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Edwyn

Aucune idée, je crois que je me suis encore paumé..
Retrouvez-moi sur 404 not found|Twitter|Facebook
Edwyn
Cette histoire vous propose de suivre l'histoire d'Edward un sorcier du 21ème siècle, vivant au cœur du XVI ème arrondissement de paris son rôle est de veiller sur la faille qu'il a jadis ouvert.

Déphasé avec le monde il est aujourd'hui un être d'une puissance extraordinaire qui lutte tant bien que mal pour ne pas sombrer dans le néant qui l'appelle, son quotidien semblait bien régler et son contrôle sans faille mais une nouvelle valeur viens de rentrer dans l'équation mettant à l'épreuve son envie d'en finir et son humanité qui s'étiole au fil du temps.
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Edwyn


On nous rabâche que le monde court à sa perte. La NASA juge probable l'effondrement de notre civilisation dans le siècle qui vient. Sens commun que ceci, tout le monde le sait, personne ne le cache, pourtant aucun n'agit. Nous sommes l'humain à l'échelle du trop grand. Trop grand pour nous, pour notre réflexion, juger les enjeux est trop complexe trop éreintant, on se perd dans un immobilisme qui nous tente et nous séduit. Nous sommes tous acteurs de ces bouleversements, rouage de la machine nous obéissons aux mouvements qu'elle nous impose, on se perd entre démagogie et fatalisme, discréditant tout discours que l'on produit. Toutes nos armes contre la torpeur rendues inefficaces par les discours qui nous accablent. On se sent faible, impuissant, on regarde d'autres hommes défendre les idéaux que l'on cache en notre sein, enviant leur force et leur détermination.
On a passé le début de ma vie à me dire qu'il faut réussir, se faire un nom, pas mes proches ni ma famille, mais le monde. Je me fais Ulysse en prétendant que je ne suis personne, je n'ai jamais voulu de ces combats qui me dépassent.
Je contemple ceux qui ont réussi et qui tirent les autres dans leurs directions, suis-je envieux ? Je ne sais pas, impossible de le savoir, je ne crois pas sinon j'essayerais de côtoyer ces hauteurs... Ou bien suis-je simplement jaloux de ne pas en être capable... Je ne sais même plus qui je suis...
Inondé de tout je ne sais plus ce que je veux, comme Epicure mon bonheur provient de l'absence. L'absence de bruit, d'orgueil de colère, je ne compte plus ce qui, dans ma vie, me paraît de plus en plus insupportable.


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Edwyn

  Ce texte a pour vocation de présenter l'univers du Jeu de Rôle Mildeltria. Il s'agit d'un univers médiéval fantastique créé il y a de ça des années, je le trouvais imparfait et légèrement mauvais c'est pourquoi il a été abandonné. Mais je décide aujourd'hui de reprendre cette création afin de lui donner un aspect plus complet et plus abouti.
  Concernant la forme du texte, celui-ci sera écrit pour ressembler à un écrit "académique" rédigé par un érudit du monde de Mildeltria, c'est pourquoi nous serons ici fort éloigné des standards du site et du genre romanesque.
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Défi
Edwyn


Cela fait maintenant quelques heures que ce petit con a piqué ma montre, je comprends que les temps soient durs mais quand même… c’est un cadeau de ma femme… Je ne vais pas le laisser me la dérober !
Je cours dans les rues de Paris, ne quittant pas des yeux un filin partant de mon poignet et s’étirant à l’horizon. Par chance, je suis assez attaché à cet objet pour que le lien demeure visible bien après sa perte. Bien sûr les liens demeurent tous mais passé un certain temps ils se fondent dans la toile gigantesque qui relie chaque chose que nous nommons le Wyrd.
  Le filin s’étiole à vue d’œil, commence à se mélanger avec les milliers d’autres qui relient chaque aspect de ce monde, chaque brique, chaque arbre, chaque personne marchant dans les rues. Je n’ai plus le choix de toute façon si rien n’est fait je vais la perdre et c'est hors de question !
               Raidho Perthro Ehwaz
  Posant ma main sur le mur tout proche, je me sens aspiré. Arpentant les fils sous formes d’énergie pure, j’en oublierais presque ce petit voleur, au sein du tout je me fonds. Dans mon dos je sens s’arracher mes liens. Dans un dernier sursaut de lucidité, je prononce la formule à l’envers m’éjectant de la toile. J’apparais avec difficulté devant le jeune qui a dérobé ma montre, ses yeux sont écarquillés par la surprise alors qu'un violent mal de crâne commence à m'assaillir :
_Jeune homme, cet objet dans ta main… Il m’appartient…
  J’ai vraiment failli mourir pour une montre… maudits arpenteurs et notre foutue sensibilité...
  Choqué par mon apparition, le jeune homme lâche ma montre au sol et part en courant, me précipitant dans la peur de la voir se briser, je parvins à la rattraper avant qu’elle ne touche le sol. D’un geste rageur j’annihile les liens de ce voleur avec l’objet, pour que n’en demeure que deux d’une force incroyable. Je contemple avec satisfaction le dos de l’objet sur lequel une phrase est inscrite.
