Djymee
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Défi
Je me suis souvent posé cette question, à force de côtoyer des cons : est-ce que je suis con moi-même ?
La manière la plus con de répondre à cette interrogation serait de me dire que oui, bien sûr, je suis con comme tout le monde ; mais si je réfléchis un peu plus profondément, je réalise que des cons, il y en a de toutes sortes, alors je me pose cette autre question qui en découle : à quelle variété de cons est-ce que j'appartiens ?
Etant physiquement de grande taille il m'arrive le plus souvent de rencontrer des petits cons, et pour eux je dois certainement être un grand con; mais ce serait beaucoup trop simple, et trop con de ce fait, si on s'arrêtait juste à ce critère. J'ai en effet connu beaucoup de cons qui parvenaient de façon très subtile à cacher efficacement leur appartenance pourtant bien évidente à une catégorie bien spécifique de cons : je peux citer pour exemple ce con de Dudule, mon presque voisin de palier, qui est manifestement un sale con alors qu'il prend trois douches par jour et change quatre fois de slip. J'ai connu un pauvre con qui avait une villa à Deauville et un yacht à Saint-Tropez. Le beau frère du cousin de ma voisine du dessus a beau faire un footing tous les jours et jeter le lard de son jambon, il restera toujours un gros con.
Vous allez dire que je suis con, mais je sais une chose, c'est que pour éviter d'être très con, il faut marcher sur la plage ou longer une rivière, parce que les plus cons d'entre nous s'accordent à dire que l'on est un peu con sur les bords.
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C'était un matin comme tous les matins. Bien douillettement emmitouflé dans mes couvertures j'entendais le vent égayer les branches du bouillard dressé fièrement derrière les persiennes closes de ma chambre à coucher.
Il était l'heure de se lever, je me levai, donc ...
Plus exactement, mon fantôme se leva et se dirigea à tâtons vers la cuisine pour faire cuire le café de la veille. Moi, je pris sa place progressivement, sans trop brusquer mes vieux os, et une fois bien installé j'avalais le liquide bouillant. Ceci fait, je décrétais que j'étais réveillé.
Que vais-je faire de ma journée?
Vous remarquerez que j'ai écrit cette dernière phrase en employant le futur, ce qui est une insulte grave à la concordance des temps : il aurait fallu ... il eût fallut ... l'éthique voudrait que je continue à parler au passé. "Qu'allais-je faire de ma journée" eût été plus approprié mais comme c'est tous les matins que je me pose cette question, j'anticipe et de ce fait évoque un avenir proche, ce qui n'est pas plus désagréable à lire, donc fichez moi la paix, c'est moi l'écrivain, j'écris ce que je veux et vous, lecteurs, vous lirez ce qu'il y a sur la page, non mais !
Où en étais-je ? Ah, oui ...
Qu'allais-je faire de ma journée ?
Il n'y avait pas de linge à mettre à la machine, un bref coup d'œil dans le réfrigérateur m'indiqua qu'il n'était pas nécessaire non plus de faire des courses; les quelques minuscules poussières tombées pendant la nuit sur le tapis du salon ne justifiaient pas que je sorte l'aspirateur de son placard, d'autant qu'il n'était pas plus de neuf heures, que certainement la voisine du dessus était encore au lit et qu'elle risquait de défoncer mon plafond à coups de manche à balai si je venais à la perturber, Madame.
Pas d'anniversaire à fêter, pas d'enterrement non plus, et ça n'était pas bien grave : les dernières funérailles auxquelles j'avais participé n'étaient pas très réussies. Tous les éléments étaient pourtant réunis pour faire une chouette réception : les dames en noir avec leurs mouchoirs qui sentent si bon l'oignon, le curé déguisé dans sa belle robe bien blanche, des jolies fleurs de toutes les couleurs un peu partout ... tout était là sauf l'essentiel : le mort. C'était l'enterrement du père François, et le père François, il était tellement con que de son vivant tout le monde l'évitait soigneusement; alors ce jour-là, on ne l'avait pas invité.
Donc, je n'avais rien de très important à faire ce matin-là alors je me suis dit : "Et si j'allais sauver le monde ?"
S'il n'y avait qu'un humain qui puisse redonner à la planète toute sa beauté et sa joie, combler l'humanité d'harmonie et de bonheur, c'était bien moi ! J'étais décidé, j'allais ce jour-là sans plus tarder devenir le Grand Sauveur.
Ensuite je suis allé me recoucher.
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Toute ressemblance avec une haute fonction de l'Etat existante ou ayant existé ne peut être que fortuite... ou presque.
