DavidPerroud
Aujourd’hui, je prends la parole.
Vous ne me connaissez pas.
Et vous n’en saurez pas plus après cette petite histoire.
Je vous dirai juste ceci : je suis le Narrateur.
Mon rôle, vous raconter une histoire, l’existence d’un humanoïde aux multiples facettes. Ainsi nous arrêtons-nous de parler de ma personne, aussi fictive soit-elle, et ouvrons ensemble les volets, laissons les rayons d’un soleil lumineux pénétrer cet étonnant univers parcouru par un homme, pas bien grand, aux yeux gris-bleus et au sourire en coin.
En l’an de grâce 1988, le 11 avril, Alan Paton, écrivain sud-africain décède. Le 12 avril est l’un de ces jours sans importance, oublié de l’Histoire. Le 14 avril, nous assistons à la naissance de Chris Wood, futur acteur des lointaines Amériques. Mais ceci ne nous intéresse guère plus.
Non, vous, moi, nous, sommes intrigués par cet événement du mercredi 13 avril 1988, un jour béni des fées et des elfes.
Imaginez-vous, un parfum de café flotte dans les airs, défend sa présence, engagé dans une bataille contre des forces obscures, des odeurs de solvant, de peinture et de mines de crayons. Un pianiste plaque avec joie des accords en puissance, un violoniste émeut les coeurs de son instrument. Des livres s’alignent sur une étagère ou s’entassent sur un parquet usé et ajoutent leur touche au bouquet de senteurs. Le tableau ne serait complet sans une plume au bec humide, tout juste sortie d’une bouteille d’encre d’outremer.
Je ne puis assurer la réalité ni l’exactitude de mes dires, mais j’en apprécie le tableau. Et j’ai une certitude, il fallut réunir tous ces éléments pour voir apparaître, comme par magie, notre petit bonhomme.
Ses parents, artistes de corps et d’âme, et pas tout à fait humains, lui offrirent un unique prénom : David.
David alla à l’école, comme les petites filles et les petits garçons de son âge. Il dessina bien plus dans les marges de ses cahiers qu’il ne remplit les exercices. Il étudia le piano, se nourrit de café pour l’essentiel, apprit des langues elfiques et en inventa des plus étranges.
Un jour il reçu une lettre, l’ouvrit, et en extirpa un petit frère. Il secoua l’enveloppe, un violon minuscule était livré avec. David remarqua une étiquette sur son frère: Mike. Il déposa Mike sur l’armoire, à côté des livres de musique. Plus tard celui-ci deviendrait violoniste, mais il était encore un peu tôt pour le dire.
Quelques années plus tard, d’après informations acquises après une longue et fastidieuse recherche de votre serviteur, David partit rencontrer une énigmatique tante en Californie. Elle lui fit découvrir une langue du future, le HTML. David revint sur le vieux continent, fort d’un savoir encore inconnu sur ces terres.
Initié par sa tante, il n’eut de cesse de perfectionner ses nouveaux pouvoirs magiques et étudia des sortilèges comme le javascript, le PHP ou encore le CSS et l’incroyable Photoshop.
dNous arrivons en 2006. David avait rendez-vous avec un personnage lunatique, Monsieur Travail. Après l’entretien, notre jeune homme retourna chez ses parents. Dans sa tête il se disait : travailler d’accord, mais sans pour autant quitter les fées, les elfes, la peinture, le bronze, la magie ou les livres.
Trois ans plus tard, David ouvre son cabinet de magie, DavidPerroud.com. Il y propose depuis de multiples services magiques, dont les mystérieux « website » et « apps ».
La même année il reçoit une nouvelle lettre. Une petite enveloppe parfumée de fleurs, avec un cachet de cire. Il l’ouvre avec précaution, S’en échappent une série de notes et une jeune fille. Qu’elle est belle! pense-t-il. Dans l’enveloppe, il trouve aussi une petite pochette de soie. David attrape la jeune fille et la range dans la pochette pour la glisser dans sa poche. Mais avant, il lui faut regarder l’étiquette. Un petit nom est inscrit dans des caractères tous bien rangés: Catherine.
