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MaryLor

MaryLor
Kitouba porte sur sa tête un panier d'osier avec des beignets à la banane qu'elle va vendre sur le marché.
Elle a treize ans environ et vit à Ouidah, près de l'océan, non loin du royaume d'Abomey, avec sa mère, ses deux sœurs et trois frères.
Elle est l'aînée le la fratrie.
Ils vivent dans une case en terre battue au toit de chaume.
Non loin de leur habitation, il y a la case de la seconde épouse de son père qui a deux fils et une fille et enfin la case de leur père. C'est dans la cour intérieure qu'elle a confectionné ses beignets, dans le coin où se trouve le feu et où les femmes préparent les repas.
Kitouba est assez grande, élancée et a le visage fin comme sa mère, à la différence des habitants de Ouidah.
Sa mère lui a expliqué qu'elle avait grandi dans l'arrière pays, plus au nord que le royaume d'Abomey.
Ses parents étaient des nomades peuls.
 Un jour,le père de Kitouba a décidé d’aller chasser les grands gibiers.Ses parents se sont rencontrés et le père de Kitouba a tout de suite désiré cette femme et a effectué sa demande auprès des parents. Il avait déjà une bonne situation à Ouidah dans le commerce.
Les grands-parents maternels de Kitouba étaient pauvres mais peu importait au père de Kitouba pour qui la beauté et la finesse de son épouse étaient une richesse en soi.
Et il est vrai que même avec six enfants, Kitouba trouve que sa mère est la plus belle femme des environs.
La deuxième épouse de son père avec trois enfants et malgré son jeune âge a perdu de sa fraîcheur.
Kitouba l'aime beaucoup même si parfois des querelles éclatent entre les femmes.
Le foyer est prospère et Kitouba est heureuse !

Elle a eu ses menstrues il y a deux mois maintenant. Le regard des hommes a changé. Elle n'est plus une petite fille. Sa mère a informé son père de ce changement. Celui-ci a demandé à Kitouba de venir à lui. Il lui a parlé de sa vie de femme à venir. Il lui a dit qu'il trouverait un bon époux pour sa première fille qu'il aime tendrement et qu'il lui a réservé une belle dot. Il promet une fête magnifique pour son mariage.
Kitouba ne sait pas trop quoi penser. Elle a demandé à son père de prendre son temps.
Elle n'a pas osé lui parler de ce jeune pêcheur qu'elle regarde depuis maintenant six mois chaque matin quand elle se rend au marché.
Il est jeune, très grand et musclé. Il fait preuve d'une grande agilité quand il monte sur la pirogue et pagaie au delà des vagues, puis lance ses filets dans l'océan.
Mais comment son père pourrait-il accepter pour sa fille un jeune pêcheur comme mari ?
Ce matin, elle a vu son père soucieux avant de partir. Elle ne lui a posé aucune question.
Au marché, elle a tendu l'oreille et a cru comprendre l'inquiétude qui assombrit le regard de son père.
Les femmes et les hommes autour d'elle parlent du roi du Dan Homé, Agaya, qui prépare, disent-ils, son armée à attaquer et à piller à nouveau.
La cité de Ouidah a été épargnée jusque là. Les habitants évoquent souvent la violence des invasions de ce roi. Son armée pille les villages envahis mettant ensuite le feu aux habitations, capturant hommes et femmes valides, tuant enfants et anciens, violant les femmes. Il réduit ensuite en esclavage les hommes et les femmes et les échange ensuite avec les yovos, ces blancs que Kitouba a déjà vus à Ouidah.
Ils arrivent dans de grands navires et prennent de la nourriture en échange d'objets étranges où l'on peut se regarder ou des tissus qu'elle n'avait jamais vus à Ouidah.
Le roi Agaya connaît ces blancs. Il échange ses prisonniers contre des armes de feu, disent les habitants.
Toutes ces informations se mélangent dans sa tête. Elle a mal au ventre. Elle décide de rendre visite à l'azougbéto, guérisseur, qui se trouve sur le marché pour lui acheter une décoction à base de plantes inconnues. Elle sait que ce remède lui fera du bien. Elle est aussi tentée de demander à cet homme où trouver le bokonon, celui qui sait lire le destin en appelant la divinité Fa.
Depuis plusieurs nuits, Kitouba est inquiète et sent que sa vie va être profondément transformée.
Elle en a parlé à la deuxième épouse de son père qui a rigolé. Mais Kitouba a bien senti qu'elle aussi était inquiète.
Le guérisseur donne à Kitouba des plantes à laisser infuser. Il lui demande des beignets en échange. Elle lui demande où elle peut trouver le bokonon. Il lui conseille d'aller voir celui qui vit de l'autre côté du marché et l'encourage dans sa démarche. Kitouba sait que ce sont les mères qui accompagnent leur fille d'habitude.
Elle va puiser au fond d'elle la force et traverse le marché d'un pas assuré. Elle pénètre dans une case sombre et annonce sa venue d'une voix tremblante. Elle regrette déjà sa demarche… mais il est trop tard pour faire marche arrière. Le bokonon est là devant elle. Son regard est perçant et troublant. L'obscurité  l'entoure ainsi que divers objets qui jonchent le sol : des pattes de poulets, des queues de rats, des crânes d'animaux… une calebasse remplie de sang se trouvent près de lui ainsi qu'une pierre représentant Fa, la divinité du destin.
Enfin, le bokonon a devant lui deux cordelettes avec huit cauries, sorte de coquillages. C'est avec ces deux cordelettes qu'il peut lire l'oracle.
"Que viens-tu chercher ?", demande le bokonon.
"J'aimerais connaître mon avenir…", répond timidement Kitouba.
Le bokonon lui fait signe de s'asseoir en face de lui et prononce des phrases incompréhensibles. Il jette sur la pierre un peu de "djassi", onguent jaune à base de farine de maïs et d'herbe et asperge ensuite le tout de sang.
Puis il lance les cordelettes au sol. Le bokonon, réfléchit un instant en regardant la disposition des cauries sur le sol.
"Tu es promise à un destin difficile mais tu sauras garder la force de tes croyances. Crois-tu à Mami Wata, déesse de l'océan qui fait la richesse et la puissance de ses adeptes ?"
Kitouba ne répond pas car elle a peur soudain. Elle remercie le bokonon et lui demande ce qu'il désire en échange de l'oracle.
"Rien, Kitouba, je connais ta famille et je pense que tu auras un rôle important à jouer pour les générations à venir."
Kitouba n'insiste pas et quitte précipitemment la case si sombre.
Elle est un peu déçue car elle espérait que le bokonon lui parlerait de celui qu'elle aime en secret.

