Sept policiers se trouvaient dans l’appartement avec lui, pourquoi en avait-il compté cinq en arrivant ? Alexandre était le seul à être entré dans la pièce depuis ce moment-là.
L’un d’entre eux, capuche sur la tête et visage baissé, s’approcha rapidement de la victime.
— Toi ! cria Guillaume en le pointant du doigt. Reste ou tu…
Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que l’intrus avait bondit en avant pour pousser Alexandre sur lui. Dans un même mouvement fluide et méticuleux, le faux policier sortit un objet semblable à un pansement de sa poche. Il appliqua sur le cou de la victime, avant de l’arracher d’un geste rapide.
Par réflexe, Guillaume se jeta sur lui, agrippant solidement sa veste, avant de sentir le sol se dérober sous ses pieds. Sans comprendre ce qu’il venait de se passer, il chuta un instant, avant d’heurter le sol de qui semblait être l’appartement du dessous. Avant qu’il puisse reprendre ses esprits, il entendit des cris de terreurs et vit le faux policier envoyer au sol un homme âgé, avant de s’enfuir par la porte.
— Ça va capitaine ? hurla Alex d’au-dessus.
— Ne le laissez pas s’enfuir !
Tout en criant, Guillaume s’était lancé à sa poursuite, il dévala les trois étages restants et vit impuissant deux policiers laisser le suspect sortir du bâtiment. Le capitaine surgit à sa suite, poussé par l’adrénaline et vit le faux-flic à une dizaine de mètres devant lui.
Préférant économiser son souffle plutôt que de crier pour rien, il se lança à pleine vitesse derrière lui. Les rues de Paris étaient quasiment vides à cette heure-ci dans le quartier et le trottoir lui rappela la piste d’athlétisme de la fac.
Il n’avait jamais été le plus endurant ou le plus rapide, même dans sa prime jeunesse et elle était loin derrière lui. Mais il était hors de question qu’il laisse son suspect s'enfuir.
Alors que la distance se réduisait, le suspect tourna au coin de la rue avant de se précipiter sur une intersection.
— Atten… voulu hurler Guillaume.
Une voiture, une Citroën C4, arriva à toute vitesse sur la gauche du faux policier. Pendant une fraction de seconde, le capitaine imagine très clairement l’homme se faire propulser dans les airs sous le choc. Mais au moment où le véhicule rentra en contact avec la main gauche du fuyard, la carrosserie se mit à se déformer. C’était comme si la pression à l’intérieur était devenue trop forte. Comme un ballon de baudruche, la voiture explosa bruyamment.
Par réflexe Guillaume mit ses mains devant son visage, quelque chose le heurta dans le ventre, lui coupant le souffle et l’envoyant au sol.
Il reprit ses esprits lorsque la voix d’Alexandre lui parvint. Il s’assit douloureusement, pour se rendre compte que c’était le volant de la voiture qu’il avait pris en plein dans l’abdomen. Des morceaux de voitures étaient éparpillés un peu partout, et le siège de la voiture avec son conducteur était resté au milieu de la route.
— Bordel mais qu’est-ce qu’il s’est passé chef ? demanda Alexandre.
Guillaume ne répondit pas, il n’avait aucune réponse à donner de toute manière, il n’avait rien compris de ce qu’il avait vu.
En revanche, il avait très clairement observé quelque chose sur la main gauche du faux policier, un tatouage étrange, semblable à celui de la victime, une énorme grenouille avec des cornes de taureau.
Luke ne pouvait pas s’empêcher d’admirer, ou plutôt de grimacer, au vu du tatouage sur son torse dans le miroir. C’était vrai qu’il lui arrivait de faire des conneries quand il avait bu, c’était aussi vrai qu’il avait un peu abusé sur l’alcool hier soir avec ses potes, mais en aucun cas il ne se souvenait avoir terminé la soirée dans un salon de tatouage.
Surtout pour en faire un aussi bizarre.
— Maman va me tuer.
Le grand sourire de l’animal tatoué sur son torse semblait s’en réjouir d’avance.
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Défi
Antoine laissa échapper un long bâillement, signe qu’il était peut-être enfin temps d’éteindre son téléphone pour aller se coucher. Il mit l’écran de l’appareil en veille, et se retourna dans son lit pour atteindre l’interrupteur de sa lampe de chevet.