En décembre 2010, Sara.H, sa maman, sème des particules d’admiration dans tout les sens et vient lui expliquer son nouveau projet: raconter dans du bronze, pourquoi les feuilles tombent en automne. Alors David et sa famille partent à la recherche de lutins et fondent l’Association Voir c’est Toucher.
A quelques heures près, 365 jours plus tard, David entre dans un Club prestigieux nommé « inlingua Lausanne ». Il y rencontre des humains étonnants et joyeux, des ogres, des lutins, et d’autres personnages.
Les années passent et chacun s’occupe. Jusqu’en 2015. L’année de l’aventure. En promenade en forêt, Sara.H, DeLaPerouze, Mike et David, Catherine dans la poche, découvrent les Calengwirith, ces elfes sylvestres protègent notre planète.
Et bien que l’on arrive au terme de ce que, moi, Le Narrateur, ai à vous conter, l’histoire est encore longue. En ce début d’année 2018, David a trouvé une nouvelle enveloppe, colorée. Dedans, un petit mot : amarilys.
Œuvres
Mais toute Grandeur porte en ses gènes la Décadence propre à mettre un terme à son existence.
(Petite histoire écrite suite à un jeu sur le forum d'Ecrire-un-Roman: Le Détrôné)
Rouen: une petite ferme entourée de champs. Rouen, un petit garçon blond de neuf ans, les yeux verts pétillants, Jean-William Clement est né d’une mère anglaise, Katie, et d’un père français, Auguste.
Rouen: un château, un donjon et son DragonSansFeu. Oui, parce que Jean-William a toujours eu peur du feu. Le feu c’est douloureux. Le feu ça transforme la paille des cochons en suie noire et malodorante. Le feu c’est Mauvais. Alors lorsqu’il a rencontré son ami dragon, c’était un DragonSansFeu.
Le dragon vit tout en haut du Donjon du grand château, à près d’un kilomètre de la ferme des Clement. Mais Will aime marcher. Il adore se promener, découvrir de nouveaux endroits, construire des pièges à FlameTueuses et des ponts SauteRivière. Il profite souvent de son temps libre pour traverser les champs et rejoindre la Grande Tour.
Mais Will n’y est pas retourné depuis plusieurs semaines. Un jour, il a entendu ses parents discuter. Ils ont utilisé des mots inconnus, comme « Chismatik, Apeaustat, Erésie, Blasfème ». Il ne sait pas à quoi peut ressembler un Blasfème, mais cela doit être un monstre effrayant, car ses parents semblaient terrifiés. Il a aussi entendu son père mentionner une jeune femme enfermée dans la tour, une sorcière.
Will s’inquiète pour son DragonSansFeu. Son dragon ne mange pas les gens alors la jeune fille ne risque rien. Mais si elle est bel et bien une sorcière, son Dragon est en danger!
Jean-William est assis sur le parquet de la salle à manger. Yeux étrécis, sourcils froncés, bouche pincée, tout en lui affirme une intense réflexion.
Personne ne semble avoir besoin de lui. Sa mère est au puits, elle lave les habits, il l’a aperçu toute à l’heure. Son père est dans la grange, occupé à aiguiser et nettoyer ses outils.
Will doit prendre une décision. Poser des questions sur la sorcière, ou se rendre au donjon. Son père lui a toujours dit: un homme est courageux. Lorsque Jean-William lui a demandé ce que cela signifiait, il a répondu: être courageux c’est découvrir par soi-même la vérité, sans se soucier des pensées des autres.
Alors Will se relève. Il va chercher sa petite bourse à outils magiques dans sa chambre. Il l’ouvre sur son lit et vérifie ses ustensiles. Tout y est: la pince rouillée, les OuvreSerrures, sa poudre de CraieLumière et le plus important, sa PierreCourage. Elle est rouge et brune en forme de coeur. Elle renferme le courage de dix hommes et lui permet de tout affronter. Rassuré, Will referme soigneusement sa bourse, et passe le cordon à son coup.