Kitouba rentre chez elle.
Quand elle entre dans la cour, elle remarque que plusieurs sages du village se trouvent sous l'apatam aux côtés de son père. Ils se taisent en la voyant. Elle entre vite dans la case de sa mère et tend l'oreille. Elle possède une ouie très fine.
La discussion entre les hommes a repris de plus belle. Il est question d'une attaque imminente du roi Agaya.
Les hommes disent que malgré les prières et les offrandes faites par la grande prêtresse du temple à Mami Wata, la cruauté des hommes va s'exercer quand même.
Kitouba se met à pleurer. Puis, elle repense à ce que le bokonon lui a dit. Elle décide de se rendre au temple de Mami Wata et emmène un poulet avec elle.
Arrivée devant la statue de Mami Wata, elle tue le poulet en priant pour l'avenir de sa famille et en lui demandant la protection des siens.
La grande prêtresse entre à ce moment là. Elle n'est pas dans son état habituel. Elle est "habitée" par Mami Wata,déesse de la mer, joyeuse et très extravertie. Kitouba salue la prêtresse en transe, qui rie, et quitte les lieux avant que celle-ci puisse dire quoi que ce soit.

En partant du temple, Kitouba remarque que Ouidah est désertée. Personne ne se trouve dans les rues de la cité. Elle prend peur et décide de rentrer chez elle par un sentier connu d'elle seule.
Elle finit par arriver derrière la case familiale. Elle écoute. Pas un bruit dans la cour. Elle franchit le mur et se glisse jusqu'à la case de sa mère. Celle-ci semble soulagée en la voyant mais lui demande en colère où elle était :
"Kitouba, nous t'avons cherchée partout. Les soldats d'Agaya ne sont pas loin d'après les messagers envoyés par le chef du village."
Kitouba ne répond pas. Elle a peur.
Ses frères et sœurs se sont endormis les uns contre les autres. Kitouba et sa mère ne trouvent pas le sommeil. Elles sont aux aguets.

C'est à peu près vers minuit que Kitouba perçoit une clameur et des cris assez proches. Elle réveille sa mère endormie.
Son père apparaît à l'entrée de la case. Il demande à Kitouba et à sa mère de réveiller les enfants et de les habiller.

Mais il est trop tard. Les amazones du roi Agaya ont mis le feu à beaucoup de cases et rassemblent les femmes, les enfants et les hommes sur la place du marché. Kitouba comprend que les défenseurs de Ouidah ont perdu et que les prières à Mami Wata sont restées vaines face à la puissante armée du roi Agaya.
Le roi du Dan Homé cherche à contrôler Ouidah pour faciliter les échanges avec les blancs.

L'aube se lève doucement. Kitouba se trouve pieds et poings liés avec d'autres jeunes femmes, presque nues.
Elle voit l'océan tout proche. Les soldats du roi Agaya discutent avec des yovos, ces blancs qu'elle craint tant. Kitouba aperçoit un navire au large et plusieurs barques sur la plage.

Des yovos s'approchent du groupe des jeunes femmes où se trouve Kitouba. Ils ont des fouets et des "bâtons de feu". Les soldats du roi Agaya sont avec les yovos. Ils regardent les jeunes femmes et leur font signe de se lever.
Un long marchandage commence. Les yovos passent devant chaque jeune femme et les observent sans ménagement.
C'est au tour de Kitouba, qui baisse les yeux tant elle sent la haine la saisir.
Le yovo qui la regarde semble satisfait et pousse Kitouba vers un groupe de jeunes femmes. Elle reconnaît des amies. Elle cherche du regard des membres de sa famille mais ne voit personne. Des larmes coulent le long de son visage.
Les yovos crient après le groupe de jeunes femmes. Elles se lèvent et le cortège se met en route.
Les yovos les obligent à tourner sept fois autour d'un palmier puis trois fois autour d'un autre arbre. Un soldat du roi Agaya traduit ce que le yovo blanc leur dit :
"Le premier arbre est l'arbre de l'oubli et le deuxième celui du retour."
Kitouba n'en peut plus. Des jeunes femmes se sont effondrées près d'elle. Les yovos les ont relevées et remises de force dans le cortège.
Kitouba remarque une longue ligne d'hommes qui, à leur tour, font neuf fois le tour de l'arbre de l'oubli et trois fois le tour de l'arbre du retour. Le jeune pêcheur fait partie du sinistre cortège. Kitouba et lui échangent un regard qui apaise un peu la jeune fille.
Les yovos forcent les femmes et les hommes à monter dans les barques qui quittent une à une la plage de Ouidah.