La lumière disparue et Antoine sursauta en apercevant deux points rouges l’observer dans le noir. Il tâtonna pour trouver l’interrupteur et ralluma rapidement.
Rien, en tout cas rien de spécial, juste le t shirt noir qu’il avait posé sur le dossier de sa chaise. Il soupira en secouant la tête, il avait vu des formes dans le noir. Il plia le t-shirt dans son placard tout de même, il avait toujours été un peu froussard.
Il allait se replonger dans l’obscurité quand il remarqua que la fenêtre était ouverte, il oubliait tout le temps de la fermer ces temps-ci.
L’adolescent se leva pour fermer le store, dehors les lampadaires étaient éteints et seule la lune éclairait faiblement les rues. Antoine remarqua que quelqu’un passait devant chez lui en marchant lentement.
C’était un drôle d’horaire pour une balade nocturne, mais Antoine ne chercha pas à en savoir plus. Il commença à baisser le store quand il réalisa qu’il y avait quelque chose d’étrange avec le promeneur. Sa démarche était trop fixe, ses bras ne se balançaient pas et ses jambes étaient à peine visible.
Antoine regarda plus attentivement, ce n’était pas qu’il ne pouvait pas voir ses jambes, c’est qu’il n’en avait pas.
Le promeneur était un t-shirt noir, qu’on pouvait à peine voir dans la nuit. Mais ce n’était pas n’importe quel t-shirt, c’était le sien.
Antoine sentit un frisson couler le long de son dos et se précipita vers son placard, son t-shirt était bien là, plié à la va vite comme il faisait toujours. Il retourna rapidement à la fenêtre, pour se retrouver face à la rue vide.
Il devait être fatigué, beaucoup trop fatigué, il termina de fermer son store et retourna se coucher.
Contre toute attente Antoine s’endormit rapidement et son sommeil fut relativement agréable. Jusqu’à ce qu’il sente une pression sur sa poitrine, comme si quelque chose l’empêchait de respirer. Le poids, plutôt léger au début, se fit de plus en plus important au fil du temps, lui coupant complètement le souffle. Antoine se débattit contre l’étrange poids sur sa poitrine, toujours dans le noir complet de sa chambre. Il balança la couette le plus loin possible et essaya d’attraper ce qui le gênait.
Quelque chose comprimait sa poitrine, il pensa tout de suite au t-shirt pourtant il s’était endormi torse nu. Il réussit à attraper le tissu par une de ses manches et se mit à tirer dessus de toute ses forces, cela le soulagea et il pu respirer, mais le tissu se resserra encore.
Antoine tira de toute ses forces, mordant à pleine dents dans le tissu qu’il parvenait à porter à sa bouche, dans l’espoir de le déchirer. Il commençait à suffoquer et à perdre espoir, quand il entendit un craquement. Les larmes aux yeux il tira et tira encore, avant de parvenir à arracher le t-shirt.
Il prit la plus grande respiration possible- et de dépêcha d’allumer.
Rien, encore une fois, rien. Aucune trace de ce qu’il venait de se passer.
Un peu honteux d’avoir manqué de s’étouffer dans ses draps, Antoine décida de se lever, il était bientôt l’heure de toute façon.
Il descendit en les escaliers et se rendit dans la cuisine, il décida de se boire un verre de lait pour se détendre.
L’adolescent entendit les marches grincer, sûrement son père. Ce fut bien lui qui rentra dans la cuisine, mais sa vue fit sursauter Antoine.
Il se leva de sa chaise d’un bond et se précipita dans sa chambre, il ouvrit son placard les doigts tremblants.
Rien, une fois de plus rien.
— Qu’est-ce qu’il se passe Antoine ? Un problème ?
L’adolescent avala lentement sa salive, puis se retourna prudemment.
Son père portait un t-shirt noir.
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—Vous êtes sûr que c’est ici ? demanda le chauffeur sous son épaisse moustache.
—Oui, enfin j’espère.
Léonard descendit tendit deux billets au conducteur et le remercia en descendant du taxi. Il l’avait déposé juste devant le portail qui menait à un immense manoir délabré, enfin portail, la grille de fer pendait lamentablement sur le côté, elle grinçait bousculée par le vent.
La voiture démarra avant de s’éloigner rapidement.
