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zangor

PARIS.
zangor
Le cri a échappé à Hoc. Ses yeux sont tout mouillés à présent. Son cœur s’est serré si fort qu’il lui fait mal, affreusement mal. Tout cet argent, c’était pour l’adopter, c’est sûr. Ils n’auraient pas payé autant. A présent, il sait pourquoi il est venu jusqu’ici. Il sait qu’il est venu retrouver Vana pour le ramener. Pour qu’il joue avec lui, et qu’il s’émerveille de son habileté à capturer les ravaks.
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zangor
Comme dans toute fable chacun en tirera ce qu'il voudra ...
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zangor
Un soir dans Paris. Le boulevard Raspail qui défile, et mes idées qui se bousculent. Et puis loin devant, sur le bord du trottoir, une femme qui fait du stop : une femme et son enfant d'une dizaine d'années, pas plus. Au bord d'un Boulevard Raspail désert. Je m'arrête - ah si j'avais pu faire autrement ! Mais surprise, ce n'est pas une femme .... et ce n'est pas un enfant ...
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Défi
zangor
Christophe Colomb parlait espagnol. Je ne trouve pas comme çà, d’emblée, l’équivalent de ce verbe en espagnol. Je ne sais pas comment je dirais çà en espagnol. D’ailleurs je ne le dirai pas en espagnol. Cette langue dédramatise tout. C’est le problème, impossible de faire sérieux.
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Défi
zangor


LE LABYRINTHE

L’homme lissa sa barbiche tout en rédigeant quelques notes sur un papier d’une plume nerveuse. Je restais là, immobile, bêtement assis en face de lui, les mains jointes entre mes cuisses. Il leva la tête, et à travers ses petites lunettes je relevais de la malice dans ses petits yeux brillants. Il me tendit la feuille qu’il venait de rédiger :

-          Voilà, articula- t-il, signez en bas. C’est une décharge.

Je le regardais, l’air inquiet

-          Une décharge ? Vous voulez dire que je cours un risque ?

Il prit un air sérieux.

-          Un risque, non. En fait, cela dépend de vous, donc de ce que vous allez trouver. Parfois certains ressortent furieux, ils m’insultent. Les plus vindicatifs ont même menacé de me faire un procès. Comme si j’étais responsable de ce qu’ils ont fouillé en eux. Ma machine n’invente rien. Elle ne fait que refléter ce qu’elle trouve de vous. Ce que vous avez voulu oublier. Ce que vous êtes venu chercher en fait. Elle n’est qu’un indiscret miroir de votre âme. Le choc peut être éprouvant, car on ne possède pas toujours l’âme que l’on croit.

Je me levais sans bien comprendre. Il me prit familièrement l’avant-bras et m’accompagna jusqu’à la porte bleue au fond de son cabinet. Il appuya le bouton plaqué au mur, et un bruit sec de métal retentit.

-          Mais vous m’avez l’air solide, continua-t-il, et de savoir ce que vous faites.

La porte coulissa, découvrant un univers sombre, à peine esquissé par l’éclairage derrière nous.

-          Bon voyage, rajouta t-il. Rendez-vous d’ici une heure.

Il me poussa doucement, presque avec affection. Je ne me retournai pas. J’avançais de quelques pas,  tentant de distinguer quelque chose de consistant, une forme, une matière, un reflet qui m’aurait servi de repère. Mais j’entendis la porte se refermer derrière moi, et le noir noya cruellement mon horizon. Je ne distinguais plus rien à présent. Pas une ligne, pas une ombre, pas un souffle. Je demeurais immobile. Cinq minutes s’écoulèrent, et toujours rien. Les idées commençaient à s’agiter dans ma tête. J’avançais d’un pas. Rester une heure dans l’obscurité ne me tentait pas. J’avançais encore. Rien de rien. Je tendis la main, pressentant que, malgré tout, quelque chose se trouvait là, tout près, et craignant de m’y cogner. Je touchais une surface plane et froide. Du verre à n’en pas douter. Un obstacle. Je me rappelais soudain cette peur panique, à la fête foraine, je devais avoir six ou sept ans. Au milieu de l’odeur du pain d’épice, des pommes d’amour et de la barbe à papa. Quand, ayant lâché la main de mon grand frère, je m’étais perdu dans le labyrinthe où nous étions entré. Ma mère m’avait dit et répété de ne jamais lui lâcher la main, que je me perdrais, que je ne pourrais pas ressortir. L’épouvante qui m’avait saisi à cet instant là, je la ressentais subitement, comme transposé tant de temps en arrière. Tout cela n’avait pas duré bien longtemps, et mon frère m’avait retrouvé bien vite, en riant. Ce qui avait transformé le sentiment d’abandon en sentiment de trahison. Ces émotions, nouvelles pour moi, ne m’avaient plus jamais quitté.