Kitouba se trouve à présent dans l'obscurité, dans la soute du navire, les pieds et les mains toujours liés. Elle a faim, elle a soif et elle a peur. Elle repense aux paroles prononcées par le bokonon :
"Tu es promise à un destin difficile mais tu sauras garder la force de tes croyances. Crois-tu à Mami Wata, déesse de l'océan, qui fait la richesse et la puissance de ses adeptes ?"
Kitouba comprend alors le sens de cet oracle. Elle décide de vivre et de croire à Mami Wata. Elle se met à chanter doucement : "min, do xon do ba wé, ghé jen kan nan vo." Cela signifie « Si vous voulez pénétrer les mystères du vaudou, il vous faudra attendre jusqu’à la fin des temps. »
Ses voisines entendent son chant et se mettent à chanter aussi, bientôt rejointes par les hommes. Des yovos descendent dans la soute et crient mais le chant s'intensifie malgré les coups de fouet.

Voilà mes enfants l'histoire que m'a souvent racontée ma grand-mère devenue prêtresse de Mami Wata, en secret de ses maîtres : elle la tenait de grand-mère Kitouba.
Alphonsine est une haïtienne âgée de quatre-vingts ans.  Elle raconte l'histoire de sa grand-mère à ses petits enfants. Elle se tourne vers la statue de Mami Wata que beaucoup d'haïtiens viennent prier le soir. Elle connaît les chants et les rituels transmis par sa grand-mère et les transmettra à sa petite fille de vingt ans qui la regarde si attentivement. Elle a le même regard que Kitouba.



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MaryLor

Tu es mon petit frère
Celui que j'ai pris dans mes bras
Et que j'ai bercé
A qui j'ai chanté des berceuses
Et raconté des histoires
Imité le loup dans le noir
Pour te faire peur
Et puis rallumer en riant
Pour enfin te rassurer
Tu es un homme à présent
Et un père et quel père
J'adore quand tu prends
Sur tes genoux ton fils et ta fille
Et qu'ils rient aux éclats
Je trouve très touchant
Quand tu leur montres la nature
Et les animaux et le jardin
Et qu'ils te suivent avec leur petit panier
Je trouve que tu es un père formidable
Qui sait les préserver et leur raconter
Les histoires qui les feront rêver
Aie confiance en l'avenir
Tout ce que tu leur as donné
Jamais ils ne le perdront
Jamais ils ne l'oublieront
Et bats toi pour eux
Ils te le rendront
Ils t'aiment et seront là
Pour toi comme tu seras là
Pour eux
Je reste cette grande soeur
Qui te serre contre son coeur
Toi et tes petits bouts
Je vous aime beaucoup
Et mes deux loulous
Se joignent à moi
Pour vous faire
De gros bisous











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MaryLor

On me dit de me taire
Lorsque je n'avais plus le goût d'écrire
Quand l'espoir de changer enfin
M'avait quitté brusquement
Et bien mes larmes devant vous
Ce dimanche d'octobre
Me seront salutaires et
M'ont lavé de toute cette souffrance
Tue si longtemps
Parler pour ne rien dire
Parler pour ne pas écouter
Voilà ce qui nous est arrivé
Ecrire c'est effectivement
Inscrire les mots à jamais
Alors voilà
Un soir il est entré
Dans cette chambre
Je n'étais pas chez moi
Ce qui a tué mon innocence
C'est ce regard d'un adulte perdu
Quelles étaient ses intentions?
Je ne le saurai jamais
Car quelqu'un est entré
Et a lui a dit de me laisser...
Pardonner les propos déplacés
Il le faut c'est du passé
Et la mort l'a emporté
Ce qui me reste c'est ce désir ardent
D'inscrire enfin des mots
Sur tous ces maux de mon enfance
Une enfance sublimée
Des réalités occultées
Et me voilà adulte et mère
Maman d'une fille au seuil de son adolescence
Et que ma blessure a touché que je le veuille ou non
Cette blessure nous nous la transmettons
De génération en génération
Au sein de ma famille par les femmes
A moi de rompre cette chaine
Je n'ai pas été victime à proprement parler
La blessure est tout de même restée
Ainsi que l'angoisse et la perte de confiance
De cette blessure indicible
Des non-dits et des secrets transmis
Il me reste la foi en l'avenir
L'amour de mes enfants
Et enfin toi mon homme
Auprès de qui je vis
Qui a toujours été là
Tout prêt de moi
Qui suis fière
Qui revendique ma liberté
Parce que c'est vital
Et écrire enfin
Pour dire simplement
Qu'il est important
De protéger les enfants
Afin qu'ils deviennent un jour épanouis et heureux
De transmettre la vie à leur tour
Une blessure cela peut se refermer
Il suffit de pardonner
On m'a dit de me taire
Merci car cela m'a permis d'écrire enfin
Je vais pouvoir quitter cette prison
Où le mensonge et l'hypocrisie
Et la peur m'ont tenu si longtemps
Prisonnière de vos silences
Je me libère donc de ces chaînes
Qui ne sont pas les miennes
Je vais prendre enfin un chemin
Qui sera le mien
Je vais suivre ma voie
En donnant de la voix
En chantant en dansant en riant
Je penserai à l'avenir
En vivant pleinement le présent
Je choisirai les miens
Parmi ceux qui m'entourent
Le plus important à ce jour
Est de prendre enfin soin de moi
Et de vivre avec mes enfants
Et mon homme
En harmonie avec eux
Et surtout en croyant en moi
En tout premier lieu
Et en un avenir plein de promesses