Le petit Will est prêt. Il traverse la salle à manger et s’élance par la porte ouverte. Il saute par dessus la clôture et s’en va vers l’aventure.
Aujourd’hui, il doit s’occuper de son Dragon. Il aperçoit bien quelques monstres cornus et écailleux sur le chemin, mais il n’a pas le temps de les capturer.
Arrivé au Donjon, Will observe un instant le garde à l’entrée, puis se précipite vers un grand chêne de l’autre côté. Il y grimpe prestement. Il s’aide des petites encoches qu’il a creusées l’année passée. Arrivé à bonne hauteur, il avance avec calme sur une grosse branche en direction de la tour. Les branchages sont touffus et le cachent aux regards indiscrets. Néanmoins le garçon s’assure de ne pas être suivi. Il avance le long du bras de bois en direction du mur et y colle son oreille. Pas un bruit ne lui parvient de l’intérieur. Parfait.
Il attrape une brique précise et la tourne de façon à ce qu’elle pointe vers lui. Il répète son action avec deux autres briques à intervalle régulier. Il avait eu une bonne idée de les marquer d’une petite croix la première fois.
Le moment lui demande toute sa concentration. Will déloge plusieurs briques l’une après l’autre et les positionne en équilibre précaire. Voilà il a aménagé un trou juste assez grand pour s’y glisser. Will se coule à l’intérieur et grimpe les escaliers sans faire de bruit.
Enfin, il atteint la PorteGarde. Au moment d’ouvrir sa bourse, il entend une voix. Elle récite des paroles. Cela ressemble à la prière que sa maman lui fait réciter tous les soirs avant de se coucher.
William frissonne, mais il approche son oeil du verrou et scrute l’intérieur de la pièce. Au fond, le dos appuyé au mur, les genoux repliés contre la poitrine, une jeune fille aux cheveux sales. Will l’observe quelque instant, puis décide qu’elle n’est pas dangereuse. Si elle est une sorcière, c’est une gentille sorcière. D’où il se trouve il ne peut apercevoir son DragonSansFeu. Il va devoir entrer.
Jean-William se décide à sortir sa petite bourse de sous sa chemise. Il la pose devant la porte et prend ses petits outils OuvreSerrures. Il a toujours adoré s’amuser à crocheter les serrures. Il se concentre, écoute les cliquetis des petits ressorts. Enfin, un bruit différent résonne en récompense.
Will range ses affaires et sa petite main pousse la porte.
La jeune sorcière lève la tête. Elle est étonnée.
Will réfléchit. Comment doit-on s’adresser à une sorcière ?
– Mademoiselle Sorcière, dit-il.
Il esquisse une révérence. Il espère être poli.
– Je ne veux pas vous importuner. Je viens vérifier que mon DragonSansFeu se porte bien. Il ne vous a pas déranger ?
La jeune demoiselle semble perplexe. Puis elle sourit et lui répond:
– Pas le moins du monde. Il me tient chaud la nuit et reste sage la journée.
Will regarde autour de lui et aperçoit son dragon dans un coin sombre sur la droite. Son attention revient à la sorcière.
– Pourquoi êtes-vous ici ?
– On m’a enfermée dans cette tour car je ne vois pas les choses comme les autres…
Will peut comprendre cela. Lui aussi voit les choses différemment des autres certaines fois. Au fond de lui il sait bien que son DragonSansFeu n’existe pas dans ce monde, ni tous ces montres qu’il combat. Ses parents ne les perçoivent pas. Mais ils sont réels dans son monde à lui, dans ce monde créé, construit, transformé à sa guise.
Will s’approche de la sorcière et lui tend une main maladroite.
– Relevez-vous mademoiselle Sorcière, je vais vous accompagner au dehors. Mon dragon et moi pensons qu’il est en notre devoir de vous libérer.
Jean-William accompagne la sorcière jusqu’à la porte. Il lui demande d’attendre le temps de remettre en place le loquet puis descend les marches, jusqu’à rejoindre l’ouverture pratiquée dans le mur.
La sorcière passe la tête par le trou puis regarde le petit garçon d’un air effrayé.
