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Jules Bandini

Jules Bandini


 J’observais à la dérobée ce bonbon depuis quelques minutes maintenant. Le spectacle qui s’offrait à mes yeux était le même. Nous avions ce rituel depuis des semaines et je n’en changeais pour rien au monde.

Elle feignait l’innocence du désir suscité… L’adolescence lentement la quittait, fantasme immaculé, muse concupiscente que nombre de fois j’ai souillée…


 Je fréquentais Serge et Nina depuis toujours. Nous avions usé les mêmes bancs d’école et si nos chemins parfois différaient, les occasions pour se retrouver étaient légions. Nous entretenions une brillante amitié sans qu’un nuage ne vienne la bousiller. Ils étaient ensemble depuis leurs vingt ans. De mon côté, je papillonnais et profitais d’un entrain naturel pour l’amour sans que l’une d’entre elles ne parvienne à me faire changer. Nina était une belle femme, brune, juive italienne du haut de son mètre soixante. Les cheveux naturellement sauvages et ondulés, elle arborait une poitrine fière et soutenue tenant dans la main d’un honnête homme. Ses fesses, haut perchées, étaient régulièrement mises en valeur par des talons ou des mules accentuant leur rondeur. Cela avait pour effet de tendre à l’extrême le tissu de ses fringues en permanence. Elle débordait de sensualité, et plus d’une fois, je me suis imaginé à la place de mon ami. Serge était un bel homme, mais j’avais idée d’être en mesure de culbuter sa femme de façon plus sombre sans aucune gêne. Ayant une profonde affection pour eux, jamais je ne l’ai montré ou laissé entendre. Les fantasmes sont une chose, le savoir vivre et l’amitié une autre.
À l’annonce de sa maternité, Serge en fut comblé et naturellement nous sortîmes fêter ça comme il se doit. Tournée des grands Ducs à travers la ville et l’occasion pour moi de croiser et rencontrer autant de femmes que je bus de verres. J’aimais l’alcool et j’aimais le noyer dans les femmes. L’inverse valait aussi. Je ne me retenais pas vraiment dans ces moments-là et m’autorisais parfois une escapade aux toilettes des dames avec l’une d’entre elles pour y batifoler. Si la demoiselle faisait preuve de trop de pudeur, je la sautais alors dans une ruelle ou un parking. Ma place préférée ? Celle d’un lit conjugal en l’absence de monsieur. Les accoudoirs du canapé de salon ou la moquette de ce dernier m’enchantent aussi. J’aime à savoir que derrière le masque de l’épouse modèle se cache une vraie putain d’intérieur. A chaque contexte son personnage. Ma conscience n’en pâtit pas et mes plaisirs perdurent.
 Cette nuit-là, nous fîmes la fête avec Serge jusqu’au petit matin. Maladroitement, je tentais de lui mettre dans les pattes une jeune blonde à la peau de lait rencontrée plus tôt. Je fis les présentations rapidement, une main sous la jupe de sa copine rousse et de l’autre poussant la blonde vers mon ami. Rien n’y fit, le futur papa resta aussi digne que fidèle et éconduit avec respect la jeune salope proposée. Au petit matin, bien éméché, je pris un taxi accompagné de mes copines et m’installais confortablement entre elles.

- Pas de compteur. Prenez cinquante pour la course, et vingt pour votre concentration, dis-je au chauffeur lui tendant les billets. Quant à vous, mesdames, annonçais-je théâtralement, embrassez-vous !

 Docilement, elles s’exécutèrent sans gêne aucune, et de désir se burent la langue. J’avais à loisir de pétrir leurs croupes de mes deux mains tandis que la rousse libérait ma queue et que la blonde lui offrait ses seins. Le conducteur resta aussi digne que mon ami plus tôt dans le bar et malgré quelques coups d’œil furtifs, il nous gratifiait d’un trajet réussi. Il restait une dizaine de minutes avant que celui-ci ne touche à son terme, et d’une main ferme, j’attrapais la rouquine par les cheveux pour la diriger vers mon sexe et m’empressais de dévorer la bouche de sa copine d’une gourmandise avide. Serge avait été bête, me dis-je. Ces petites avaient un vrai potentiel et j’avais pour une fois le sentiment d’être tombé sur plus dépravé que moi. 

- Rejoins ta traînée de pote et montre-moi comment tu suces, soufflais-je à la blondinette. 