                 Nunquam Rumpit Nexus
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Défi
Edwyn

  Merde ! Merde ! Merde ! Encore à la bourre, et bien en plus de ça... Mon cours vient de commercer depuis une heure... Le vieux Saul va me tuer.
J'enfile en troisième vitesse mon costume et me coiffe après m'être légèrement aspergé de parfum, Hélène assiste, elle aussi, à ce cours, impossible que je sois moins soigné que d'habitude. En retard certes, mais avec style !
Bordel... En retard à ma matière de spécialité, quel blaireau. Pour ne pas aider l'amphithéâtre Alistair Crowley se trouve à l'autre bout de l'académie.
Après une dizaine minute de course erratique, j'atteins enfin ma salle. Poussant discrètement la porte je pensais pouvoir m'y introduire en toute discrétion mais je crains que mon souffle haletant n'ai alerté le professeur :
_Monsieur de Luca, encore une fois votre joli costume ne vous a pas empêché d'arriver en retard, Saul Zakaïus est notre professeur d'invocation, c'est un vieil occultiste au regard dûr, d'après la légende c'est un démon qui lui aurait pris l'usage de ses deux jambes, ce qui le force aujourd'hui à se promener en fauteuil roulant.
_Excusez moi monsieur, j'avais un rendez vo...
_Allez vous asseoir je n'ai pas le temps pour vos idioties.
  J'adresse un regard charmeur à Hélène que j'aperçois au premier rang, elle semble attérée mais au fond je sais qu'elle m'aime bien ! La salle s'agite et s'amuse de ma nonchalance cependant notre professeur n'est pas de cet avis, toute la classe se fige alors que le poing levé celui-ci hurle quelques phrases en énochien. Une aura dorée enveloppe son poing explosant dans un bruit sourd, soulevant les feuilles des élèves au premier rang :
"Bien maintenant que Monsieur de Luca nous a offert à tous un joyeux divertissement, il est temps de reprendre ce cours de droit des contrats. Le contrat est en invocation ce qui vous permettra de garder le contrôle. Il est nécessaire de le rédiger avec soin pour ne pas souffrir plus tard de certains sévices.
L'occultiste en fauteuil roulant observe une pause regardant l'assemblée, je sens son regard sévère posé sur moi.
Afin de conclure un contrat, il est conseillé d'utiliser votre "vrai nom", celui qui est accolé à votre essence. N'ayant pas toutes consciences de celui-ci, nous utilisons en général notre sang et une partie de l'essence de la créature invoqué afin de sceller le contrat.
Votre contrat doit comprendre toutes les prérogatives de la créature invoquée mais aussi tous vos devoirs envers elle, il est nécessaire de penser à tout sans quoi vous en payerez le prix. Bien je vous laisse rédiger les clauses probables d'un contrat avec un esprit du feu, vous avez jusqu'à la fin du cours pour me le rendre."
Bon quand il faut gratter, il faut y aller, j'attrape ma plus belle plume pour rédiger un contrat digne de ce nom, c'est moi qui arnaque les autres pas le contraire.
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Edwyn
Le fantastique habite le quotidien de tous comme une toile de fonds, naviguant en parallèle de nos vies. Les histoires tournant autours du monde de Gardien de l'Abyme narrent des rencontres avec le surnaturel. Venez expérimenter le quotidien d'un monde où tout devient extraordinaire.
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Edwyn

La nuit est l’heure des artistes, le moment où la chape de fatigue suscite des images distordues qui se transforment sous la douceur du pinceau en mondes entiers. Cette chambre ne pouvait être autre, que la demeure d’une créatrice. Les copeaux de crayons, et les feuilles de brouillons avaient depuis longtemps débordé de sa corbeille pour envahir les coins oubliés de son cagibi. Malgré l’heure avancée, la jeune femme était toujours debout, le crayon à la main. Il lui fallait une idée, même médiocre pour avancer ce projet à la noix. Son professeur lui avait répété, l’art n’est pas la matière éthérée que l’on croit ; l’art est un sport. L’inspiration n’est pas une grâce, elle est le fruit du travail, de la recherche et de la réflexion. Elle s’en rendait compte après s’être reposée toute l’année sur ses sursauts de génie, maintenant qu’il lui fallait produire une œuvre sous contrainte pour compléter son année tout son monde s’effondrait. Les larmes étaient au bord de ses yeux, à force d’essayer de presser son âme pour en sortir de quoi remplir ses planches. Plus elle cherchait, plus la seule pensée qui la torturait était la crainte de ne pas y arriver. Tout lui avait toujours paru si évident, ses proches la congratulaient pour son don, ses dessins se vendaient, elle n’était bordée que de compliment : pourtant l’approbation académique qu’elle recherchait lui paraissait hors de sa portée. Elle désirait plus que tout la reconnaissance de ses pairs ; faire partie de la famille des artistes sans être une simple vendeuse d’avatars sur twitter. Il n’y avait rien d’ingrat à ça, mais les plasticiens qu’elle rencontrait à l’école lui semblaient tellement plus complets, tellement plus intrigants et riches de leur art qu’elle ne le serait jamais. À côté d’eux son malheureux commerce de personnage fantasy lui semblait vulgaire et indigne.