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Suite à la lecture de l'excellent texte de @Dim "Soldat malgré lui", je viens de fouiller dans mes archives pour vous retrouver cette ancienne composition certes de moindre qualité, mais qui a l'avantage de dénoncer aussi "cette horreur qui consiste à envoyer des enfants faire la guerre".
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Défi
La médecine a fait des progrès considérables ces dernières années, tant et si bien que je me sens à présent tout à fait capable de reprendre une activité professionnelle. Quoi faire, cependant, à deux ans de la retraite ? quel patron stupide voudrait embaucher un vieux bonhomme comme moi, avec un trou de plusieurs décennies dans son curriculum vite fait ?
A tout hasard je consulte les offres d'emploi, qui sait ?
Après moult recherches, découragements et désillusions, je m'apprête à refermer mon journal et par dépit le ranger soigneusement au fond de la poubelle, quand mes yeux ébahis sont irrémédiablement attirés par ce petit encadré insignifiant et noyé dans la masse, qui se présente ainsi :
"Société spécialisée dans la recherche de la vérité recherche sage diplômé d'état, 40 ans d'expérience exigée - Rémunération : le monde ".
Sage je suis. Je n'ai pas de C.A.P. de sage, je n'ai pas non plus publié de thèse en sagesse, mais je le sais parce que ma voisine de palier me l'a dit l'autre jour. Maintenant, 40 ans d'expérience, ça fait beaucoup. Dans ma vie, j'ai été plein de choses :
Gamin : je le savais parce qu'un brave quidam m'en avait informé quand j'avais à peine 10 ans : "tu n'es pas encore à l'école, gamin ?" m'avait-il dit.
Jeune homme : ça je l'ai su à mon premier entretien d'embauche. Le directeur du personnel qui m'avait reçu m'avait répondu : "Il va d'abord falloir faire vos preuves, jeune homme".
Monsieur : "Après vous, monsieur", "Pouvez-vous me donner l'heure, s'il vous plait, monsieur?" "Veuillez patienter, monsieur, nous recherchons votre correspondant", "Monsieur je ne vous permets pas" ... etc. etc.
Vieux crouton : ça je ne vous dis pas comment je l'ai su, ce n'est pas un très bon souvenir.
Maintenant on me dit que je suis un sage. Je veux bien le croire, d'ailleurs ça m'arrange, mais je n'ai pas exercé cette activité pendant 40 ans, loin s'en faut.
Alors si vous n'y voyez pas d'objection, je vais laisser ce poste vacant pour un autre sage beaucoup plus motivé que moi, et je retourne me coucher.
Bonne nuit.
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De chaque côté de la fenêtre il y a des enfants.
Un rayon de soleil frappe les carreaux, illumine de son reflet les petites frimousses des garçons qui jouent à la guerre, des filles qui jouent à la dînette.
Un rayon de soleil pénètre dans la grande chambre noire, frappe la porte close, enflamme sur son passage les poussières qui dansent.
En silence.
Une faible lueur nuance à peine le visage figé du petit bonhomme assis dos au mur, en tailleur.
Il n'a pas d'amis.
Il fait des origamis à sa façon.
Il plie et replie des petits bouts de papier, pendant des heures. C'est l'idée qu'il se fait du bonheur.
On dit qu'il n'est pas normal. Il le sait. Ça lui fait mal.
Les années passent, le petit fantôme devient un homme.
Il a gardé avec lui sa fenêtre ; il l'oriente vers le soleil et capte les rayons.
Il observe les poussières qui dansent. Ça lui rappelle son enfance, celle qu'il n'a pas eue. Ça virevolte, ça va dans tous les sens.
De l'autre côté de la fenêtre il y a des ouvriers, des secrétaires, des gens qu'on admire, d'autres qu'on méprise, des gens qui se font la guerre et qui rentrent le soir se remplir le ventre d'une bonne soupe bien chaude.
Les années passent encore. Une faible lueur nuance à peine les marques du temps gravées sur le visage du petit rien du tout.
La poussière s'est déposée sur sa fenêtre, il ne sait plus où est le soleil.
Son cœur épargné par la guerre ne reçoit plus de chaleur.
Il n'est pas normal, le petit rien du tout. Personne ne le lui dit plus, mais il le sait et il en est heureux.
Quelqu'un a lancé un caillou vers sa fenêtre.
Un rayon de soleil traverse le carreau cassé, et vient illuminer ses yeux pour la première fois.
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Je t'aime mon amour je t'aimerai toujours
Mais je ne t'aime pas jusqu'à la fin des jours.
Tu m'as aimé un jour mais tu ne m'aimes plus.