 Seul dans ce cabinet mystérieux, je revivais cette peur. Alors, lentement, comme surgissant lui aussi d’infiniment loin et de fort longtemps, l’environnement quitta le néant, et se révéla peu à peu autour de moi. Je distinguais d’abord une forme sombre, quelques reflets. Un grand rectangle, un liseré de lumière. Je devinais un miroir, et malgré l’obscurité, un miroir dans lequel je me reflétais. Je levais un bras, machinalement, pour confirmer, puis l’autre. L’image obéit et, au fur à mesure de mes mouvements, devenait plus précise.
Quand je pus distinguer les traits de mon visage, je constatai que celui-ci était plus jeune. Les rides sur le front n’existaient pas encore. Mes cheveux étaient plus abondants, mes membres plus fins, mais le regard triste.

Derrière ce reflet l’image se démultiplia, en imaginaire kaléidoscope, en milliers d’éclats qui couvrirent murs et plafonds. Quand je secouais la tête, des milliers de moi-même secouaient la tête. Quand je levais la jambe, l’armée de mes egos imitait le geste. Cette chorégraphie me fit sourire, elle m’intriguait, elle m’amusait, elle me fascinait. Je notais toutefois que ces images, ces reproductions de ma personne n’étaient pas toutes identiques. J’existais dans différents états. Plus jeune par ici, plus vieux par là. Mince comme à vingt ans sur la gauche, un peu d’embonpoint sur la droite, juste avant ma décision de me remettre au sport. Et puis là un enfant aux yeux écarquillés, là-bas un vieillard qui refuse de plier le dos. Ces images de mon être, ces reproductions infinies, représentaient-elles des instants d’une vie, les instantanés d’une existence passée et à venir ? Toutes affichaient le même air appliqué, alternant un côté résigné, un côté vif. Enfant j’étais donc si sérieux ? Sur quelle image suis-je en train de rire ?  A vingt ans je ne respirais pas la joie et l’esprit d’aventure ? Juste ce jeune homme qui erre dans cette immense aérogare ? Je ne pouvais empêcher mes membre de bouger, mon visage de grimacer, d’afficher des expressions enjouées. Et je constatais que toute cette assemblée me mimait, reproduisant chacun de mes mouvements, chacun de mes gestes. Les vieux avaient plus de peine, ils s’y reprenaient à plusieurs fois, se copiaient. Les enfants plus de maladresse, ils en rajoutaient. Les plus jeunes, ceux qui me représentaient entre quinze et trente ans, tentaient de faire mieux que ce que demandais. Si je me haussais sur la pointe des pieds, ils sautaient. Si je contractais mes bras, ils retroussaient leurs manches et gonflaient les biceps. Bientôt tout devint désordonné. Et j’observais que ceux qui, tout à l’heure souriaient encore, affichaient une mine grave à leur tour. Voilà que cette armée, cette armée de moi-même n’obéissait plus à rien, voilà qu’elle voulait prendre sa liberté, retrouver sa vérité. Cinq minutes encore et je ne dirigeais plus rien. Chacun s’exprimait comme il l’entendait, chacun n’avait plus de compte à me rendre.

Me voilà à vingt ans, avec mes béquilles. Cette stupide chute à ski.  Bêtement un jour où j’avais séché les cours. Aller m’excuser le lendemain en claudiquant. Pas facile de monter dans le bus. Une jambe cassée, quand on a vingt ans ! Couper la file au restaurant universitaire avec ma carte prioritaire.  Et puis la trahison. Oui la première fois. Ceux pour qui j’étais un poids, ceux qui s’occupaient de moi.