 Elle ne se fit pas prier, et j’avais maintenant deux bouches juvéniles aussi voraces que saoules pour m’envoyer au septième ciel. L’idée de leur exploser au visage me tirailla un court instant, mais le regard aussi professionnel qu’envieux du chauffeur dans le rétroviseur me convainquit d’y renoncer. Après tout, pauvre homme, nous étions suffisamment frustrant pour en plus se comporter comme des mufles en salopant son habitacle.

- Tant pis pour toi Serge, dis-je en m’enfonçant dans la gorge de la décolorée. Lui tenant fermement les cheveux, j’inondais sa bouche d’une excitation trop longtemps contenue. Généralement, ce sont aussi les meilleures.

 Arrivé à la maison, je n’avais plus aucun doute quant à la suite des événements, et après avoir resservie mes jeunes hôtes, j’envoyais un message à Serge pour lui souhaiter bonne nuit.
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Jules Bandini
Le désir nous met au pied des femmes, mais, à son tour, le plaisir nous les soumet.
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Jules Bandini
L'humanité a l'oreille ainsi faite qu'elle continue à dormir quand le bruit retentit et ne se réveille qu'avec l'écho.
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Jules Bandini
"Il en va souvent ainsi, c'est dans le silence que se retrouvent les gens qui s'aiment si fort que leur amour, au moment des retrouvailles, devient un monde à part entière."
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Jules Bandini
L’avantage de l’amour sur la débauche, c’est la multitude des plaisirs.
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Jules Blonsky se rend à Paris dans l'espoir d'y signer son premier contrat d'édition. Courte nuit et des sens mis à mal progressivement.
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Jules Bandini
Dieu pêche les âmes à la ligne, Satan les pêche au filet.




- Alexandre Dumas
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"La rupture est faite, l'amour s'est envolé : bon voyage !" George Sand
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Donner une âme à tout, c’est le secret des anciens.
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Jules Bandini
Un sonnet sur le pouce
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Jules Bandini


Je partirai dans la même indifférence et pour autant, j’aime à penser qu’une foule dense sera présente.



Absurdité préambulesque

« Mon poing dans ton œsophage… » Non, trop dégueulasse, et pas encore hameçonné.


 De beaux mots, choisis avec soin et ciselés avec esprit. De beaux mots trop sages, qui n’ont de beau que l’orthographe et de sage que l’ennui. D’ailleurs… Une mort, indifférente et paresseuse s’attèle déjà à la tâche. Pour l’avoir titillée trop longtemps par faute de goût. Faute de goût, et d’esprit, encore une fois. En avoir autant et avoir si peur. Zone de confort aphone qu’on défend comme un vrai chien. Je ne sais pas ce que sont devenues les chiennes de garde ni qui pourrait avoir envie de se les taper. Le souligner relève de l’outrage. Interrogation passagère pourtant, aussi futile qu’un trajet sur autoroute. Des textes ici le racontent ; les trajets sur autoroute. Le mécanisme intellectuel pour arriver à un tel résultat me fascine. Les turbulo-névroses d’un voyage comme celui-ci sont à considérer avec la plus grande importance. Soutien indéfectible. Après l’autoroute, le pot de fleur. Après l’abîme, les professeurs.

 Je partirai dans la même indifférence et pour autant, j’aime à penser qu’une foule dense sera présente. Au moins plus que pour un enseignant. Ne pas se laisser enfler par ces enflures ! La quasi-totalité de ces gens ne m’a enseigné qu’une chose ; se conditionner le plus tôt possible au néant, de sa lucarne personnelle et envisager la situation comme normale. Autant dire que les souvenirs de ma scolarité sont d’une faiblesse affligeante. J’y fumais trop. Beaucoup trop. Je ne buvais pas encore, mais la cocaïne comblait ce vide. Certains de mes professeurs consommaient encore plus. Les salauds. C’était ça ou pleurer en classe. Mettre un peu d’LSD dans le café des plus fragiles devint vite une bonne action. Faire preuve d’empathie est à mon sens l’une des premières choses que l’école m’eut appris. Je m’y tenais avec la régularité d’un métronome. Et c’est d’une bouche folle aux dents grinçantes et serrées que le cours débutait. Commençons :