Il lui fallait chasser ces idées de sa tête et c’est pourquoi Léa décida de laisser tomber son crayon pour rejoindre le salon, dans lequel, avec un peu de chance, ses colocs se trouvaient encore. Elle rangea rapidement les quelques affaires qui se trouvaient sur le lit de sa mansarde et rejoignit à pas de loup ses compagnons. Lorsqu’elle pénétra dans le salon, elle ne put retenir un petit souffle de lassitude, car au vu des lampes torches et des sacs disposés sur la table basse, Arthur, Magalie et Tiphaine s’apprêtaient à repartir en urbex. Cette passion qui dépassait totalement Léa leur était apparue après avoir regardé des vidéos sur internet et depuis ils s’adonnaient à cette passion le plus souvent possible. La simple idée d’aller explorer des bâtisses délabrées lui filait les foies, mais celle d’être seule à l’appartement ce soir lui donnait envie de hurler. C’était d’ailleurs avec une légère colère dans la voix qu’elle s’adressa à Magalie qui venait de faire irruption dans la pièce un sac à dos à la main :
— Vous allez encore partir ? J’aurais préféré que vous restiez à l’appart, cela fait plusieurs fois que vous partez en vadrouille cette semaine, on n’a même pas eu le temps de passer une soirée tous ensemble.
— Tu ne sors pas beaucoup de ta chambre non plus, rigola la jeune femme, ici ou pas, la soirée c’était sans toi… Ne fais pas cette tête, je sais que cette fin de semestre te stresse. Tu devrais venir avec nous. Tu sais, visiter ces lieux de nuit c’est quelque chose. Ça pourrait t’inspirer non ? demanda Magalie avec douceur, un sourire malicieux niché au creux des lèvres.
Il fallait avouer que l’incroyable chaleur de la voix de la jeune femme brisait la colère qu’elle avait pu éprouver quelques secondes plus tôt.
— Allez, un câlin et tu viens, rajouta-t-elle en enserrant la frêle artiste de ses bras, la noyant au passage dans ses boucles abondantes.
Il n’en fallut pas plus pour adoucir Léa et quelques minutes plus tard, elle se trouvait à l’arrière de la vielle saxo d’Arthur en direction de l’on ne sait quel Château :
— Je ne douterais plus jamais des talents de persuasion de Magalie, plaisanta Arthur. Qui aurait cru que Léa nous accompagnerait pour un urbex, la soirée s’annonce mémorable ! Ne t’inquiète pas, dit il en repérant l’air inquiet de Léa dans son rétroviseur, on va bien veiller sur toi.
— Vous n’avez pas intérêt à me laisser seule une seconde, je vous préviens si j’ai peur je hurlerai.
— On ne te lâche pas, dit simplement Tiphaine avec un regard franc.
Cette bande se connaissait depuis le lycée et même si elle avait connu des hauts et des bas, il n’existait aucun être en qui elle avait plus confiance que ces trois-là. Néanmoins lorsqu’ils lui montrèrent avec excitation le haut d’une tour qui dépassait de la forêt bordant la route son sang ne fit qu’un tour :
— Regarde Léa, c’est là que nous allons ça s’appelle le château de Douran. J’ai lu plein de trucs dessus sur le forum où j’ai trouvé l’adresse, mais surtout des conneries à mon avis. Il faudra juste faire attention où on met les pieds, les étages tiennent la route, mais on ne sait jamais. Alors prête ?
— J’hésite entre vomir et tomber dans le coma, mais ça va nickel, passez-moi une lampe torche et on fonce.
Il faut dire qu’ils avaient de l’allure en sortant de leur caisse branlante, équipés de lampes torches et de sacs à dos. Tiphaine avait pris ses appareils photo, un numérique et un vieil argentique qu’elle affectionnait tout particulièrement. Elle était la tête froide du groupe, celle qui veillait sur eux avec la patience de la chatte qui surveille ses chatons suicidaires. Ils évoluèrent en file indienne jusqu’au château, silencieux, à l’affût des bruits alentour. Étonnement, l’ambiance n’était pas si déplaisante, le froids de la nuit était vivifiant et sortait la jeune femme de la torpeur de sa chambre. La bâtisse était vraiment proche de la route et il ne fallut qu’une dizaine de minutes au groupe pour l’atteindre. Il était grandiose, un château du XIXe siècle construit dans le style troubadour. Deux grandes tours flanquaient un bâtiment central tout en longueur dont la façade était ciselée avec soin, donnant à la structure une grâce élancée :
— Je vais passer devant, chuchota Tiphaine en balayant la façade de sa lampe torche.
