Recueil de poèmes, écrits au fil du temps.

J'écris pour ne pas avoir à parler.
À dire à voix haut ce que je ressens tout bas.

Poèmes à saveur de pluie d'automne.

Recueils de pensées (description à venir)

(Basé autour des voeux de Jacques Brel, 1968 : https://www.deslettres.fr/lettre-de-jacques-brel-souhaite-daimer-quil-faut-aimer-doublier/ )

Le simple fait d'avoir survécu est très important.

Je me souhaite de me pardonner mes faux pas, mes trépas, mes sottises.
Je me souhaite d'enlever le poids qui pèse sur mon dos, ce poids qui ne m'appartient pas, duquel je ne suis pas responsable.
Je me souhaite d'oublier ce qui ne m'aide pas à grandir et à entretenir mes racines.
Je me souhaite de voir cicatriser et disparaître les traumatismes de mon passé.


Je me souhaite d'apprécier mes qualités autant que j'ai encensé mes défauts.
Je me souhaite d'accepter ce que les autres voient en moi, puisque je suis aveugle à mes propres succès, exploits, qualités et valeurs.

Je me souhaite d'ouvrir les yeux sur une vie si belle, remplie de souvenirs heureux et de rêves en devenir.
Je me souhaite un amour éternel, qui commencera par celui que je me donnerai.
Je me souhaite d'apprendre à marcher vers l'avant, sans un regard vers les Ombres qui me suivent à chaque pas, puisqu'elles m'ont construites.
Je me souhaite d'apprendre à aimer la vie, de pouvoir jouir des moments et d'espérer l'Avenir.
Je me souhaite de vivre et d'abandonner mes gestes de survies, de voir que je suis en sécurité, sur une rive au sol ferme.

Je me souhaite, tout simplement, d'Être avant de Paraître.

Tu t'en veux aujourd'hui, à outrance
Insignifiante insouciance
Alors que tu le laisses entrer sans prévoyance
De lui avoir laissé une chance
La porte ouverte, tu l'acueillis avec bienveillance
À la recherche de contact humain sans violence
Tu as trouvé en lui une nouvelle démence
Alors qu'il t'arrache tes vêtements pour une danse
À laquelle il te force par déviance
Ton esprit, qui part en vacances
Abandonnant ton corps, sa seule résidence
Qui est entraînée dans la déchéance.

Tu reviens trois jours plus tard en silence
Tu vois ton corps en déchéance
Explosé par la négligence
Ton âme s'est enfuit en urgence
Tout pour expliquer ton actuelle défaillance.

Tu t'enlourdies par auto-médisance
Tu te mets en convalescence
Te promettant que cette malchance
Que ton incompétence
Ne te fera pas perdre le sens
De ta vie qui se fait urgence
D'effacer les traces et partir en transe
Vers l'avant, à fond la cadence
Pour oublier son souffle cruel et nos envies de vengeance
Alors que nous ne connaissions pas son nom d'engence.

Mais tu disparaîtras sans puissance
Pauvre rapiécée à la potence
De ta propre prison immense.

Je m'offre mes condoléances
Car cette autre femme est moi, par évidence.

Une jeune femme est assise au volant d'une auto, face public. Elle tient en main son GPS, qu'elle place dans son support.

Voix féminine, blasée : Dans 200 mètres, tourner à gauche.
Sofia : Ok. Ça fonctionne. Merci à Nath de m'avoir passé son GPS pour me rendre chez elle.

La jeune femme se met en route.

Voix féminine, blasée : Dans 600 mètres, tourner à droite.
Sofia regarde l'écran, une expression confuse sur son visage.
Sofia : C'est peut-être un raccourci... Me semble que c'était pas par là, chez Nath...
Voix féminine, blasée : Dans 800 mètre, faire un virage serré vers la gauche.

Sofia s'exécute, puis freine. Il y a un cul-de-sac devant.

Voix féminine, blasée : Continuer tout droit pendant 2 kilomètres.
Sofia : Ben voyons... J'ai encore fait une erreur ?
Voix féminine, blasée : Continuer tout droit pendant 2 kilomètres.

Sofia continue à avancer, puis se stationne près de la pancarte. Elle sort du véhicule. La voix continue de répéter la même consigne, toujours sur le même ton. Sofia remarque, en faisant le tour de la pancarte, un chemin de terre. Elle se penche dans l'auto, ramasse son GPS, puis continue à pieds. La voix se tait quelques instants.

Voix féminine, blasée : Dans 200 mètres, votre destination se trouve au fond.

