Le grand Voyage est le projet de Laborantina une société toute entière dévouée au progrès religieux et biologique. Un jeune homme Radigan l'entreprend à ses risques et péril. Il doit traverser le temps pour retrouver les origines de sa caste et instaurer un lien psychique entre passé et présent. Mais peut-il accomplir un tel voyage sans se perdre et perdre ceux qu'il aime?

Chat te dit un bonbon ? Non tu manges pas chat toi. Si on jouait à Chat tu serais le chat ou pas ? Sûr là tu peux pas… Tu t’occupes de tes ptios chats. Si j’en état un, ça me ferait plein d’ptits frères ou de ptites sœurs. Ou ptèt un peu des deux. Chais pas. Chui là si je regarde… ptèt ben… Oh ben j’en sais rien. C’est trop tôt. Ast’âge là c’est un peu comme des ptits rats. Tiens râle pas, y piaule comme un poussin chuilà. Voilà je te rend à ta maman. Quelle heure qui sfait... Ouh, chat chauffe à la maison. C’est pas l’heure de rentrer. Tu sais chat toi ou pas ? J’vais tenir compagnie, comme chat tu t’ennuyera pas, chais qui chont pas pas bavard cheux là.
Qu’est-ce ça gueule chez moi…, d’ici t’entend ou pas ? moi pas bien. Chai pas, ça me semble comme si qu’c’était pas trop l’heure de rentrer. A moins qu’ça gueule pasque chui pas là… Tans pis, chtrouverai bien un truc à grailler en bas quand y s’ront couchés, zont qu’à bouffer tout seul ceux-là.
M’est d’avis qu’tu devrais pas trop y pointer tes moustaches et moi pas y pointer mon nez, surtout que la Jocelyne elle a vu qu’t’était grosse ; quelle dit qu’les chat ça sert à rien, qu’c’est que d’la chat-loperie tout chat.
Chat lui clouerait le bec de t’y voir toute vautrée sur son châle que j’y ai piqué la dernière fois. T’as pas intérêt à lui dire. Chat manque pas chat parole un chat. Che soir si chat t’dit j’t’apporterai du lait pour toi. Qui boivent tant les ptits qui t’y restera pu qu’la pô sur les os comme y dirait l’Raymond. Qu’cette chatte elle a qu’la peau sur les os que c’est misère d’ t’y voir un animal qu’a plus de gale que d’poil.
Moi j’men fou. J’vais ty donner du lait. Qu’ça te re’tapera d’partout. J’vais y mettre un jaune d’œuf. Le blanc onl’fra couler dans l’évier. Ni vu ni connu. La coquille dans le tas d’fumier, bien caché, tu t’inquiètera pas si j’ai les mains qui puent. Tu t’en fou toi, tu m’aimes comme chat. Chat aime un chat. Chais ça qu’est bien.
J’leur dirai pas. Pas où t’es. L’oncle y dit qu’on peut tout y donner aux chiens. Qu’ni une ni deux bon débarras. L’oncle y dit qui sait tout mais y sais rien. J’lui dirai pas ; Pis j’dirai rien. Pis j’viendrai t’voir ; pis j’y prendrai les œufs aux poules.
J’les entends plus. J’y vais ou pas ? Si l’oncle y vient ? Et pis demain quand chui pas là ? C’est qu’y piauleraient pas un peu fort tes ptiots… Chat alors … Ou j’les emmène. Tu sais quoi ? chui pas sûr que la maîtresse elle aimerait chat. A moins… Elle a une moustache aussi… alors… Ptête ben… Oh pis j’crois pas. C’est pas une bonne idée… faudrait lui expliquer. Chui pas doué pour expliquer des trucs aux gens. Chat fini toujours en eau d’boudin. Avec leurs trucs d’adultes y s’y complique toujours le truc que t’essaie d’y leur dire, qu’un chat il y trouverait plus ses ptits comme elle dit la Maryse quand elle fouille dans mon sac en soufflant. C’est à cause de l’angine de poitrine, qu’est-ce qu’elle souffle la Maryse, pas à cause de mon sac. Elle a des anges qui sont couché sur ses poumons, qu’elle dit que quand y s’réveilleront y vont l’emmener tout droit au ciel.
Tu crois qu’elle ira toi ? Chat tue pas les ptit chats les gens qui vont au ciel dit ? Un bon point pour elle, qu’elle pourra continuer à fouiller mes affaires tant qu’elle veut. Et les chats ça va au paradis à ton avis ? Tu sais ça toi ? Raymond y dit qu’non. Même les p’tit ? qu’j’lui ai dit. Qu’il est con ! qu’y m’a dit en regardant ailleurs. Y rgarde toujours ailleurs Raymond, à croire que c’est pour ça qui voit rien. Sauf que si y t’y voit… restera plus grand-chose…
La portée à Clamée y l’a dézinguée sur le mur. Poc poc poc comme du pop corn qu’y rigolait. Sauf que c’est rouge que j’lui ai dit ; même pas qu’il a dit ; mais qu’s’y t’ y rgarde pas, squ’t’es pas un homme qu’il a dit.
Pis il a rit ; poc poc poc qu’il a répété comme du pop corn qu’il a dit. J’en mangerai plus. Pas même au cinéma. D’ailleurs moi j’aime pas ça. Et pis j’ai pas rgardé, j’en ai pris un qu’était juste là, pis j’ai rlancé un peu plus loin. Pas un homme que j’y ai dit ! Y m’a passé la main dans les chveux. Il a rit. Mais si, mais si qu’il a dit. La main dans les chveux, entre les deux oreilles. « Miaou Miaou » qu’j’ai crié. Chui pas un homme, chui un chat qu’jui ai dit quand j’étais loin. Qu’il est con s’te gamin qu’il a dit. Encore.
C’est pas chat faute à Raymond si y comprend rien. Il entend plus d’une oreille ; alors les idées nouvelles comme celles de la télé, elles peuvent pas rentrer. Et puis les autres, celles qu’y pourraient avoir tout seul, elles se sauvent dès qu’elles voient où c’est qu’elles ont germé… elles sortent par l’autre oreille, celle où y a pas d’appareil. D’habitude on dit qu’y reste rien entre les deux oreilles. Raymond y l’y reste que des certitudes. C’est ça qui lui donne du chat-risme qui dit, et l’sens du commandement. Y dit aussi qui faudrait m’y mettre du plomb entre les deux oreilles et qui voudrait bien s’en charger à coup d’pieds au cul si y faut. Y dit qu’pour lui ça a bien fonctionné. Moi j’dit que du plomb entre les deux oreilles ça doit pas y laisser beaucoup d’place pour y fourrer deux trois idées. Vla t’y pas que chpourrais y devenir comme lui ? Chat alors faudrait mieux qu’y m’y trouve ici avec mes chtotes frère et sœur chats. Ploc, ploc ploc, comme du pop corn… Chat y est y zon éteint. Tu sais quoi j’vais rester là. On verra d’main. Chat ira, chat va toujours.