Elle s’approcha à pas de loup de la structure à la recherche d’une entrée potentielle. L’entrée principale quasiment effondrée fut vite écartée ; ils firent le tour en silence avant de tomber sur une porte de dépendance à moitié brisée qui s’entrouvrit dans un craquement de verre. Les quatre jeunes gens échangèrent des sourires complices, la sensation d’explorer un lieu ainsi endormi était grisante. Léa suivait tranquillement le groupe, l’œil alerte au moindre détail de l’architecture. Les premières pièces étaient les plus modernes, les moins intéressantes : remplies de poussière et de quelques meubles en formica. La partie intéressante débuta dans le grand hall, le long de l’escalier principal un tag représentant des vignes grimpantes rendait le lieu fascinant. Cette pièce d’art conférait à ce lieu un côté agréable, presque familier, tant la délicatesse de l’artiste se ressentait dans les rameaux de la plante. Seuls les clics de déclencheur et les flashs de la photographe du groupe venaient agiter la nuit. Au-delà de ça, l’ambiance était d’un calme rassurant, bercée par le bruit des quelques voitures passant au loin :
— C’est la première fois que je vois un tag comme celui-là dans un lieu perdu, murmura Magalie, il s’intègre vraiment bien à l’endroit. Je le trouve magnifique pas vous ?
— Si, il va vraiment bien avec cette pièce, il a quelque chose de très apaisant, j’aime beaucoup. C’est dingue de se donner la peine de peindre ça dans un endroit où personne ne va le voir, chuchota Léa.
— C’est ça qui est beau dans l’urbex, on a le privilège de voir de l’inédit ! Surenchéris Arthur.
Plus ils avançaient plus les pièces étaient recouvertes de dessins, parfois des plantes, souvent des formes. De plus en plus de formes. Cette étrange œuvre d’art atteint son paroxysme dans la bibliothèque à l’étage, au fond d’un long couloir après avoir escaladé les marches vermoulues de l’escalier. Ici, des centaines, des milliers de marques heptagonales marquaient le plafond, les murs, les meubles. Tellement que Léa fut prise de tournis à force de se dévisser la tête à la recherche d’un endroit vierge de ces symboles :
— Je vais sortir les gâtes, je n’aime pas trop ces dessins-là, ils me filent la nausée.
— D’accord Léa, tu n’as qu’à nous attendre dans le couloir, on va juste prendre quelques photos et regarder un peu, dit Tiphaine.
Léa baissa les yeux vers le sol, seul endroit épargné de dessin et se dirigea vers le couloir. Elle balaya de son pied le sol pour s’y asseoir. Juste quelques minutes, le temps de reprendre son souffle. Jusqu’à présent cette visite lui plaisait énormément, mais quelque chose commençait à la barbouiller. Ce sentiment s’amplifia lorsqu’en levant sa lampe torche, elle vit, ici aussi, les marques heptagonales comme sortant de la bibliothèque, immobile, mais semblable à des colonnes de fourmis qui courraient sur les murs. Sans que la raison ne puisse l’expliquer, il lui fallait partir, fuir loin d’ici, elle le sentait au plus profond de ses tripes. Les signes semblaient prêts à lui bondir dessus, des images de son corps assailli par ces marques noires lui arrivaient par flash. Elle aurait voulu prévenir ses amis, leur crier de quitter cet endroit. Mais ses jambes se mirent en mouvement alors que sa gorge refusait de lui obéir. Les glyphes étaient partout, toujours la même variation d’heptagone, parfois séparé par un trait, d’autre fois avec un point en leur centre. La jeune femme ne pouvait compter toutes les versions qui se pressaient autour d’elle. Sur la liane qui s’enroulait autour de l’escalier ces mêmes symboles valdinguaient de leur immobile agitation. Comment avait-elle pu les manquer alors qu’il s’y trouvait en si grand nombre ? Tout ceci ne faisait aucun sens. Elle tenta une nouvelle fois d’appeler ses amis, mais sa voix ne sortait pas. Lorsqu’à l’autre bout de la gigantesque salle à manger, qui se trouvait au rez-de-chaussée, elle discerna une silhouette blanchâtre, son cœur manqua un battement. Involontairement, le faisceau de sa lampe croisa sa course, révélant un visage qui scrutait dans sa direction. C’en était trop pour elle, un cri étranglé s’échappa brièvement de sa gorge tandis qu’elle se recroquevilla en vitesse sous les marches de l’escalier.
Elle attendit là, sans bouger, sans un bruit, pour se faire oublier, pour disparaître, jusqu’à ce que ses amis la trouvent, que le soleil se lève, qu’elle rentre chez elle. Chaque craquement de la vieille masure faisait bondir son cœur à lui en briser la poitrine. Il y avait quelqu’un, elle en était sûre ce n’était pas une simple ombre. Où étaient donc Arthur, Tiphaine et Magalie ? Il lui sembla attendre ici de longues minutes, recroquevillée dans le froid avant d’attendre ses compagnons l’appeler à quelques mètres de là : « Léa, c’est nous, où tu es ? Réponds-nous ? ».