J’aimerais bien faire de même, songea Léonard.
Il resserra les lanières de son sac et sortit la lettre qu’il avait plié en quatre dans sa poche. Il voulait la lire encore un fois, foutue anxiété.
Monsieur,
Nous vous invitons à participer à la soirée de célébration du décès de votre arrière-grand-père, Monsieur Andross Regnivir.
L’adresse ainsi que la date vous est indiqué sur un document qui sera joint à cette lettre.
Votre présence est requise et nécessaire, nous devons répartir l’héritage de votre ancêtre, ainsi que ses dettes. Si par malheur vous ne pouvez pas être présent, la totalité des dettes vous incombera.
Nous nous réjouissons de vous rencontrer.
Katarina Estrel
Léonard avait d’abord cru à une mauvaise blague, depuis quand pouvait-on forcer quelqu’un à prendre les dettes d’un autre ?
Apparemment c’était possible, un de ses collègues à la banque l’avait appelé affoler pour lui montrer l’état de ses comptes. On le menaçait de prélever dix milliards sur ses comptes, rien que ça.
Trente-sept ans que son collègue travaillait dans le secteur bancaire et il n’avait jamais rien vu de tel.
Le pire dans cette histoire était que Léonard avait déjà un arrière-grand-père, et il ne s’appelait pas Andross machin chose Et le voilà maintenant bien loin de sa campagne du centre de la France, face au manoir le moins accueillant des Bouches-du-Rhône.
J’ai très envie d’en finir.
Il rangea machinalement la lettre avant de se mettre en route. Le vent froid qui s’infiltrait sous sa veste constituait une excellente motivation. Le jeune homme voulu tirer la grille pour passer, mais elle se détacha avant de tomber au sol dans un grand fracas.
Léonard pénétra à l’intérieur de la cour, une longue allée en gravier blanc le menait tout droit jusqu’à la vieille bâtisse. Autour de lui des jardins qui autrefois étaient sans doute magnifiques, finissaient d’être envahie par les mauvaises herbes. Personne n’était venu ici depuis un moment, c’était sûr.
Mais qu’est-ce que je fous là.
Il prit son téléphone et remarqua qu’il avait pourtant une bonne demi-heure de retard, ce serait-il trompé d’adresse ? Impossible.
Il gravit les quelques marches le séparant de la porte d’un bond, et appuya sur ce qui ressemblait à une vieille sonnette.
Rien, aucun bruit provenant de l’intérieur.
La plaisanterie commençait à sérieusement l’énerver.
Léonard toqua, deux coup lent, sept rapide puis trois lent, un rythme qui l’avait toujours détendu. Personne n’allait lui ouvrir de toute façon.
Contre toute attente la porte se mit à bouger, laissant apparaître un homme en smoking.
—Bienvenue monsieur, lança-t-il d’voix monocorde. Nous n’attendions plus que vous.
—Euh… oui désolé, bonjour ?
L’homme ne dit rien, se contentant de tenir la porte en le regardant sévèrement, une fine moustache sur son visage carré. Léonard rentra dans une sorte de sas froid et triste, tout comme le reste du bâtiment.
—Je verrouille la porte et je vous ouvre la prochaine, dit le majordome.
Il s’exécuta, et Léonard ne put s’empêcher de laisser échapper un « wow » de surprise.
Derrière l’autre porte se trouvait un immense hall d’entrée, dans lequel trois lustres projetaient leur éblouissante lumière partout. Le carrelage blanc était recouvert de tapis rouges qui menaient jusqu’au portes sur les côtés, et jusqu’au grand escalier au fond de la salle. Il flottait dans l’air une superbe odeur de bougie parfumée.
L’intérieur du manoir n’était en rien comparable à son aspect extérieur.
Léonard était si surpris qu’il n’avait pas remarqués tous les regards braqués sur lui. Plus d’une centaine de personnes le fixaient sans rien dire. La plupart d’entre eux étaient bien habillés, portant des costumes ou des robes devant sans doute couter un mois de son salaire. Son jean et son t-shirt sous sa veste faisaient bien pâle figure à côté.
Des hommes habillés comme des gardes du corps, vestes noires et lunettes,étaient postés un peu partout.