Ma jambe cassée, une broutille. Je l’avais oubliée. J’habitais une chambre. Chez un particulier qui donnait des cours de violon. Devant plein de miroirs. Déjà. Gentil par devant. J’aimais pas habiter chez quelqu’un, mais je prix était raisonnable. Monsieur Gorecki il s’appelait. Je ne l’aimais pas. Il aurait dû sortir de ma vie. Pourquoi se reflète t-il ainsi, en train de me sermonner ? Je pars donner des cours de maths pour mon argent de poche. Là, cette image juste derrière l’éclopé. Sur ma mobylette je traverse la ville. Je savais enfin faire quelque chose que j’étais capable de monnayer. La découverte. La richesse d’étudiant.

Les nouvelles d’un monde qui bouge. Claude François mort électrocuté. Les magnolias foudroyés.  Ca ne me concerne pas. Je ne suis plus un enfant. Pourquoi ces images de tristesse qui reviennent ? Est-ce d’avoir perdu la jeunesse ? Sûrement pas. Les panneaux de verre clignotent, c’est un adulte qui  monte des marches, des centaines de marches. Ici il porte un enfant dans les bras. Là un prêtre le marie. Je ne vois pas le visage de la mariée. Il signe quelque chose, mais impossible de lire ce dont il s’agit. Tout passe si vite, tout semble si sérieux. Trop sérieux. Il pleut beaucoup.

Et puis là-bas, rien. Quelques miroirs qui ne reflètent rien. Ils restent sombres. Des reflets s’agitent pourtant. Mais ils ne signifient rien. Ils veulent signifier quelque chose, mais n’y parviennent pas. Peut-être faudrait-il m’approcher ? Rentrer plus avant dans le labyrinthe ? Mais je repense à la fête foraine, à mon frère. Et si je ne pouvais pas ressortir ?

Les images s’agitent. Les représentations de mon moi se mettent à courir dans tous les sens. Ici je grimpe les marches de  l’escalier de Montmartre quatre à quatre pour retrouver Simone. Là je descends la rue de Rome en fuyant Cécile. Je remonte la Seine en bateau mouche. Je traverse en courant le grand hall de Roissy que je ne reconnais pas. Je vais rater mon avion. D’ailleurs je vois mon avion, plus loin, qui atterrit à Buenos aires. J’en descends la mine apaisée. Mais pourquoi regarder si loin, là, tout près, c’est un enfant qui marche en mangeant une glace. Il tient la main d’une vieille dame.  Il ne sourit pas. Derrière, en transparence, je vois le même enfant dans un bateau. Il traverse la mer. Il regarde par-dessus le bastingage. Est-ce que ce sont des reflets ou des poissons qui recouvrent la mer ?

Qui sont ces gens qu’on lui présente, qui le prennent dans les bras en pleurant ?

Regarde bien cette télévision, c’est un événement historique qui se déroule sous tes yeux. Quand tu seras grand on en reparlera encore. La petite télévision, en noir et blanc. Qui trône fièrement au milieu du salon. La chose la plus importante qu’ont achetée mes parents. A force d’économies. Des images pas nettes, un président qui se fait assassiner. Qui parle anglais. La mine grave de mon père.

Il est là. Lui mon père. Debout, à quatre-vingt-quatre ans. Se rappelle-t-il seulement de cet assassinat dans cette petite télévision noir et blanc ? Sait il combien la solennité de ce que dit un père peut vous construire ? Comment peut-on assassiner quelqu’un dans une aussi petite boîte. Même les voisins n’ont pas la télévision !

Je regarde l’empilement de ces images, elles se multiplient sans cesse. Je ne suis plus seul. Des personnages m’accompagnent. J’en cherche un. J’en cherche une. Où sont-ils ? Pourquoi ne se montrent ils pas ? N’y a t-il pas assez de miroirs pour les y mettre tous ? Ont-ils décliné l’invitation ? Ont-ils existé ? Ou se cachent-ils dans les reflets des quelques panneaux sombres, sans images. Faut-il que je revienne, une deuxième fois, une troisième fois, pour les amadouer, les faire sortir de leur silence, et leur demander ce qu’ils ont à dire ?

J’entends une sonnerie. Stridente et désagréable. Je réalise que j’ai mal à la tête, que tout tourne un peu. L’obscurité revient. Je suis à nouveau seul, dans le noir. Je ne veux pas bouger. La porte glisse derrière moi. Je devine une ombre. La voix douce du professeur qui murmure :

-          Ce sera tout pour aujourd’hui. On va tâcher de planifier un nouveau rendez-vous.