Tout ce que put faire la jeune femme fut de s’extraire de sa cavité sans un mot tandis que ses amis venaient l’entourer de leurs mains prévenantes :
— Tout va bien Léa qu’est-ce que tu faisais là-dessous ? On t’a entendu faire un bruit bizarre.
— J’ai vu un gars par là-bas, dit Léa en montrant l’extrémité de la salle à manger, puis il y a ces signes partout, ils me donnent le tournis. Cassons-nous je ne supporte plus d’être ici.
Le groupe dirigea les faisceaux de leur lampe vers l’endroit désigné par leur camarade, mais ils n'aperçurent que des meubles poussiéreux. Arthur alla même fouiller la pièce, mais sans succès :
— Tu as dû voir une ombre Léa, il n’y a vraiment personne. Le soir la moindre silhouette devient flippante c’est normal d’halluciner. Même en regardant partout, je n’ai rien vu.
— Et les symboles sur les murs ? Tu trouves ça normal ?
— Symboles tu y va fort Léa, ce sont des tags rien de plus, tu les trouvais même jolis, répondit Tiphaine depuis l’avant de leur petite file, on regardera les photos en rentrant si ça te rassure. Tu verras ce n’était pas si flippant que ça.
Sur ces paroles la troupe rebroussa chemin, la forêt semblait tout autre. L’ambiance bonne enfant qui les accompagnait avait tiré sa révérence et tous n’avaient qu’une hâte. Celle de rentrer rapidement avant que Léa ne sombre à nouveau dans la panique. Dans la voiture, ses compagnons essayèrent de lui remonter le moral avec des musiques parodiques singeant l’accent sudiste, mais rien n’y fait. Léa était profondément troublée par cette expérience, et n’arrivait pas à se résoudre à l’idée que son cerveau avait imaginée tout cela. Cette silhouette la regardait, elle l’avait vue. Rien ne pouvait la faire douter de ça. Aussi, elle n’avait qu’une hâte, celle de regarder les photos prises par Tiphaine. Pour se raccroche à quelque chose, car en cet instant, ses amis commençaient déjà à rigoler et à tourner cette histoire en dérision. Seule Magalie avait pris la mesure de son état de choc et lui lançait de discrets sourires emplis de sollicitude. Léa se souvient encore avec vivacité de son entrée dans la chaleur duveteuse de l’appartement, de son lancé de chaussure au travers du salon et de s’être affalé dans le canapé avec délectation. Tiphaine refusa de regarder les photos ce soir et la soirée se finit avec quelques bières et des musiques de mauvais goût.
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Edwyn


À mesure que la charrette avançait bringuebalé par les cahots de la route ; Mante sentait au loin les effluves marins annonciateurs d’une arrivée prochaine. L’angoisse commençait à joyeusement trifouiller ses entrailles, quand le marchand qui le conduisait lui adressa la parole :
« Alors le jeunot, qu’est-ce qui t’amène du côté de Bourg******* ? T’as de la famille là-bas ?
— Pas que je croie, c’est le Consulat qui m’y envoie. Je dois me rapprocher des îles, précisa calmement Mante, tout en sachant que par ces simples mots il venait de jeter un froid. Les actions de l’ordre des mages ne trouvaient pas vraiment grâce auprès des gens du peuple.
— T’es un des gars du Consul ! Ça, c’est une surprise, je ne m’en serais pas douté avec tes guenilles. Si j’avais su, je ne t’aurais pas pris, mais bon, tu m’as pas l’air très débrouillard. Ne t’inquiète pas, j’vais pas te laisser dans la friche. Je n’ai pas envie qu’on dise que Troissou abandonne ses passagers. »
Son allure gringalette lui profitait une fois de plus. Mante avait pris l’habitude de cacher son identité derrière des vêtements de mauvaises factures et de maigres bagages. Il s’amusait souvent de la manière dont les gens pouvaient revoir leurs a priori quand on leur apparaissait secourable : « normalement je ne transporte pas les mages, mais toi tu as l’air d’un bon gars ». C’était aussi une des raisons pour lesquelles il voyageait seul ; il n’était pas rare que les délégations du Consulat se fassent jeter. Les rumeurs remontaient à des dizaines d’années : vol d’enfant, responsabilité dans l’émergence des mutations, et cetera…
Le soleil s’apprêtait à embrasser l’horizon quand il aperçut enfin la mer. Les nuages au-dessus de leurs têtes devenaient de plus en plus agités à mesure que le soir tombait :
« J’espère que tu ne comptais pas prendre le large aujourd’hui. Il est trop tard, et le temps annonce la tempête. Nous ferions mieux de nous abriter pour la nuit.
— Je l’espérais, mais mon instinct de survie est encore assez sûr pour ne pas me pousser à lever les voiles par grands vents, balança Mante en rigolant, ne pouvons-nous pas nous placer contre un de ces rochers en bord de route ? Ils nous protégeront.