– Tu es passé par là?
– C’est facile, regardez!
Will se faufile par l’ouverture. Il se cramponne avec les mains et les cuisses tout en avançant avec douceur jusqu’à l’embranchement principal de l’arbre. La sorcière hésite.
– N’ayez pas peur Mademoiselle Sorcière.
La demoiselle tend les bras et s’accroche au mieux.
Elle est un peu plus large que Will et peine à extraire le reste de son corps. Enfin elle atteint le centre de l’arbre.
– Asseyez-vous ici. Je dois refermer le trou.
Will revient sur ses pas et replace délicatement les briques.
De retour au près de la sorcière, il lui montre les encoches dans le tronc de l’arbre et descend le premier.
Au pied de l’arbre, Jean-William explique à Mademoiselle Sorcière qu’il va retourner chez lui, et qu’elle peut l’accompagner si elle le souhaite. La sorcière est touchée par sa gentillesse mais doit retourner chez elle s’occuper de son chatSouris. Elle le remercie et s’apprête à s’en aller, mais lui demande:
– Comment t’appelles-tu ?
– Jean-William, mais vous pouvez m’appeler Will.
Ce nom la laisse un instant songeuse.
– Tes parents sont français ?
– Mon père est français, ma mère anglaise.
La demoiselle sorcière affiche un instant une mine sérieuse, sourcils froncés. Elle devient pensive puis finalement, un sourire étrange apparaît sur son visage. Elle s’en va de quelques pas.
– Mademoiselle Sorcière ?
Elle se retourne.
– Oui ?
– Et vous, comment vous appelez-vous?
– Sorcière Jeanne d’Arc.
1. Le lièvre est orgueilleux et prend le pari à la légère, la tortue est sage, à une certaine humilité et est réfléchie.
2. En même temps, la sagesse mène à la prudence, l'humilité à ne pas être trop confiant, voire pas assez, et trop réfléchir à s'épuiser. Alors qu'une pointe d'orgueil peut mener à l'audace, et ne pas trop se soucier de quelque chose qui n’est pas forcément important, peut nous amener à être plus instinctif, et à mieux profiter de ce qui se présente sur l'instant.
3. Chien & Chat
Dans l’herbe verte qui bordait la rivière, un chat noir se prélassait. Il était juste assez éloigné pour ne pas craindre ses éclaboussures mais juste assez proche pour profiter de ses reflets d'azur.
Un chien jaune passait par là. Il vit le chat et s'arrêta. Il réfléchit un instant puis s'approcha prudemment du félin.
Ledit matou, perdu dans ses moutonneuses pensées, fut pris au dépourvu lorsqu'il découvrit sur son dos une patte velue.
— Dis-moi mon ami, est-il bien sage pour un chat de se tenir si près du rivage?
— Je profitais de la douceur des couleurs environnantes. Et toi? Que t'amène-t-il sur mon territoire ?
Le chat semblait blessé dans son amour-propre, le chien s'en réjouit.
— Ton territoire? L'humilité t'aurait-elle fait défaut? Soit, je te propose un marché. Traversons la rivière et le premier arrivé fera d'ici son quartier.
Le chat tourna son regard sur l'eau froide et vigoureuse et eut un frisson que le chien ne put manquer. Celui-ci, ayant sagement réfléchi, s’attendait à ce que le chat déclare forfait.
Mais contre toute attente le chat accepta l'idée.
Détail peut-être d'importance, mais l'affaire était bien planifiée. Alors le chien se retourna et bondit dans l'eau glacée.
Le chat le regarda faire, puis s'accroupit au bord de la rivière. D'un bond il s’envola. Sur une pierre affleurant il se réceptionna — un instant seulement — puis s’élança à nouveau pour enfin atterrir sur le pont d'une chaloupe qui passait par là.
Le chien qui ne l'avait vu venir dut la contourner, alors que dans sa tête ses neurones s'échauffaient.
Lorsqu'enfin le cabot atteignit laborieusement l'autre côté, le félin s'y trouvait déjà, se pavanant comme Majesté.