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On est toujours seul dans la vie ...
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Le pélican et le poisson lune

 

  

Il coursait sur l'écume et ses lueurs mouvantes

Le sillage du poisson. Porté par l’air marin,

Projetant sur les eaux son ombre menaçante,

Il plongea dans la vague pour saisir le butin.

 

 

Le poisson lune voguait, poussant sa forme ronde

Sans hâte et sans souci. Tout à coup percevant

Le reflet de l'oiseau à la surface de l'onde,

Il fuit d’un coup de queue au fond de l'océan.

 

 

Notre oiseau trop pressé, pour la troisième fois

Tenaillé par la faim fit mauvaise fortune.

Il claqua son grand bec, manqua de peu sa proie,

Ne put rageur que voir filer le poisson-lune.

 

 

Perché sur un piquet, ruminant son dépit,

Le pélican  pestait de tant de maladresse.

Dans un bouillon de bulles, le poisson lune jaillit,

Ses ouïes et ses branchies frétillant d’allégresse.

 

 

Le Pélican, furieux, injuria l'arrogant

Qui sans vergogne venait à lui, le provoquer.

- « Un jour prochain c'est sûr, j'en fais mien le serment,

Tu me rassasieras, rempliras mon souper. »

 

 

L’espiègle poisson lune s’amusa du défi :

- « Viens donc alors me voir quand la nuit tombera.

Je flotterai sur l'eau, à cet endroit précis.

Je ne plongerai pas … mais tu m’auras pas ! »

 

 

Le pélican surpris de ce curieux langage,

S’envola jusqu’au soir, rongé  par l’impatience.

Quand, dès l’obscurité, il revint sur la plage,

Il découvrit sur l’eau, ravi, sa récompense.

 

 

Balloté par le sac, tremblant dans le courant,

Tel un trésor caché qu’un démon malicieux

Avait subtilement volé au firmament,

Un disque d’or dansait, caressé par les cieux.

 

 

Notre oiseau au grand bec, partant en représailles,

Fondit sur cette proie offerte à son assaut.

Il plongea, replongea, mais son bec en bataille

N’emportait chaque fois que du vide et de l’eau.

 

 

C’est au petit matin, impuissant, quand la lune

Lassée de tant d’ assauts remonta son image,

Qu’il entendit la voix du drôle de poisson lune,

Montant du clapotis, glosant d’un tel mirage.

 

 

« Retiens bien mon ami : la mer est notre alliée.

Elle protège les siens des appétits d’ailleurs.

C’est pourquoi elle se pare de si trompeurs reflets.

Ce qu’elle offre à ta vue n’est ni vrai ni un leurre.

 

 

Méfie toi des images rendues par le miroir

Pour mieux nous endormir ou mieux nous alerter.

Quand il nous donne à voir ce que nous voulons voir,

Le sage seul scindera mensonge et vérité. »

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zangor
Un petit conte qui nous rappelle qu'il ne faut jamais se détacher de son objectif ....
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Il se lève d’un bond quand le ciel se colore,
Enfile un pantalon troué sur les genoux,
Attrapant seau et canne, il file dans l’aurore.
Il gagne la corniche, un chemin de cailloux.
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Défi
zangor


Ce film n’en finit plus. Marie n’arrête pas de se tortiller sur son siège et de souffler. D’ailleurs on doit pas être les seuls à s’ennuyer, voilà plusieurs couples qui quittent la salle. Curieux pour un film qui cartonne au box office. Ca m’apprendra à croire les critiques.
Tiens, mon Iphone qui buzze. A cette heure ci ? J’aurais dû le couper. Mais qui peut m’envoyer un SMS à 23 heures.
« papa t où ? »
« Cinema pourquoi ? Tu fêtes anniversaire avec ton frère ?»
« T au courant pour l’attentat au Bataclan ? »
« Non 2 heures que je me fais suer sur ce James Bond. Où est ton frère ? «
« Au Bataclan. »
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Une fable, sans prétention. Sur l'amour qui ne connaît ni le temps, ni l'espace.
Comme quoi on peut aimer, même quand on est de bois ...
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Quelques taxis jaunes glissent, encore engourdis, sur le bitume. Pour l’instant ils ramènent fêtards ou travailleurs de nuit, noctambules attardés qui quittent Manhattan pour regagner Tribeca. D'autres arrivent du Bronx, du Queens ou de Kennedy Airport.
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