***

 Mon unique professeure d’économie ressemblait à une actrice porno française. Cette dernière ayant docilement accompagné ma jeunesse. En ce sens, je l’appréciais, et je venais souvent à penser que ça puisse être elle. Reconversion professionnelle. Je ne l’ai jamais droguée. Je pense qu’elle était suffisamment épanouie comme ça. Peut-être tournait-elle un peu moins maintenant. L’Education Nationale avait de son côté sans doute tenté de lui mettre le pied à l’étrier pour des « films d’auteur ». Ou tenté de lui donner l’envie d’y passer un pied pour amorcer la chose. Difficile de faire pire qu’un film d’auteur. Un professeur peut-être. Un professeur qui s’y essaierait chez lui. Sans emmerder personne, cela va de soi. Il y consacre déjà bien assez de son temps comme ça. Un professeur emmenant sa classe un mardi matin à l’aube voir une daube suédoise sous-titrée allemand. Un vrai pervers. De pensées viles et perfides, il s’arrangera pour vous bousiller la séance et s’assurer la sienne. Son plan consistera, après s’être aperçu de l’épaisseur de vos pupilles, à venir vous filer la gerbe en prenant place à votre droite. Son aftershave de quinquagénaire rance et la transpiration ambiante de ses fringues vous achèveront. Dans le noir, à la limite du malaise, vous vous jurerez qu’un jour lui aussi rendra les armes.

***

 J’étais promis à un avenir de clochard. Dixit tous ces génies. Avoir acquis une matière pédagogique et s’époumoner ensuite pour la véhiculer à une horde d’abrutis ne fait pas de vous un prix Nobel. Mon professeur de gestion commercial bavait. Littéralement. De l’écume perlait et moussait par petit paquet à chaque extrémité de sa bouche tordue quand il venait à s’énerver. Vu que c’était son activité principale, j’étais servi. Il n’appréciait pas l’immobilisme et en avoir la posture intellectuelle ou physique le mettait dans une rage folle. J’avais les deux régulièrement. Et le sentiment qu’il veuille me péter la gueule à tout moment. Alors un jour, avant que cela ne se produise, je l’ai drogué. Je sentais bien que derrière un tel entrain éducatif, se cachaient de vraies blessures. Altruiste et attentionné. J’étais fier de m’être remis seul sur les bons rails. Il but son café d’une traite, et les (trop) nombreuses gouttes de LSD présentes lui pétèrent d’un coup dans le citron. Magnifique. Vraiment beau à voir. Des yeux de fou et une transpiration si dense ! Il quitta la pièce après avoir bien malgré lui terrorisé la moitié de celle-ci, et revint six mois plus tard. Entre temps, l’été était passé et j’avais changé de classe. Il m’arrivait d’encore croiser son regard au détour d’un couloir, et j’y sentais comme de la reconnaissance. L’œil aussi fuyant qu’indécis, il avait maintenant, grâce à moi, les lèvres sèches et un phrasé pacifique.

***

 J’ai toujours aimé le sport. Rarement les cours de sport. Allez comprendre. Le problème des cours sport, c’est le professeur qui les donne neuf fois sur dix. Les hommes que j’ai pu avoir comme professeur de sport se prenaient tous pour des gros durs, et les femmes que j’ai eues se prenaient toutes pour des hommes qui se prennent pour des gros durs. Ayant la drogue facile et la main leste… Mon professeur de sport en seconde était un grand chauve à l’accent du Sud-Ouest. Orgueilleux comme pas deux et d’une assurance que seuls les grands sportifs véhiculent. Très vite, il nous fit comprendre à tous que c’était lui le chef. Pour des raisons d’incompatibilité d’humeur et d’opinion, je fus rapidement mis sur la touche avec un ami à moi. Nous venions de prendre trois mois d’exclusion sportive. La discipline sportive en question du dit trimestre était de la gymnastique. En somme par pudeur, j’étais heureux d’en être dispensé. Nous assistions au cours assis ou affalées sur des tapis de gym. Classe. La bouteille d’eau du professeur n’était jamais bien loin. Comme tout excité, il buvait beaucoup sauf que lui n’avait pas de bave aux coins des lèvres. Nous n’avions plus de LSD, mais j’avais la chance d’avoir quelques boites de Subutex à la maison. Le côté euphorisant du bordel permettrait sans doute à notre professeur de sport de lâcher son rôle de chefaillon deux minutes et de s’abandonner un peu aux plaisirs de la vie. Alors un matin, on mit trois cachetons fraîchement moulus dans sa bouteille d’eau pendant qu’il donnait une démonstration aux barres parallèles. Il passa la séance à boire de petites gorgées régulières, puis, comme le professeur de gestion commerciale, il prit une explosion des sens en plein carafon. D’un naturel suspicieux, il flaira très vite l’entourloupe, mais son degré de défonce nous sauva. Allongé sur le praticable à deux doigts des convulsions, la classe attendait maintenant l’infirmière et son adjointe pour le sauver. Nous avions eu le temps de vider sa bouteille et la remplir d’un peu d’eau pour ensuite retourner purger notre peine. On ne refit plus jamais de gymnastique avec ce professeur de sport. Il fut assigné la semaine suivante à une autre classe et ce fut une femme se prenant pour un homme qui se prend pour un gros dur qui le remplaça.