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Défi
MaryLor

MaryLor




Un bonheur sans fin


Une feuille blanche, c'est toujours un bonheur à venir.
Celui de pouvoir coucher sur le papier les mots qui vont surgir.
Celui de sentir le stylo que l'on aime tant glisser entre nos doigts,
suivre le chemin du stylo et regarder la trace laissée sur la feuille.
Petit à petit, l'émotion nous gagne, la feuille n'est plus blanche.
Cela revient à combler un vide.
C'est comme recommencer à respirer, retrouver son chemin quand on était un peu perdu...
Ecrire, c'est une joie sans cesse renouvelée, de l'instant présent vécu intensément.
Et puis, l'on se dit que peut-être, un jour, quelqu'un nous lira, et aimera...
C'est donc un temps pour soi qui deviendra un temps ouvert aux autres.
C'est une façon de partager ses pensées et ses souhaits les plus chers.
Ecrire sur une feuille blanche, c'est la promesse de l'amour vécu et à venir,
c'est aussi exprimer un amour passé et une sorte de rêve éveillé pour le revivre.
Vivre sa passion est le rêve de chacun, le graal des écrivains.
Prendre conscience du temps qui passe, des minutes qui s'écoulent, c'est un bonheur de l'instant à vivre intensément.
Quand mon stylo inscrit les mots sur le papier, un sentiment de plénitude m'envahit.
Je me sens vivre, j'ai le sentiment que je respire.
C'est un oxygène, un bonheur sans fin, sans limites...
Mon rêve serait d'écrire jusqu'au bout de la nuit, pour affronter enfin les cauchemars qui me hantent.
Ce rêve éveillé me permettrait de voir le jour se lever enfin et éteindre à jamais les démons du passé...




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MaryLor

On dit parfois que l'amitié
Est si rare que seul le coeur
Peut lui servir d'écrin
Je suis une personne
A la recherche de l'amitié
La vraie celle qui dure
Celle ou la confiance
En l'autre est pleine
Et entière et solide
Ou en un coup de fil
On peut tout se dire
En quelques mots
Ou les silences en disent
Parfois plus que les actes
Ou tenir seulement une main
Ou un sourire peut ressourcer
Une parole peut consoler
Et les fous rire et les joies
Sont aussi des moments
A partager en duo ou en trio
Je suis une amie fidèle
Mais parfois intransigeante
On m'a souvent reproché
D'être entière et de ne pas 
Toujours savoir faire la part
Des choses de la vie
De me laisser aller soit
A trop d'enthousiasme
Soit trop de tristesse
Je manque de confiance
Ce n'est pas ma faute
Mais je sais être loyal
Honnête et droite
Et cela vaut de l'or
L'amitié est un bijou
Qui brille et scintille
Dans le coeur de ceux
Qui y croient

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MaryLor

Voilà une nouvelle année
Dont nous allons faire défiler les pages
Jour après jour
Avec ses joies et ses peines
Avec ses nouvelles rencontres et ses échecs
Avec son amertume et sa folie
Ce petit grain de folie 
Qui aide à affronter le quotidien
Quand celui-ci devient trop lourd
Quand vivre n'est pas une partie de plaisir
Quand regarder ceux que l'on aime
Est parfois le miroir de se que l'on n'aime plus chez soi
Alors il reste le rêve d'une autre vie
Celle de devenir un écrivain
Celui de voyager au lointain
De découvrir de nouvelles contrées
Et de rencontrer de nouvelles personnes
Car là se trouve le secret du bonheur
C'est de se laisser aller
Et de vivre au jour le jour
De déguster chaque instant
Comme s'il allait être le dernier
En vieillissant on se rend compte
De l'importance de l'instant
De la joie de vivre au présent
De rester entier
Et de ne pas calculer
Je tente de vivre cette philosophie
Et ce sera ma résolution
Pour cette nouvelle année
Pleine de projets 
Et de rêves restant à réaliser
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MaryLor

L'enfant venu d'ailleurs
Pose ses yeux rêveurs
Sur ces deux regards
Dont l'intensité est si rare


L'enfant de Russie
Observe et sourit
A ces deux coeurs
Si proches des pleurs


Mais ces larmes ne sont plus amers
Elles enflent telle la mer
Laissant naître une vague de bonheur
Face à cet enfant venu d'ailleurs
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MaryLor

Il a bientôt quarante
Un chiffre qui fait peur
Surtout quand on se retrouve seul
Avec son fils auprès de soi
Quand l'amour s'en va
C'est la vie qui perd sa saveur
Quand le bonheur nous quitte
C'est un peu de notre enfance
Qui part en même temps
Après la pluie le beau temps
Mon frère regarde autour de toi
Il reste la nature et le soleil
Et toutes les étoiles dans le ciel
Et la lune qui veille sur toi et ton enfant
Tout est là à sa place
Comme quand nous étions enfants
Et que l'on regardait les nuages
En se racontant nos histoires
Aujourd'hui je veux te dire
Que l'amour n'est pas parti
Que comme le petit prince
Tu peux le reconquérir
Il est autour de toi
Regarde nous on est là
Tout près de toi
On est pas parti
On est toujours là
Je tente de ne pas être trop présente
Mais n'oublie pas que on t'aime
Mon frangin mon compagnon d'enfance
Pas toujours évidente la frangine
Mais je ne te laisse pas tomber
Je veux te dire simplement
Ouvre les yeux sur ceux qui t'aiment
Ne crois pas que tu es seul
Tu ne le seras jamais
Car on est là
Et on ne te lâche pas
Même si la pudeur nous empêche
De te le dire sans cesse
Quarante années bientôt
Cela se fête et on sera là
Et puis regarde autour de toi
L'amour reviendra
Et le bonheur sera de nouveau là
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MaryLor