Il toussa par reflexe et les conversations reprirent comme si de rien n’était. Il cru reconnaître un des hommes à sa droite, le footballer star de Paris, Noel Noa.
Mais que quelqu’un me dise ce que je fous là par pitié.
Comme pour répondre à sa demande, une femme apparue en haut du grand escalier, vêtu d’un chemisier ainsi que d’une jupe cintrée. En étant habillé comme une femme d’affaire elle détonnait tout autant que lui.
Ses longs cheveux blonds tombaient en cascades sur ses épaules, et même à une telle distance Léonard vit ses yeux bleu briller sous une monture noire.
—Bonsoir à tous, dit-elle d’une voix forte. Je me présente, Katarina Estrel, je suis heureuse de voir que vous avez tous reçu ma lettre.
—Oui, et on aimerait tous savoir pourquoi vous nous avez menacés pour qu’on vienne en Italie dans ce trou paumé ! J’ai mieux à faire, et je ne suis pas le seul.
Léonard ne pu s’empêcher de sourire, le Noel Noa de la télé était le même que celui de la vraie vie vraisemblablement. Impatient et arrogant.
D’autres voix s’élevèrent et Katarina Estrel les fit taire d’un geste. Le majordome qui avait ouvert la porte à Léonard l’avait rejoint à présent.
—Vous aurez bientôt la réponse à toutes ses questions, mais d’abord veuillez bien me suivre.
D’autres plaintes s’élevèrent mais déjà Katarina montait les marches avec assurance. Obligé de s’y résoudre, les invités se lancèrent à sa suite.
Léonard allait se mettre en route lui aussi, quand une main se posa sur son épaule. Il sursauta et se retrouva face à face avec un blonds aux cheveux bouclés. Il devait être un peu plus jeune que lui, vingt cinq ou vingt six ans, et souriait comme fier de sa petite blague. Il portait une chemise blanche ainsi qu’un pantalon brun. Ses yeux bleus brillaient d’un éclat malicieux.
—Tu ne trouves pas que tout ça est bizarre toi ? demanda-t-il directement.
—Euh… oui un peu, pas toi ?
—Un peu ? ironisa l’inconnu. Dis-moi il était ou ton manoir toi ?
—Mon manoir ? Comme tous les autres à côté de Marseille ?
—Marseille tu dis ?
Le jeune homme se prit le menton comme pour réfléchir tout en se mettant à marcher.
—Quoi ? C’est quoi le problème avec Marseille ? s’impatienta Léonard.
C’est quoi son problème à celui-là.
Le blond leva les épaules.
—Tu n’as pas entendu Noel Noa ? Il a pourtant clairement parlé de l’Italie.
—Attends…
Je n’ai pas fait attention.
—Moi le mien était en Allemagne, pas loin de Berlin.
—Ça n’a aucun sens, toi aussi tu es là pour ton arrière-grand-père ?
—Bien sûr, mais mon vrai grand papy est bien vivant lui, et ne s’appelle pas Auguste.
—Tu comprends ce qu’il se passe toi ?
L’inconnu haussa les épaules une seconde fois, avant de se diriger vers l’escalier.
Léonard mit quelques secondes avant de le suivre, il ne comprenait plus rien.
Guidés par Katarina, enfin par le groupe qui la suivait, Léonard arriva dans une salle encore plus grande que la précédente. Cette fois pas de grands lustres, des torches étaient bougies étaient accrochés aux murs et disposés sur des sortes de pupitres éparpillés de manières circulaires dans la pièce. Il faisait quand même assez sombre et Léonard ne pouvait même pas voir le plafond.
Katarina, la majordome ainsi qu’une autre femme habillée comme une servante avec une longue robe, se tenaient en plein milieu de la salle.
—Prenez chacun place derrière un autel, demanda-t-elle. Il y en a cent trente-six, un chacun pour chacun d’entre vous.
—Non, tonna un barbu. Expliquez-nous ce qu’on fait là d’abord !
—Dès que vous serez en position cela sera fait.
—Hors de…
—Assez ! ordonna Katarina. Nous avons assez perdu de temps.
L’homme resta interdit, comme s’il venait de se faire gifler. Personne d’autre n’osa dire quoi que ce soit et tous prirent place. Léonard se retrouva entre une femme le dépassant de deux têtes et un homme qui lui faisait fortement penser au ministre de la Justice.