Petit recueil de Parémiologie (dans l’Univers du Projet Laborantina)
en réponse au défi de Taïk de Nushaba « créer des proverbes ».

Pas besoin de sortir un lapin d’un chapeau. Quelle soit en lutte pour sa survie ou en quête de nouveaux territoires, l’humanité ne sait jamais à quelle sauce elle va être mangée…
Dans cet univers d’incertitude et pour faire face aux coups du sort ne partez jamais sans emporter avec vous un concentré d’intelligence ! Objet indispensable à votre avenir, notre gamme complète mettra à votre service les meilleurs cerveaux de ce siècle et des précédents. De l’utilisation d’un propulseur positronique pour calculer une trajectoire de vie satisfaisante à la taille du silex en passant par l’utilité politique des lois, l’aventure spatiale n’aura plus de secret pour vous et les embûches d’un nouveau monde seront de simple escarmouches sur le chemin de votre sédentarisation heureuse et réussie.
La voie du bonheur en concentré, la réponse à toutes vos questions des plus ardues aux plus naïves offerte par nos différents degrés de concentration avec une sagesse résiduelle allant de 28 à 38% sur extrait sec, la vie n’aura plus de secret pour vous.
Notre mode de production industriel et standardisé est parfaitement contrôlé. Hygiénique, il garantit une pensée fluide, facilement délayable, résistant aux coups de chaud et démontrant le plus parfait sang froid dans les situations les plus tendues. N’ayez pas peur de récolter les fruits de notre travail, garanti sans démagogie et sans OGM (Organe Généralisant Manipulateur), notre concentré est issu de nos meilleures cultures. Vous pourrez l’étaler sans crainte de déplaire, très élastique il s’adapte à toutes les couches de la société des plus ordinaires aux plus élitistes. D’une fiabilité encore inégalée il ne vous laissera pas en rade lors de votre voyage. Laissez derrière vous le cauchemar des trous noir et des blackouts, entrez dans la lumière d’une aube nouvelle où vos efforts conjugués à notre savoir-faire vous permettrons de rester unis face à l’adversité.
Economique, il est vendu à l’unité pour un usage unique ou en lots facilement transportables pour un usage familial ou communautaire. Facile à partager il se plie en quatre pour se prêter à toutes vos fantaisies et se met à toutes les sauces. Utilisez le toujours, même avec parcimonie, il assaisonnera votre vie future d’une pointe d’esprit. En consommé, dilué, ou juste en assaisonnement, un zest suffit pour révéler les talents et partager l’espérance de se voir à jamais heureux dans l’abondance ! Faites de votre planète d’accueil, un pays de cocagne pour vous et pour les générations à venir.
Le détail qui fait mouche : notre produit a été élu meilleurs produit de la galaxie 2122 sur l’échelle de Vinci.
Il a également été nominé espoir de l’humanité catégorie solutions innovantes et retenu comme produit de grande consommation et d’utilité publique par le ministère de la sauvegarde des espèces en danger du conglomérat « Voie Lactée, une voix pour l’avenir des espèces et des civilisations menacées »
Précaution d’usage : ne pas administrer aux enfants de moins de trois ans sans surveillance de leurs parents, présente des risques d’étouffement ou de fausse route ; ne pas administrer aux animaux de laboratoire, certaines études ayant révélé des risques particuliers d’inversion civilisationnelle pouvant résulter d’une consommation inappropriée, cas dit de « la planète des singes » ;
La société « Concentré pour mieux penser » se décharge de tout effet secondaire consistant en changement de vie radical, nouveaux concepts et prises de positions inédites pouvant résulter d’une consommation excessive des produits « concentrés d’intelligence 28 et 38% » en lot individuel, ou en format adapté aux collectivités.

