Philippe Meyer
Octobre 2024
J'écrivais lorsque j'étais adolescent, jeune homme, homme jeune et maintenant en âge d'être grand-père. A soixante ans passés, j'ai presque fait le tour du cadran et j'écris désormais pour digérer ma vie. Ecrire pour moi c'est parler du sens de l'existence, des gens que j'ai croisé, bref, de l'animal humain. Regardez la retransmission d'un meeting de Trump et vous comprendrez pourquoi je parle d'animalité. J'ai presque fait le tour du cadran mais pas le tour du monde. Le monde comme vous, je le découvre chaque jour, à la télé, dans les romans et dans la grimace un peu obscène des réseaux sociaux.
J'ai tout d'abord voulu reprendre les héros de mon adolescence et poursuivre leurs aventures inachevées. Histoire d'aventuriers de l'espace ou de guerriers de mes jeux de rôles. Mais je n'ai plus l'âge de leur fougue et l'innocence du narrateur d'alors. C'est un temps révolu, la terre n'abritait encore que trois milliards d'hommes et de femmes et je rêvais ma vie à défaut de la vivre. Dans mon esprit, un écrivain sait regarder. Il sent son époque et comprend l'âme humaine mieux que personne. Il éprouve un besoin fort d'écrire et je pense , de digérer lui-aussi, le monde qui l'entoure. Car le monde, il faut d'abord s'y faire ! Nous naissons, à la fois fruit de cette terre à laquelle nous sommes indissociablement liée, qui nous a fabriquée au travers de l'évolution mais également totalement étranger à la communauté des Hommes. Nous découvrons petit à petit mais souvent assez brutalement, la dureté des humains, leur indifférence et leur cruauté. Passé l'âge du Père-Noël nous affrontons bien vite la réalité toute crue : la shoah, Nagasaki, Hiroshima, l'esclavage et toute la récitation des réalisations humaines.
La tentation est grande de se réfugier dans le rêve, la fiction. Pourtant la vie en elle-même est triste et belle, elle est notre lutte, perdue d'avance de lui donner un sens. Nous avons appris à la découvrir au travers de la chaleur du sein de notre mère, et de caresse en douleurs, nous avons construit notre représentation de nous-même et des autres. Il n'est rien dans notre perception des choses, qui ne parte de cette représentation.
Le roman nous aide car il nous donne accès à l'être intérieur d'autres personnes qui ont puisées dans leur réalité intime, ce qu'elle nous raconte d'elles-mêmes. C'est aussi l'accès à un apprentissage plus nuancé de la vérité de nos existences. On y a parle de cruauté, d'injustice, de mort, mais également d'espoir, d'entraide, d'amour et de bonté.
Voilà pourquoi, en ce mois d'octobre, je n'envisage la fiction qu'inspirée par la vie, le sang et les larmes. Même un héros imaginaire se doit d'avoir souffert ce que souffre les êtres avant de pouvoir faire le malin et les redresseurs de torts. Il devra présenter son passeport comme tous les autres et montrer qu'il sait ce qu'est la souffrance et la joie d'être au monde.
Œuvres
Composé de courtes nouvelles ce recueil n'a pas pour but d'effayer ou de plonger le lecteur dans la tristesse. Il cherche au contraire à apprivoiser la peur que suscite le thème et pourquoi pas à en rire !
Bonne lecture et n'hésitez pas à me faire des retours
Le recueil contient actuellement 7 textes
Pour l'instant 3 histoires :
- Pour quelques kilos d'Iridium
- Le voyageur imprudent
- Le faune du loin