Et moi je l'ai dans l'tra-la-la-la-li-la-lu,
Tra-la-la-la-lère !
Sans en avoir l'air.
Je t'aime comme un soleil, je t'aime dans mon sommeil.
Tu m'aimes comme une abeille au creux de mon oreille
Mais je ne t'entends pas et je ne t'aime plus.
Et c'est toi qui l'as dans l'tra-la-la-la-li-la-lu,
Tra-la-la-la-lère !
Sans en avoir l'air.
On dira que je t'ai aimé, je t'ai fait envie.
On dira que tu m'as aimé, tu m'as fait envie.
On dira qu'on a décidé qu'on ne s'aime plus.
On l'a tous les deux dans l'tra-la-la-la-li-la-lu,
Tra-la-la-la-lèèèèère !
On en a tout l'air.
La meilleure façon d'aimer
Je crois que c'est la nôtre,
C'est de faire comme les autres
Et se séparer.
Ba-da-ba-da-ba-da-bam !
Ba-di-ba-di-bam !
Zim ! boum !
Pou-pou-pidouuuuu ...
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Dans ma maison c'est chez moi et chez moi c'est moi qui commande.
Dans ma maison on m'appelle "chef"
— Oui, chef ! Bien chef !
Dans ma maison je suis heureux, c'est le seul endroit où je suis bien. Quand je rentre le soir, je tire une bonne bière du frigo, je ressors le journal du matin et je fais les mots croisés devant la télé pendant que ma petite femme prépare une bonne soupe qui sent bien bon.
— C'est bientôt qu'on mange ?
— C'est presque prêt.
— Magne toi, j'ai la dalle !
— Oui, chef ! Bien chef !
En famille, autour de la table, nous sommes bien. Le petit pleure parce qu'il n'aime pas la soupe, l'autre fait la gueule parce qu'il a le dos tourné à la télé vu que le film est présenté avec le rectangle blanc, et tout le monde est content.
Au travail, ce n'est pas chez moi et je ne suis pas bien, je ne suis pas heureux. Je devrais pourtant, vu que je suis payé 3,785 centimes de plus par heure que le tarif syndical, mais je n'en profite même pas de ce fric, il faut payer les traites de la maison avec, et celles de la voiture, et les cahiers des gamins.
Au travail si je ne fais pas semblant de somnoler, mon supérieur croit que je m'amuse; dans le cas contraire j'ai quand même droit à des remontrances.
— C'est pas encore fini ce boulot ? Il faut vidanger toutes ces pompes, puis les graisser, et quand t'auras terminé tu iras cirer celles du patron, allez, hop !
— Euh ... oui, chef, ... bien chef ...
Et puis il y a les vacances. J'emmène toute ma petite famille au camping du comité d'entreprise. On s'entasse dans ma petite Ford Fiesta avec tout le barda et nous voilà sur la route de Deauville rejoindre les collègues. On va s'en payer du bon temps à belotter en parlant du boulot et en critiquant les patrons !
Dans ma petite ford fiesta je suis comme chez moi sauf que je n'y suis pas bien. J'ai pourtant mis sur la plage arrière un petit chien qui remue la tête quand on roule sur une bosse, ça agrémente le paysage et ça me calme un peu, parce que tout le reste m'énerve.
Au volant de ma petite Ford Fiesta je ne suis pas heureux. Les gamins n'arrêtent pas de s'agiter, ils vomissent, ma petite femme fait la tronche pendant tout le trajet.
— Chef, on peut s'arrêter 5 minutes, les enfants ont envie de faire pipi.
— On n'a pas le temps ! Si on veut arriver avant la nuit pour monter la tente, il ne faut pas traîner. Et regarde moi celui-là ! Il roule au milieu de la route, je ne peux même pas le doubler. Va donc, eh ! connard !
A la nuit tombée, après avoir insulté trois camionneurs et cinq péquenauds, nous arrivons enfin au camping. Je suis exténué. Heureusement, je retrouve Dudule, mon pote de toujours, qui me paie un coup à boire pendant que ma petite femme et les gamins se débrouillent à monter la tente.
Oui,je sais, je suis un beauf, mais vous, qui êtes vous pour me juger avec vos séances de psy, de stretching et vos yaourts allégés au bifidus actif ? Dans la vie, tout le monde est un boulet pour quelqu'un, et qu'on ait fait de grandes études ou pas, on a tous notre fardeau à porter, c'est comme ça. Si on était plus tolérants les uns envers les autres, ce fardeau nous le porterions ensemble, et il serait moins lourd.