Ce qui ne me concerne pas, ou les tribulations d'un astronaute à la retraite :
Réponse au défi de Béa, "présentation atypique : vous êtes astronaute à la retraite, en pleine dépression, envoyé ici par votre psy. Qu'écrivez vous ?"

Réponse au défi "présentations atypiques"
Il y en a qui développent des traits de caractère, moi j'aime tourner autour du caractère du trait. C'est dans cette perspective que je cherche la source de l'écriture qui est mienne et se présente à vous dans le face à face détourné des mots mis dos à dos.

illustration: détail d'une peinture de Julia Macaire trouvée sur le site : http://www.lyc-monnet-lqly.ac-versailles.fr/spip.php?article527

Le jour de l’accident, il était monté sur un escabeau. Sous les yeux attentifs de sa gouvernante, il tentait d’attraper, en haut du buisson, la manivelle du cerf-volant.
Penché sur la trappe d’évacuation des eaux usées, son petit frère Gabriel faisait tomber de petits cailloux dans l’eau sale tout en guettant le bruit de leur chute et les reflets concentriques de la lumière sur l’eau noire.
Il n’y a pas de domaine où cet enfant échappe à la plus repoussante trivialité, pensa sa mère alors qu’elle se redressait sur son transat, sa gorge aux courbes convaincantes négligemment offerte aux regards de cet après-midi estival. Elle ramassa son châle et s’en couvrit les chevilles dans le respect d’une étiquette dont elle seule connaissait les clefs.
À l’étage, confortablement allongé sur le divan qui faisait face à son bureau, le comte, figure emblématique de la bonne société, contemplait la scène grâce au miroir qu’il avait fait installer de biais en surplomb de la commode. Dans le désordre organisé de ce cabinet de travail, les tiroirs du vieux meuble laissaient s’échapper plusieurs liasses de papiers et une vieille pipe à opium. Le bonheur familial qui s’affichait maladroitement dans l’encadrement de bois et qu’il ne se lassait pas de contempler, lui apparaissait sous l’effet de la drogue avec l’étrangeté propre aux tableaux de Vallotton dont les perspectives tordues annonçaient le basculement des âmes avant même que n’advienne celui des corps.

À la croix que dessinait l’ombre portée du biplan sur le sol, il sut que sa hutte ne constituait plus une cachette suffisamment sûre. La guerre, sans consultation, s’était invitée jusqu’à cette contrée reculée où l’organisation minutieuse de la vie semblait, par son exotisme et par son exubérance même, échapper à toute tentative de conquête.

Réponse au défi "Le Latin, que savez-vous sur le latin?"

illustration: estampe de Jean-Emile Laboureur

Poème holorime à parcourir à l'envers comme à l'endroit, mais un peu confus tout de même, en réponse au défi "vers holorime" de roland maille

Des pieds des rimes partout, pas un pas de coté ...
Des hémistiches les fous, parjurent les césures
Quel carnaval en somme que cette musique là !

Personne agée recherche temps perdu récompense