— Bonne idée le jeune, on y va, répondit Troissou en intimant à son canasson un changement de direction. »
La voix du ciel se faisait de plus en plus forte sur la petite lande côtière, tandis que le sable qui attendait embusqué dans les mottes d’herbes bondissait sur eux avec l’intention plus que claire, de les passer à tabac.
Par chance, la petite compagnie de fortune parvint à s’abriter derrière un immense roc. À le voir, ce n’était pas la première fois qu’il affrontait un pareil déchaînement ; ses traits avaient été lissés par les grains de sable. De son côté, Troissou installa son bourrin contre la pierre puis le couvrit d’une toile cirée. Alors qu’il lui donnait de l’eau, il tenta de communiquer avec Mante, mais ses histoires se perdirent dans le tumulte ambiant ; à tel point que les seules paroles que le jeune homme entendit furent : « Par les bottes d’Eloir quel temps de merde ».
Mante était un solitaire, mais la proximité de Troissou avec son cheval lui rendait son compagnon sympathique. En plus, avec ce vent, aucune crainte de se faire attaquer par des bandits. Ainsi, il s’endormit dans la tourmente protégée par la charrette.


***
Ils arrivèrent peu après que le soleil ai atteint son zénith à Bourg *******. Le village avait été bâti entre deux falaises et cerclé de murailles de pierre :
« On est loin du simple hameau de friche, je ne t’ai pas demandé ce que tu venais chercher ici ? S’enquit le jeune homme.
— Des perles. Ça fait fureur chez les nobles et rapporte gros sans avoir à s’encombrer plus que nécessaire. Je les troque contre des graines et de la nourriture. Je suis désolé de te demander ça, mais je préférerais que nous entrions séparés. Je crains de perdre en marge si l’on m’associe au Consulat.
— Ça ne m’arrange pas, mais je suis prêt à faire cet effort, bonne continuation Troissou, dit Mante en sautant de la charrette.
— T’es un bon gars, si nos chemins se croisent à nouveau je serais content de t’aider. »
Le marchand avait attendu le dernier moment, sans doute par crainte de froisser Mante, mais tout ceci lui faisait encore perdre son temps. D’autant que sa quête avait tout de la mise au placard… Aller récupérer des artefacts dans l’ancien siège du consul ; sur un archipel détruit il y a quelques années par des flux chaotiques.
Rien n’indiquait qu’il restait quoi que ce soit là-bas : « fais chier », murmura le jeune mage tandis que l’angoisse commençait à emprisonner sa poitrine. Il lui fallait faire quelque chose. D’un clin d’œil Mante agrandie ses pupilles : comme lorsque l’on gonfle le ventre. Suivant sa magie, ses iris virèrent du vert au jaune. Désormais, il voyait toute la lande et discernait même les têtes de quelques gardes qui patrouillaient le long des murs.
Ils avaient de bonnes têtes de frichiens s’amusa Mante : les sourcils froncés, l’air prêt à en découdre. Lui qui avait grandi sous la protection d’une armée et de plusieurs enceinte de murailles envisageait mal comment pouvait être la vie ici. Au sud, il apercevait quelques champs cerclés de tours de fortunes.
Tout à coup, venant du bourg s’éleva un intense geyser suivi d’un hurlement sourd à en faire frissonner les pierres. Quelques secondes à peine, le bruit d’un cor de guerre retenti, signal d’une attaque. Même en ayant transfiguré ses yeux, impossible de voir au travers des murailles et des maisons : par instant, des gerbes d’eau virevoltaient dans les airs, accompagnés de cris et de heurt.
D’un bond, il entama sa transformation : d’abord s’alléger, s’abandonner, lâcher du lest. Mante évacuait des bouts de lui sous la forme de nuages de fumée pour devenir autre, plus petit, plus vif. Il sculptait son propre corps, réorganisais ses organes pour former de nouveaux os, des ailes, des plumes, un bec, des serres. Sans oublier d’insuffler dans ce maigre cerveau une idée, un germe de curiosité.
Le faucon prit son envol au milieu des herbes sèches, dominant rapidement tout l’horizon. D’en haut il voyait par-delà les murailles, les maisons faites de pierres ocres et les pontons de bois qui avançait en griffes sur la mer. À quelques centaines de mètres du rivage, entre des tables d’élevage d’huîtres évoluait une masse gluante grande comme deux charrettes. La bête projetait de puissants jets sur une petite dizaine d’hommes d’armes en formation autours d’elle. Il devait s’agir d’un mollusque ayant muté sous l’effet de flux d’éther surpuissant. Lorsqu’un des combattants s’approchait de cette masse gélatineuse rosâtre, un tentacule venait immédiatement punir sa hardiesse. Au milieu de ce ramdam, une silhouette faisait exception. Elle avait lâché sa lance et avait bondi sur l’immondice pour le taillader de son poignard. Sous l’effort, ses muscles semblaient prêts à sortir de sa peau, luttant pour garder le contrôle soumis à un équilibre instable.
