JAC LYNN
Ecrire ce que le monde me dit d'émotions, d'images, de rêves et de messages me guide dans mes élans sur toile et sur papier. Qu'il se dénude ou se chamarre, toujours il se confie, souvent je lui réponds en y mettant mon petit grain de sel .
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œuvres
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défis réussis
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"J'aime" reçus
Œuvres
« -Voilà, nous sommes chez nous ! »
D’où elle vient, à part la prison, rien n’est fermé ! Propriétaires, si peu le sont.
Dans la bouche de l’homme, ce nous est une évidence qui frise l’injonction dans le ton. S’il lui fait chaud au cœur, elle sait qu’il est sans retour, quelle que soit la qualité de son existence…
Ils sont noirs, elle et le parapluie qu’il tient à bout de bras sous les cordes qui font ployer les fleurs blanches, semées par bouquets sur les branches des pommiers. Elle plisse le nez : elles n’ont pas le parfum des frangipaniers ! Par contre flottent dans l’air des bruits et des relents qui lui sont familiers : serrées sous l’averse les vaches beuglent de concert, réclament l’heure de la traite. Leur nombre l’impressionne !
Exotique dans son kanga[1] tribal orange et jaune zébré de graffitis sombres, elle semble tombée du ciel sur l’herbe spongieuse verdissant partout dans le verger qui cerne la maison. Elle referme les pans de la grande veste fleurant bon le tabac : jetée sur ses épaules au sortir du 4x4, un geste qui les avait pousser à se regarder dans les yeux.
La grande bâtisse de pierres grises la toise de ses deux étages. Elle a peur de tout cet espace, étouffe dans cette profusion d’arbres polis, rangés dans des cortèges déconcertant l’ascétisme sauvage dans lequel la nature l’a bercée, bien avant la cabane de tôles qu’elle a laissée derrière elle. L’exubérance de vert et la pluie dispendieuse la troublent… Ses orteils pataugent dans ses sandales de caoutchouc.
Tout à l’heure dans la voiture, elle se sentait plus rassurée. Le vieux Land Rover avait baroudé et pas seulement dans les chemins creux du bocage normand. Du moins c’est ce qu’il lui avait écrit. La poussière, la boue, les ornières d’ici ou bien d’ailleurs, il connaissait ! Le fusil aperçu au jeté de son misérable ballot dans le coffre l’avait rassurée. Il chassait, c’était vrai, il n’avait pas menti. Les rubans de macadam pris, échangés, croisés depuis Orly l’avaient subjugués, ici pas de nids de poule ! La vitesse lisse et stable l’émerveillait comme une enfant. Si l’intérieur spartiate, le bruit râpeux du moteur faisaient tâche dans la douceur ambiante douillettement humide de ce mois de mai, elle avait repris confiance, après le choc de l’aéroport.
Derrière la pancarte qui portait son prénom, l’homme l’avait déconcertée. Lui avait même déplu !
[1] Voile de coton imprimé dans lequel les femmes s’enveloppent
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Je m’extirpe doucement de ma mélancolie et de mon club de cuir fauve. Mon fauteuil, je l’emmène. Certes il m'a fallu batailler mais j'ai tenu bon du haut de mes cent trente ans, jugement et fringance ne me faisant guère défaut. La Commission Européenne Sociale a dû faire avec: je partirais assis dans ce vénérable siège pour ma sénior-sphère. J'y ai obtenu une place tout près d’une Zoo-bulle abritant des espèces animales rescapées d’Afrique. Verrais-je pour autant plus souvent mon arrière-arrière-arrière descendance?
Sigismond secoue le doute, pousse son carnet pour caler la petite amphore de porphyre que ses mains cramponnent sur ses genoux. Puis son regard s’accroche à l’éditorial qui s’affiche en images sur le mur de son container: la Tour Eiffel pointe son ossature de métal sur la crête des vagues. Les dômes de Montmartre et des Invalides, deux seins à l’agonie ballotés sur une onde déchaînée…s’y entrechoquent des pans de verre, Montparnasse a explosé! Une voix nasillarde commente :
"-Dans les égouts et les stations de métro, les parisiens se sont organisés, les antennes du Secours Planétaire se sont mobilisées. La Russie moins touchée a dépêché trois sous-marins. Des sondes ascenseurs assurent les navettes à la surface, une plateforme fonctionne nuit et jour pour recycler l’eau de mer en eau potable."
Le reportage s’engouffre ensuite dans une autre tourmente :
"-Les termites et le sida ont dévoré l’Afrique tout autant que la faim. L’océan l’a submergée pour partie, gommant sa corne et son crâne de rhinocéros, naufrageant ainsi bon nombre d’ethnies. Les Pelotons de Lutte contre l’Immigration ont déserté leurs barges de surveillance pour renforcer l’effectif des cyber-stations postées vers la Russie. Dans les déserts africains on a stocké les derniers A380 vendus aux enchères pour fabriquer des navettes privées. La fonte brutale de l’Arctique a déchaîné un tsunami dévastateur pour l’enclave méditerranéenne, balayant les états du Maghreb. Le blog international a confirmé l’éradication d’Al-Qaïda dans le cataclysme."
Sigismond claque des doigts et le mur se tait…il continue d'écrire.
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L’avoir c’est plus que tout ce qui fait papillonner les envieux.
Le posséder vous met à l’abri des cambriolages
Le déclarer préserve vos économies.
En parler en fait un secret bien gardé.
Comme à lui seul il en vaut bien deux, j’en vends UN.
Pour l’euro symbolique : RIEN (une première main)
*Chèque à adresser à la SPA qui fait beaucoup avec rien.
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Questionnaire de l'Atelier des auteurs
Pourquoi écrivez-vous ?
Je lis beaucoup, j'engrange tant que les mots me tarabustent. Ils me font tant d'histoires qu'il faut que je m'en débarasse