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Défi
La qualité des textes publiés en réponse à ce défi m'a donné envie de m'éclater un peu à mon tour. C'est sans prétention, mais ça m'a bien amusé de l'écrire.
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Défi
Je suis célibataire, associable et heureux de l'être. Si le mariage pour tous avait été voté quelques décennies plus tôt, je me serais marié deux fois et aurais divorcé deux fois également.
À l'âge de 19 ans la majorité passait à 18, j'en profitai pour faire mon sac: un jean, un duvet et 15 francs en poche, ce fut suffisant pour parcourir les routes d'Europe pendant des années. J'ai vécu de toutes sortes de jobs, fréquenté des milieux divers, découvert des cultures variées.
De retour forcé sur Nantes, plus prestigieuse cité de l'Univers, banlieue de Couëron, ma ville natale, la maladie me fit prendre conscience qu'il serait temps que je me rende utile. J'ai participé autant que possible à la vie associative et politique, et me suis essayé à des activités artistiques, sans grand succès. Il ne suffit pas d'avoir vécu des choses extraordinaires pour savoir les partager.
À présent je suis un vieux sexagénaire infréquentable, politiquement incorrect, attaché à des valeurs éculées comme la solidarité, le non jugement, la tolérance, et je n'ai pas la moindre envie de me faire une place dans la société.
En fait, je veux toutes les places : celles du haut, du bas, et de la marge. Je veux les places que les autres ne veulent pas parce que celles d'à côté sont mieux, on y voit mieux la scène... mais la scène je n'ai pas besoin de la voir, je connais le spectacle par cœur et il n'est pas toujours très réjouissant.
Je veux une place derrière le pilier, pour pouvoir faire tout ce que je veux sans que personne ne vienne y redire.
Je veux un strapontin pour pouvoir filer en douce à l'heure du sermon.
Je veux la place derrière la grosse dame au chapeau rigolo et qui sent si bon le patchouli.
Je veux être près du radiateur l'hiver, et près de la fenêtre quand revient le printemps.
Je monterai sur l'estrade, puis j'investirai le perchoir. On me tendra un micro, mais je serai déjà parti.
Je suis le fantôme de la société, celui qu'on voit mais qu'on ne regarde pas, qu'on entend mais qu'on n'écoute pas ; moi j'écoute tout, j'observe tout, mais je ne vois ni n'entends rien. C'est le vide, le grand vide, dans cette société où il n'y a rien que des petites places, une pour chacun, avec son nom marqué dessus.
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L'enfant qui attend
Au pied du tertre rocailleux
N'a pas d'aiguail au bord des yeux
Il a le cœur qui bat au rythme des printemps
Il attend
Dans une brûme grise
Il attend
Que ses os se brisent
Tels ses rêves malmenés emportés par le vent
L'enfant qui attend
Assis sur une pierre
N'a pas de sel sur les paupières
Il passe les saisons
Sans raison
Devant le mausolée de ses parents
Sans raison
Face au sépulcre transparent
Il regrette ce court instant
Où il était vraiment enfant.
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Mon cher Pierre,
Ce serait avec la plus grande joie que je donnerais mon accord pour la publication de l'œuvre magistrale que vous avez déposée, mais comme vous le spécifiez dans les premières lignes de votre récit : "dans cet instant intemporel, il ne se passe absolument rien."
Comment voulez-vous intéresser des millions de lecteurs si vous leur racontez une histoire où il ne se passe rien ?
« Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va », et il n'y a pas d'édition pour un manuscrit qui ne sait pas quoi raconter.
Hormis ce détail, qui a toutefois son importance, vous en conviendrez, vous devez savoir que notre ligne éditoriale est basée sur la plus stricte laïcité, alors vos histoires de pape, vous pouvez vous les garder. Ensuite vous passez de la religion à l'astrophysique, non, mais là on ,nage en plein délire !
Et ce n'est pas tout. J'aimerais vous dire que vous commencez à m'emmerder à noyer ma société d'édition par l'abondance de vos écrits tous plus stupides et débiles les uns que les autres. Ce n'est pas votre "Constance" qui n'a pas fait de longues études ni travaillé sur les sciences, c'est vous. Tout le monde n'a pas une chair à la Sorbonne, mais alors vous, vous n'êtes pas prêt d'attraper un rhume de cerveau, c'est moi qui vous le dis.
Vous écrivez que votre héroïne a l'étrange impression de ne rien avoir accompli durant ses vingt-sept années d'existence, mais vous ça fait 50 ans que vous n'avez pas écrit une ligne intelligente.
Je vous prie d'accepter, mon très cher Pierre, mes sentiments les plus dévoués.
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