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 Ma professeure d’espagnol était une jeune femme aussi charmante que souriante. Une petite brune avec quelques rondeurs qui savait garder le recul nécessaire et la dérision quotidienne que demandait sa discipline. En ça, elle nous avait dans sa poche et nous ne l’emmerdions presque jamais. Pas de drogue non plus dans son verre. Je souhaitais la garder un peu et l’entendre rouler les R me berçait. Je devais avoir seize ou dix-sept ans, guère plus. Elle, vingt-cinq, guère moins. Elle nous paraissait grande. Je perçus rapidement son attrait pour la jeunesse, et plus particulièrement les jeunes hommes quand après une sortie cinéma de fin d’année elle nous invita à boire un verre un ami et moi. Pas de film à la con ce coup-ci, une simple merde française coproduite par la région Centre et France 2 Aquitaine. Pas de sous-titre, pas de quinqua à ma droite. Perdu devant ma Despe car je ne buvais pas, mes yeux plongeaient dans son décolleté généreux. Mon ami qui semblait plein d’assurance avait un an de plus que moi. Notre professeure d’espagnol le ressentait et s’en amusait tranquillement. Quelques minutes plus tard, nous étions tous les trois chez elle, et quelques minutes encore plus tard, nous venions de jouir ensemble. Elle nous fit promettre de n’en parler à personne. L’année suivante, elle ne revint pas, et mon ami non plus. Je ne sais pas ce qu’ils sont devenus.

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 Mon père était Professeur des Écoles. Notez bien le « des Écoles ». Je ne parle pas là d’un vulgaire professeur de sport ni même d’un professeur de technologie. Je parle là de la noblesse d’un métier disparu remplacé par une escouade de dépressifs. Mon père nous éveillait à l’apprentissage. Il officiait en CM2 et j’étais déjà suffisamment grand pour faire quelques conneries. En ce sens, son éveil à l’apprentissage passait fréquemment derrière un éveil des sens beaucoup plus polisson. Il le savait et s’en amusait régulièrement. A cet âge, les enfants peuvent être déjà cruels entre eux. Mais l’autorité naturelle du Maître, en l’état mon père, me conférait une mansuétude constante de mes camarades. J’avais la chance d’être en territoire connu, d’un côté comme de l’autre du miroir. Quand arrivait le printemps, et que le bleu du ciel reprenait ses droits, il n’était pas rare de me voir arriver à l’école sur le porte-bagage de la bicyclette paternelle. Ces balades matinales étaient pour moi le meilleur moment de la journée. Les parfums du parc, des rues, des boulangeries survolées s’offraient à nous naturellement et semblaient vouloir nous dire ; « Bonne journée ! La vie est belle hein ?! » Et elle l’était, assurément. J’arrivais dans la cour, éveillé, et une bonne partie du boulot de mon père venait d’être fait. La suite de la journée se passait comme souvent, de manière douce et agréable. Apprendre à ses côtés à un âge où la conscience collective d’un monde perdu ne vous touche pas est une bénédiction. L’insouciance était Reine, et pour autant, elle n’entachait en rien les notes de notre classe. J’étais régulièrement sur le podium, sans avoir l’impression de travailler. Une enfance simple et facile. En fin d’année de CM2, je quittai cet antre qui m’avait vu grandir pour rejoindre l’enseignement supérieur. Mon père mourut une semaine avant ma rentrée au collège.
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