Tu n'es plus là
Avec ton humour
Bien à toi
Avec ton envie de
Dévorer la vie
Qui ne t'avait pas
Fait que des cadeaux
Cette vie t'a quitté
Il y a trois ans et demi
Tu n'es plus là
Et tu nous manques
Tu as fait du bien
Avec tes enfants et
Tes petits-enfants
Ils étaient ta raison
De vivre et de continuer
Tu avais décidé de ne pas
Regarder le temps qui passe
Tu ne voulais pas te raisonner
Et bon vivant tu es resté
Quoi qu'en disent les autres
Tu es resté fidèle à ce que tu étais
Et tu y as laissé ta peau
Tu disais que tu t'en foutais
Mais en fait c'était ta fierté
Il ne fallait pas que cela se voit
Que tu étais blessé
Par une enfance trop stigmatisé
Et par tous ces secrets
Qui t'ont tant etouffé
Mais la vie a été plus forte
Et cette rage au ventre
Que tu as toujours eu
Tu m'as fait peur parfois
Blessée souvent
Eu des propos déplacés
Mais je crois que je t'ai
Enfin pardonné
Le temps fait son oeuvre
Et ce qui reste c'est
Le meilleur si on veut
Bien ouvrir son coeur
Ce matin je décide de
Te garder là au chaud
Dans ma mémoire intacte
Mais je te demande pardon
A mon tour
Pour avoir douté de toi
Car tu n'étais pas le mal
Tu t'en es voulu je sais
J'ai compris à présent
C'est ton passé
Qui te rendait prisonnier
Et si rancunier

Tu peux rejoindre les étoiles
En paix avec les tiens
Et avec moi
Tu brilleras pour toujours
Dans nos coeurs
Et tu seras toujours là
Même si tu n'es plus là
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MaryLor

Nous avons pu apercevoir cette nuit
Une super lune
A travers les nuages
Je l'ai vue ronde et scintillante
Brillante et lumineuse
Elle m'a rendu la joie
Et la paix que j'avais perdues
Elle était si belle si pleine
Elle est la mère du ciel
Qui nous éclaire et
Nous montre le chemin
Combien de marins ont
Retrouvé leur route
En la suivant
Combien de petits poucets
Ont retrouvé leurs parents
En la regardant
Et moi cette nuit
Je l'ai vue et observée
Elle était apaisante
Elle illumine nos nuits
Veille sur notre sommeil
Et nous permet de rêver
A un monde plus beau
A une vie moins triste
Elle allège nos peurs
Nous console de nos peines
Elle est notre mère céleste
Et elle côtoie les étoiles
Qui sont autant de promesses
Dans le firmament
De petites lumières
Qui s'allument dans nos coeurs
Elle veille sur les êtres chers
Qui l'ont rejoint là haut
Et le chant des anges
Qui veille sur nous
Nous ravit dans notre sommeil
Et nos rêves nous transportent
Dans un monde enchanté
Plein de rires et de joies
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MaryLor

MaryLor





JEANNE ET ROSE
OU FRAGMENTS DE SOUVENIRS D'UNE PETITE FILLE





« C'est probablement cela le début de la sérénité, s'accorder de nouveau avec son enfance pour éprouver avec plus de justesse et de sincérité ce qu'il reste à vivre. »
Roseline CARDINAL



à Camille et Vincent





PREAMBULE

Je suis heureuse d'avoir écrit ces quelques pages car elles sont un moyen de dire adieu au passé, sans pour autant le renier. Il y a des jours comme cela où l'on reprend confiance en soi, en son avenir.

Ma fille m'a parfois dit qu'elle avait peur que je meure. Je la rassure comme je peux. Pas évident d'écouter et de répondre à son enfant quand soi-même on a peur de la mort et que l'on n'accepte pas la perte d'êtres chers.

Je sors d'une tranche de vie où la naissance de nos enfants a côtoyé la mort de mes deux grand-mères: joies et peines se sont mêlées et même emmêlées...

Je veux tourner la page et ces quelques lignes pourront m'aider, j'en suis intimement persuadée.




JEANNE ET ROSE

Jeanne et Rose ont plusieurs points communs: elles ont été toutes les deux des paysannes, nées en Bresse, dans les années vingt.

Enfin, elles sont également mes grand-mères.

Elles nous ont quittés comme l'on dit si pudiquement pour éviter de parler de la mort.

J'ai mis le temps à faire mon deuil: autre formule consacrée en la matière.

Je me suis rendue compte qu'elles me manquaient et que je ne leur avais jamais vraiment dit mon affection.

Ce sentiment de culpabilité est le plus difficile à accepter et à effacer.

Alors, pour me faire pardonner, j'ai décidé de leur écrire cette lettre posthume pour les ramener à la vie à ma manière.

Car je crois au plus profond de moi qu'on ne meurt pas tant qu'on reste dans le coeur de ceux qui nous aimés.





PARFUMS  D'ENFANCE

Mon enfance a été heureuse et Jeanne et Rose y ont contribué chacune à leur manière.