Sofia s'arrête. Elle voit, devant elle, la fin du chemin. Au bout, une falaise et, en bas, une forêt qui s'étend à perte de vue. Elle donne quelques coups sur la machine et tente d'aller dans les paramètres.

Sofia : Je me suis clairement trompée... Ou cette machine ne vaut vraiment rien.
Voix féminine, blasée : Vous êtes arrivées à destination. Continuer sur 10 mètres, puis laissez-vous tomber.

Sofia reste sans voix, sûre d'avoir imaginé.

Voix féminine, blasée : Je sais où tu veux vraiment être.
Sofia : Ok... c'est qui là ? Nathalie, c'est encore toi qui me joues des tours ?
Voix féminine, triste : Tu ne veux plus exister. Tu ne veux plus aller à tes rendez-vous. Je t'ai apporté là où tu veux vraiment être. Ou ne plus être.
Sofia fronce les sourcils.
Sofia : Ahahah, très drôle Nath. C'est vraiment une blague de mauvais goûts.

Elle commence à faire marche arrière pour retourner vers son auto, mais elle sent un choc traverser sa main qui tient le GPS. Celui-ci tombe au sol, vers la falaise.

Voix féminine, blasée : Votre destination se trouve à 11 mètres vers l'est.

Sofia se retourne et se penche pour prendre le GPS, qui s'éloigne de sa main.

Voix féminine, blasée : Nous savons toutes les deux où le Chemin s'en va. 9 mètres avant ta destination finale.
Sofia, en colère : MAIS QU'EST-CE QUE TU VEUX À LA FIN NATH !?
Voix féminine, blasée : Nous connaissons la vérité, Sofia. Nous savons le chemin. Continuer sur 8 mètres, puis laissez-vous tomber.
Sofia : Arrête Nath, c'est trop loin ton affaire...

Le GPS s'éloigne davantage et se retrouve au bord de la falaise.

Voix féminine, blasée : Vous êtes arrivée à destination. Elle se trouve en bas de la falaise.

Sofia se laisse tomber à genoux à côté du GPS. Elle regarde en bas.

Sofia : Nath... je ne t'ai jamais parlé de mes idées de suicide, de mon plan... Comment tu fais pour savoir que c'est ça, que je voulais faire...
Voix féminine, blasée : Nous connaissons votre destination finale.

Sofia regarde le GPS, et fond en larmes.

Sofia : Ça n'a pas de bon sens mon affaire... Merde !

Sofia prend le GPS et le lance au bout de ses bras. Elle entend le GPS continuer à parler, mais en decrescendo.

Voix féminine, blasée : Votre destination se trouve à 10... 15 mètres à l'Ouest...

Sofia se redresse, ébranlée. En retournant vers son auto, Sofia cherche le numéro de Nathalie dans ses contacts et l'appelle en tremblant.

Nathalie : Bonjour ! Vous avez bien rejoint la boîte vocale de Nathalie ! Laissez-moi un message et je vous rappelle dès que je suis disponible ! Byeeee !

Un beep sonore se fait entendre. Sofia prend une profonde respiration.

Sofia : Salut, Nathalie, C'est Sofia. je trouve ça vraiment poche que tu m'envoies un GPS de farces et attrapes. Si tu ne voulais pas me revoir après toutes ces années, t'avait juste à le dire. J'me serais pas déplacée pour rien, j'aurais pas été autant contente. En tout cas, c'est ben ordinaire, rappelle-moi.

Sofia part son auto et fait le chemin inverse vers chez elle. Arrivée dans son stationnement, elle reçoit un appel d'un numéro inconnu. Elle répond.

Sofia : Oui ?
Voix masculine : Bonsoir, je parle à mademoiselle Sofia ?
Sofia : ... oui ? Qui est-ce ?
Voix masculine : Bonsoir je suis le père de Nathalie. Je viens de prendre votre message... Je ne sais pas quand vous avez parlé pour la dernière fois à ma fille, mais elle s'est enlevée la vie, il y a trois mois.

Sofia, sous le choc, fixe le vide.

Voix masculine : Vous êtes toujours là ?
Sofia : Mais... c'est impossible, j'ai reçu une lettre de sa part la semaine passée, me disant de la rejoindre à une adresse...
Voix masculine : Je suis désolé de vous l'apprendre comme ça... Mais elle... nous a quitté. Elle est tombée en bas d'une falaise où elle faisait de l'escalade... Mademoiselle ? Vous êtes toujours là ?