—Vous avez tous été réunis ici car Andross Reignivir a vu en vous de grandes possibilités, vous avez tous assez de potentiel pour qu’aujourd’hui il vous considère comme un de ses petits-enfants.
—Mais qu’est-ce qu’elle raconte cette cinglée, grommela un homme derrière Léonard.
—Malheureusement notre maître n’a pas la possibilité d’accorder à chacun d’entre vous le temps nécessaire.
Quoi ? Il n’est plus mort maintenant ?
—Alors il nous a chargé de sélectionner les meilleurs d’entre vous. Au travers d’un jeu qui fera ressortir toutes vos meilleures qualités, et éprouvera tous vos pires défauts. Il ne sera pas sans danger vous vous en doutez bien.
Des murmures d’incompréhension passèrent entre les rangs, l’histoire que la femme racontait était sans queue ni tête.
—Vous n’êtes forcés à rien, si vous décidez de partir maintenant votre dette sera effacé immédiatement. Comme si rien ne s’était passé.
Katarina Estrel leva le bras et les autels s’illuminèrent tous, révélant une plaque de métal sur laquelle une main était dessinée.
—Pour tous les autres, sachez que la récompense est plus grande que tous ce que vous avez pu désirer au cours de votre vie. Il ne s’agit pas de d’argent ou d’influence, celui ou celle qui parviendra à devenir le petit fils idéal pour Andross Reignivir obtiendra bien plus que tout cela. Cette personne s’élèvera au-dessus de tous les autres humains de ce monde. Cet individu exceptionnel obtiendra un pouvoir dépassant l’entendement.
A-t-elle perdu l’esprit ?
Léonard regarda autour de lui et fut choqué de voir que tous étaient comme subjugué par le discours de Katarina Estrel. Ils étaient comme aspirés par les promesses de son cours pourtant sans aucun sens.
—Que tous ceux qui veulent participer pose leur main sur l’autel devant eux, que les autres s’en éloignent.
Toutes les mains autour de lui se posèrent en un instant. La lumière des pupitres redoubla d’intensité et la pièce entière fut illuminé. Des volutes de fumées sortirent du sol avant de tourbillonner pour se rassembler au milieu de la pièce.
Bientôt une immense sphère commença à se former, puis des traits plus humains se dessinèrent peu à peu.
Léonard plissa les yeux.
Non les traits n’avaient rien d’humains.
Un rire sinistre retentit dans la salle, glaçant le sang du jeune homme.
Le visage d’un démon flottait au milieu de l’immense pièce, le regardant droit dans les yeux. Ses orbites étaient dévorées par des vers et sa peau semblait pourrir aussi rapidement qu’elle se régénérait.
—Je le répète une dernière fois, cria Katarina Estrel pour couvrir le vacarme. Retirez votre main si vous ne vous sentez pas prêt, laissez là si vous êtes prêt à mettre votre vie en jeu pour obtenir la puissance d’un dieu.
Léonard se rendit compte que sa main était posée sur l’autel, ses doigts rentraient parfaitement dans la forme gravée sur la plaque de fer.
Il ne l’avait pourtant pas posé.
Putain !
Il essaya de retirer sa main mais c’était impossible. Léonard avait beau mettre toute sa force sa paume restait collé à l’autel.
La tête de démon devenait plus grosse chaque seconde qui passait, son regard parfaitement fixé sur le jeune homme.
—Ta décision est prise, élu ?
Ce n’était pas Katarina qui avait parlé, le démon s’était directement adressé à lui, son énorme gueule à moitié arraché se déplaçait lentement.
—Non ! hurla Léonard en forçant encore davantage.
—Je vais te donner un premier avant-goût de la puissance que tu recherches, continua le démon, sa voix semblait provenir de partout à la fois. Prends cette fraction de pouvoir et façonne-la comme tu le souhaite, sois prudent et choisis bien. Cependant rappel toi, la puissance ne vient pas sans contrainte, à toi de faire les bons choix.
—Ferme là !
Léonard sentit quelque chose lui percer la main et du sang s’écoula de l’autel. Il sentit ses jambes faiblir et manqua de tomber. Toute son énergie était comme aspirée.
Il leva les yeux pour voir la gueule du démon se refermer sur lui, le plongeant dans le noir.
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