Rose m'adorait: j'étais sa seule petite-fille, car elle devait deux fils et deux autres petits-enfants.

Jeanne, j'ai été sa première petite-fille, sachant que maman était sa fille aînée.

On dit souvent que les plats familiaux et les recettes se transmettent.  Il est vrai que j'ai des souvenirs très précis des repas dominicaux.

Rose avait comme spécialité la langue de boeuf à la sauce piquante accompagnée  de petits croûtons
à l'ail dont elle avait le secret.

Jeanne, de son côté,  préparait souvent une carpe farcie: je n'ai jamais retrouvé cette saveur.

Rose savait préparer la mousse au chocolat à merveille car elle savait que c'était le dessert préféré de papa.

Enfin, Jeanne préparait ce qu'elle appelait le gâteau mousseline en disant que c'était très simple. Mais je n'ai jamais réussi à le faire comme elle. Elle le cuisait dans son poêle à bois et je crois que là est son secret.

Rose et Jeanne étaient de bonnes cuisinières mais aussi des fées du jardin. Rose avait de très beaux hortensias dont les teintes variaient du rose clair au bleu soutenu.

Jeanne possédait des géraniums superbes, des roses magnifiques ainsi que des pivoines au parfum envoûtant. Enfin, les légumes de leur potager étaient succulents. Jeanne aimait les haricots beurre qui se mariaient à merveille avec ses grosses tomates qui cuisaient sur le poêle à bois avec de la crème.

Rose, quant à elle, aimait la salade et en jardinait de toute sorte: de la frisée, de la scarole, de la laitue... Elle y ajoutait des pommes ou des feuilles de basilic.

Toutes ces saveurs ont marqué mon enfance et je pourrais encore évoquer de multiples senteurs et odeurs liées au jardin ou à la cuisine de mes grand-mères.

Jeanne et Rose étaient proches de la terre et respectaient le rythme des saisons. J'aimerais transmettre ces valeurs à mon tour, mais nos vies sont si éloignées de celles de ces femmes qui scrutaient chaque jour le ciel pour savoir comment nourrir ce qu'elles avaient planté.




CADEAUX DE COMMUNION

Il y a des images qui restent ancrées.

Je me rappelle de la montre en or que ma grand-mère Rose voulait absolument m'offrir pour ma première communion. Je devais choisir entre trois modèles dont j'ignorais le coût.

Je crois que ce jour-là, j'ai choisi la plus chère! Cela s'est vu sur le visage de Rose. On m'a dit d'en prendre bien soin.

Jeanne, quant à elle, m'avait donné une enveloppe avec deux cent francs de l'époque pour acheter ce qui me ferait plaisir. J'ai choisi un bracelet en argent que je mets souvent.

Ma montre en or, j'ai trop peur de la perdre donc je ne la mets plus.

Ces deux bijoux sont à l'image de Rose et Jeanne. Deux femmes qui au fond sont différentes. Pour ne rien cacher, j'ai apprécié autant le bracelet en argent que la montre en or.



LA CUEILLETTE DES MURES

Connaissez-vous le goût succulent de la mûre cueillie sur le buisson encore chauffée par le soleil?

Il ne faut pas qu'elle soit trop claire, sinon elle sera acide. Les meilleures, ce sont les noires, bien rondes et brillantes: elles promettent d'être juteuses et sucrées.

Rose m'apprit tout cela au cours de nos ballades et, gourmande comme j'étais, et comme je suis toujours, je m'en souviens parfaitement.

Chez Jeanne, c'est avec les cousins que nous allions ramasser les mûres en nous rendant dans les buissons près de la ferme. Nous en avons mangé à nous faire mal au ventre... Ce sont nos mères qui étaient en colère face aux tâches sur nos vêtements.



LE PETIT VEAU

Je ne sais pourquoi je me souviens si bien de ce petit veau. Il était né lorsque j'étais en vacances chez Rose. Forcément, c'était un événement. Nicolas, je l'avais baptisé ainsi, tenait à peine sur ses pattes lorsqu'il a suivi sa mère au pré pour la première fois. Je revois encore Rose rire devant mon émotion de petite fille émerveillée devant cette leçon de vie!

Pour Rose, la naissance d'un veau était aussi très importante. En effet, derrière le gentil Nicolas, elle voyait l'argent qu'il rapporterait à la ferme.

Cette image de ma grand-mère et moi, debout, sur la terrasse, regardant mon grand-père ramener les vaches du pré pour la traite dans l'étable est très présente à mon esprit des années plus tard. Je devais avoir six ans environ, l'âge de ma fille.

Je me souviens de la lumière rasante de fin de journée et des rayons du soleil qui donnent en été une quiétude à l'âme. Les pierres, les herbes hautes s'embrasent d'une teinte ocre qui depuis est toujours source d'émerveillement pour moi.

Dans ces moments, je repense à Rose, son bras m'entourant l'épaule et m'expliquant la vie et la nature. Je dois beaucoup à ce petit veau: Rose m'a donné la clé de la naissance et de la vie.

Merci Rose pour ce beau cadeau.


LA CHEVRE DE JEANNE

Dans la ferme de Jeanne et Louis, il y avait comme dans la fable de La Fontaine; veaux, vaches, cochons...et une chèvre!