Elle saisissait, tranchait, arrachait, libérant l’ichor de la créature qui se rependait dans l’eau, la tintant d’indigo. Alors qu’il s’apprêtait à finir son deuxième tour autour de la scène, Mante aperçut un tentacule émerger dans l’angle mort de la guerrière ; cette protubérance prenait l’aspect d’un bec de calamar prêt à frapper. Seule au milieu de la créature, Mante imagina lui venir en aide ; il s’imagina plonger pour lacérer la protubérance de ses serres. Cependant cette pensée fut fugace, car d’un retournement de lame, le tentacule fut tranché emportant avec elle une grande partie du monstre qui s’effondra sur le coup. Alors que les soldats saluaient par une houra le courage de leur championne, celle-ci lança vers le faucon un regard encore empli de la rage guerrière qui la galvanisait. À cet instant, la conscience du volatile disparu pour laisser place à celle du mage. Sa curiosité était rassasiée, et Mante ne devait pas faire remarquer. Après quelques petits cercles supplémentaires, le faucon disparu du ciel.
***
Reprendre forme humaine fut difficile, la peau qu’il avait quittée demandait bien plus de ressources que celle qu’il possédait. Il se présenta aux portes de la ville comme le dernier des miséreux. Maigre, blafard, le garde l’avait même accompagné jusqu’à l’auberge après s’être assuré qu’il disposait de quoi payer.
À l’intérieur, régnait une atmosphère de fête parfumée d’odeur de bière et du fumet agréable de poisson que l’on grille. À son entrée le garde s’adressa au tenancier d’une voix forte pour couvrir le bruit ambiant : « Mérou je te ramène un client, il sort à moitié crevé de la friche. Apporte-lui ripaille avant qu’il ne tombe dans les vapes. »
Le bien nommé mérou saisit Mante comme s’il s’agissait d’un tabouret et l’assis dans une alcôve proche du bar : « alors qu’est-ce que je te sers ?
— Un repas pour quatre, dit Mante en tendant à l’homme une gemme de couleur verte.
Surpris, le tenancier marqua un temps d’arrêt avant de se ressaisir.
— Bien mon gars je t’apporte ça de suite. »
Malgré le peuple qui s’amassait dans la taverne, Mante remarqua vite la tueuse de mutants. Maintenant au sol, elle lui paraissait encore plus imposante que dans les airs. Sa peau était écarlate et striée de cloque sans doute liée au contact avec la créature :
— Ne t’inquiète pas, elle en a vu d’autres, dit Mérou qui revenait chargé de victuailles. D’ailleurs je ne t’ai pas demandé comment tu voulais te faire appeler ici. Tu veux que l’on choisisse pour toi ?
—Allons-y, murmura Mante en un mince filet de voix.
— Les gars, le nouveau veut qu’on lui trouve un nom ! hurla Mérou à l’adresse des frichiens tandis que Mante commençait déjà à dévorer le poisson qui lui faisait face.
Plusieurs voix s’élevèrent de la plus flatteuse à la plus moqueuse. La tradition en Mildeltria était de porter un nom différent dans chaque communauté : « doré », « La seiche », « crevette ». Au milieu de tous ces noms, Mante parvint à capter le nom d’une plante de la région :
— Tiens appelez-moi Luzerne les plantes c’est mon truc.
— Soit, je vous présente Luzerne les gars. »
Tour à tour de nombreux villageois passèrent se présenter auprès de Luzerne qui s’empiffrais comme un beau diable. Même la grande combattante lui adressa ses salutations. Une fois son repas fini, il héla Mérou qui passait non loin de sa table : « Même si je suis certain qu’elle supporte très bien ses blessures, je peux fournir un baume pour stopper les démangeaisons, dit luzerne en désignant du regard les plaques rouges qui couvraient le corps de celle qui c’était présenté à lui comme kraken.
— Tu peux proposer, mais je ne suis pas certain qu’elle en ait quelque chose à faire, c’est une mutée, elle ne doit même pas les sentir. »
Luzerne n’était pas certains de cette affirmation. Quand il regardait les blessures laissées par la créature. Les veines bleutées, qui apparaissaient le long des stigmates rougeâtres, lui brûlaient rien qu’à les regarder. Même si sa présence était intimidante, Luzerne prit son courage à deux mains. Il sentait que Kraken faisait partie de ceux qu’il est bon de compter parmi ses alliés :
« Excuse-moi, murmura Luzerne, je peux sans doute t’aider à calmer le feu si tu sais où trouver certaines plantes.
— Qu’est-ce que tu dis ? hurla-t-elle au milieu du raffut.
— Je peux t’aider pour tes blessures si tu sais où trouver des plantes, répondit Luzerne en forçant sur sa voix. »
S’en suivis de longues secondes durant lesquelles Kraken examina ses bras, la plante de ses pieds pour finalement déclarer :
« Pourquoi pas, je vois mal comment tu pourrais empirer tout ça. Quelles plantes veux-tu ?