Jeanne a gardé sa chèvre très longtemps. Chaque année, elle l'emmenait au bouc et des petits chevreaux naissaient. Comme tous les enfants, mes cousins et mes frères adorions aller les voir. Jeanne ensuite pouvait traire sa chèvre. Elle était attachée à un piquet en bois. Chaque jour, elle avait droit à un nouveau carré de verdure. Je me souviens du goût de son lait que Jeanne mettait dans un vieux bol à mon attention. On avait beau mettre du sucre et du cacao, il avait un goût très particulier. Jeanne laissait en plus la peau à la surface du bol. Je devais boire sinon ma mère n'était pas contente, me disant de ne pas faire la difficile. Je pense que c'est ce que Jeanne devait aussi dire à ma mère quand elle était petite.

Après la mort de Jeanne, je ne sais pas pourquoi, je me souviens avoir rêvé une nuit de sa chèvre. Je me suis souvenue que cette femme calme et douce s'énervait énergiquement contre sa chèvre. Il y avait comme un accord tacite entre les deux car chaque matin, la chèvre se montrait récalcitrante et ma grand-mère la traînait par sa corde en lui criant dessus. Je pense que Jeanne, dont la vie n'a pas été facile, devait se venger sur sa chèvre... Résignée, elle l'était pour beaucoup de choses mais pas pour sa chèvre.

De là à dire que cette chèvre était un bouc-émissaire...



LES CHAUSSETTES DE ROSE

Rose voulait que ses enfants aient chaud aux pieds!

Alors, elle tricotait des chaussettes à rayures de couleurs vives en grosse laine qui gratte. Ces chaussettes, nous ne les avons jamais mises car nous les trouvions horribles...

Maman les prenait en remerciant Rose. Chaque année, nous avions droit à de nouvelles paires de chaussettes en laine.

Qu'est ce que je donnerais à présent pour que Rose soit là, à nous donner ses chaussettes!

Ce serait bien l'hiver quand je rentre à la maison et que j'ai froid aux pieds après une journée de travail. Ces rayures colorées sont à la mode en ce moment.

Je demanderai à maman ce qu'elle a fait des chaussettes de Rose.



LA DISCRETION DE JEANNE

Vous l'aurez compris, je me suis construis à l'ombre de deux femmes que tout oppose hormis le milieu social. Rose était bavarde et très téméraire, parlant parfois trop vite; Jeanne était très discrète, timide et réservée sur ce qu'elle pensait Jamais je ne l'ai entendue proférer la moindre parole blessante vis à vis de qui que ce soit. Toujours, elle écoutait, jamais, elle ne jugeait, et souvent, elle comprenait.

Jeanne avait atteint une sagesse que nous espérons tous acquérir un jour. Jusqu'au bout elle s'est intéressée aux autres, au monde qui l'entoure. Elle regardait les informations et la misère d'aujourd'hui la catastrophait. Elle me disait ne pas comprendre pourquoi encore tant de guerres ayant connu celle de 1940 qui a gâché sa jeunesse. Elle était mesurée même dans ses colères comprenant l'être humain et ses erreurs.

Elle a toujours été à mes côtés dans mes périodes de doute. Lorsque je suis devenue une jeune adulte, je me suis confiée de plus en plus à elle. Elle me disait toujours que j'avais choisi un métier difficile. Elle m'a soutenue et son empathie était totale, sincère et entière.

Ce cadeau est le plus précieux qu'elle m'ait transmis. Je n'ai ni sa réserve encore moins sa discrétion, mais ce don d'écoute et d'empathie qu'elle avait .

Chaque repas dominical, je me souviens de Jeanne, assise ou debout, servant ses enfants et ses petits-enfants avec équité et en silence. Si la discussion était trop vive, elle ne disait rien mais n'en pensait pas moins. Son regard bleu s'assombrissait de gris. Elle avait horreur des disputes.

La regarder et tenter de savoir ce qu'elle pensait m'a permis d'observer les membres de ma famille.

Jeanne n'aimait pas lire car elle se dévalorisait et n'avait pas confiance en elle. Ce que je veux lui dire même si elle n'est pas là, c'est qu'elle avait l'intelligence du coeur que seules possèdent les belles âmes. Je tenterai toute ma vie d'atteindre cette sagesse. Il faut pour cela emprunter un chemin de vie rempli de joies et de moments difficiles.




LES HORTENSIAS DE ROSE

Ces fleurs étaient ses préférées. Elle a même demandé à mon oncle d'être prise en photo devant et pourtant elle n'aimait pas cela.

Ile étaient roses ou bleus ou des deux couleurs. Rose portait bien son prénom car elle aimait bien les fleurs.

Elle m'offrait souvent de beaux bouquets à la maison. Elle était émue de me revoir et savait faire plaisir avec ses fleurs. Dites-le avec des fleurs... Elle savait le faire.

Aujourd'hui, je me souviens de ses hortensias, ses roses et son jardin. Elle y passait du temps et elle en prenait soin. Elle connaissait la nature et ses bienfaits. Je souhaite un jour parvenir à connaître autant de choses.

Quand je regarde mon petit jardin, je vois les hortensias fleurir et devenir de plus en plus beaux chaque année...Et cela me ravie et me donne envie de décrypter le langage des fleurs.


LE CAFE DE JEANNE

Elle mettait dans son café des grains de chicorée ce qui lui donnait un goût très particulier. J'ai tenté de faire le même pour commencer ma journée mais je n'y suis pas parvenue.

J'utilise le matin sa vieille cafetière et je fais chauffer l'eau dans une petite casserole avant de passer le café dans le filtre.

J'entends l'eau couler goutte à goutte et les odeurs se répandre doucement; c'est ma pause café, un moment qui n'appartient qu'à moi...

Pourquoi toujours vouloir aller plus vite... Il faut savoir parfois prendre le temps et ce rituel du café le matin en est l'illustration.


LES BIJOUX DE ROSE

Elle possédait une boîte à bijoux avec des broches serties de pierres très brillantes. Petite fille, j'étais fascinée par l'éclat des es bijoux. Elle n'en n'avait pas beaucoup mais elle a toujours pris plaisir à me les montrer souriant de ma réaction admirative.

Je me souviens tout particulièrement d'une broche bleue et blanche qui brillait plus que les autres. Maman avait peu de bijoux mais ils étaient simples et discrets.

Quand je regarde mes bijoux, je dois bien avouer que j'apprécie également ce qui brille. Le trésor de Rose m'a très certainement influencée...

Peu après son décès, j'ai demandé à mon oncle la permission de regarder le fameux trésor; il est allé chercher une petite boîte. Emue, je l'ai ouverte et j'ai vu les broches à moitié cassées qui avaient perdu leur éclat. C'est un regard d'adulte que je portais maintenant sur ce trésor  à présent disparu

J'ai pris conscience que Rose ne s'était jamais permis de s'offrir de beaux bijoux. Je suis sûre qu'elle rêvait de bagues en or avec un beau saphir...

J'ai emporté quelques bijoux en souvenir dans une petite boîte. De temps en temps, je l'ouvre et le souvenir du trésor de Rose est ravivé ainsi que mes rêveries d'enfant.

Me revient alors ce regard amusé, rempli de tendresse d'une grand-mère sur sa petite fille émerveillée.


LES SECRETS

La vie des Bressans était une vie de labeur sur une terre plate, lourde et chargée de secrets. Cette région est restée longtemps éloignée des voies de communication et a souffert de cet isolement. La ferme traditionnelle est souvent isolée en brique ou en pisé.

Mon arrière-grand-mère a élevé dix enfants; Jeanne était la petite dernière. Ces destins de femmes habituées à la guerre et aux privations me fascinent. Elles sont ma force et mon héritage le plus précieux. Quand je doute, que je suis confrontée à une difficulté, je vais puiser cette force au fond de moi et chaque fois, je trouve une solution qui me permet de continuer à avancer.

Juste avant que Jeanne ne meurt, je l'ai vue une dernière fois. J'ai pu lui dire combien je l'aimais et l'admirais. Une larme a coulé le long de sa joue et s'est mélangée aux miennes. A ce moment-là, je me suis rendue compte que nous n'avions jamais vraiment parlé ensemble. Elle ne parlait jamais d'elle. Il me reste ce grand vide fait de tous ses secrets qu'elle a emmenés avec elle, loin de nous, par sa volonté.

Tu n'es plus et je me demande ce qui reste de nous quand nous quittons cette vie...Tu es encore là, vivante en moi... De cette dernière fois, de cet ultime échange, je ne retiendrai que ta main serrée sur la mienne.

Jeanne la discrète, la réservée, la timide s'en est allée comme elle est venue sans faire de bruit, sans se plaindre. Tu as été extraordinaire sans le vouloir et tu as aimé sans le dire.

Tu n'as rien cherché à transmettre et c'est dans le vide de ton absence que jour après jour, je comprends enfin...

Ma fille et mon fils dorment et je me demande si comme moi tu as pleuré le jour de la naissance de ma mère. La réserve et une certaine froideur qui te caractérisaient ne m'ont jamais permis de te poser des questions... Tu as vu grandir ma fille et tu as tenu mon fils sur tes genoux mais je n'ai pas osé te parler...


FAIRE SON DEUIL

Faire son travail de deuil, c'est peut-être enfin déposer les armes et accepter tout simplement que cela ne sera plus jamais comme avant.

Faire le deuil, c'est finir par comprendre que ceux que l'on aime nous quitte un jour pour toujours.

Faire le deuil, c'est sûrement retrouver la paix en soi et se poser en regardant ce que l'on a autour de soi.

Faire son deuil, c'est aimer à nouveau la vie et la vivre profondément au quotidien.

C'est regarder rire ses enfants en laissant doucement monter les larmes du bonheur retrouvé.

Rose et Jeanne ont connu aussi les joies et les peines.

C'est le cycle éternel de la vie, le recommencement perpétuel: la mort est nécessaire à la vie.

Cest le mouvement des vagues sur la plage qui vont et qui viennent.

Je suis à nouveau pleinement heureuse. Je me sens revivre et renaître à une nouvelle vie: la mienne.

Ecrire reste un acte fondateur pour guérir les maux par les mots...













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MaryLor

Quand vient la nuit
Les chats sont gris
Et courent après les souris
Quand vient la nuit
Les souvenirs reviennent
Pour nous faire sourire
Ou nous hanter
Quand vient la nuit
Les enfants dorment
Le marchand de sable veille
Les parents peuvent se retrouver
Quand vient la nuit
Je pense à toi
Je me demande ce que tu fais
Ce que tu deviens
Quand vient la nuit
Mes prières montent vers vous
Mes chers disparus
Je vous parle et vous interroge
Parfois une réponse me vient
Dans mes songes
Quand vient la nuit
Je sais qu'elle portera conseil
Que je pourrai me retrouver
Seule face à moi et mes rêves
Pourront me bercer
Comme quand je n'étais encore
Qu'une toute petite fille
Quand vient le jour
Il faut reprendre son masque
Sourire même si on est triste
Rire même si on veut pleurer
Il faut vivre en attendant le soir
De pouvoir se rendormir
Et retrouver le pays des rêves

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