— Pour faire un cataplasme il me faudrait de l’alchémille ou de la consoude. Puis un truc gras, comme de l’huile ou du beurre.
— La consoude me dit un truc, je trouverais. Le gras aussi. J’habite dans la vieille bicoque à côté du phare, tu ne devrais pas te tromper ; les vitres d’une des fenêtres ce sont des planches. Viens après ma ronde quand le soleil se couche, je t’hébergerais si tu n’as pas encore prévu où passer la nuit. Je vais me dépêcher, ma ronde commence bientôt. »
Sur ces mots Kraken se dirigea vers la sortie tandis que Luzerne sentait peser sur lui des regards scrutateurs.
***
En déambulant dans les rues du bourg, Mante ne pouvait s’empêcher de penser à l’avoine qui l’attendait à son retour au consulat.
Il sentait le fil du temps le dépasser et il savait son mentor sensible au moindre retard. « Tant pis », se disait-il. De toute manière il n’était pas en état de voyager et le village n’était pas prêt à envoyer une embarcation en mers.
Les rues étaient désertes ; avec l’attaque du mutant, tous œuvraient à la réparation des cultures d’huître. Près du port, Luzerne croisa le chemin de Troissou. Celui-ci semblait en proie à de difficile négociation : l’attaque d’aujourd’hui avait apparemment augmenté les prix plus que de raison. Mante visita ainsi une grande partie du village. Avec l’allongement des ombres, l’heure dorée approchait. Et pour le jeune mage, il était bientôt temps de rejoindre Kraken.
La puissance dégagée par la mutée l’attirait ; il retrouvait chez elle le magnétisme propre à certains grands mages qu’il côtoyait au consulat. Trouver la maison ne fut pas bien compliqué, comme annoncé une des deux fenêtres ornant la façade était obstruée. Kraken fit son arrivée moins d’une heure plus tard, un sceau rempli de plantes dans la main droite et sa lance dans la gauche.
Son visage exprima une forme d’amusement lorsqu’elle aperçut Luzerne assis sur le fronton de son logis : « Je compte sur toi brindille, ça brûle tu n’as pas idée. ».
Le sceau rempli à ras bord de consoude était une bonne chose. Par chance certaines avaient même étaient arrachée avec les racines.
Luzerne se mit rapidement au travail, il réduit les racines en une pâte malodorante grâce au manche de son couteau et fit infuser les feuilles. Kraken le regardait avec attention, assisse dans un coin du logis qui se résumait en deux vastes pièces ; ses yeux, noirs au point qu’il était difficile de faire la différence entre l’iris et la pupille, balayait du regard Luzerne. Les spasmes dans sa mâchoire marquaient une hésitation, mais après de longues minutes sans un mot, Kraken prit enfin la parole : « Tu es un muté toi aussi ? ».
La question prenait Luzerne au dépourvu et à vrai dire il aurait dû s’en douter.
La jeune femme pensait que son air décharné et son corps malingre résultaient d’une mutation de naissance. Que faire ? mentir… dire la vérité à une inconnue ? Il fallait prendre une décision. Ce n’est pas comme elle ne faisait pas partie du commun des mortels : « Mon corps n’a pas muté, mon aspect est le résultat de ma magie, dit Luzerne en s’approchant un bol de son onguent dans la main.
— Ce sont donc les gens comme toi que les gamins doivent craindre, répliqua Kraken, tu ne fais pas bien peur.
— Malheureusement, notre réputation est un peu sur faîte. Ma langue doit avoir besoin d’un cadenas, car je parle un peu trop depuis quelques jours, lâcha Luzernes en soupirant. »
Le baume sentait une odeur herbacée quand il commença à l’appliquer. Au relâchement musculaire de sa patiente, l’apprenti guérisseur était content de constater que la mixture fournissait bien l’apaisement prévu. Sous ses doigts, chacune des fibres musculaires de la guerrière se révélait. De nombreuses langue de feu s’enroulait atours de ces membres, démontrant l’âpre volonté de la créature de restreindre les mouvements de Kraken ; manifestement sans succès. D’ordinaire, les mutations causées par l’éther réalisaient d’étranges hybrides, mais chez cette femme ses tissus avaient été entièrement atteints. Après une dernière touche sur le mollet gauche, Luzerne put enfin s’exclamer : « Voilà, j’ai fini ! Normalement, ça devrait te permettre de dormir sans trop d’inconfort.
— Merci Luzerne, est-ce que je te dois quelque chose ? demanda Kraken en se relevant. »
S’il n’essayait pas maintenant, il n’arriverait jamais au bout de tout ça, c’était son moment :
« Je dois me rendre sur l’archipel des bois blancs, tu pourrais m’arranger ça. Bourg ***** est le seul village assez développé pour me permettre ça et je n’arriverais jamais sur l’archipel sans bateau avec les monstres qui traînent. »
La guerrière éclata de rire :
« Tu cherches donc de l’aide pour te buter, je peux t’y aider ».
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