Vérane tient le premier rôle dans un ouvrage intitulé "Vérane ou Une vie après l'autre". Nous suivons son parcours de vie de la naissance jusqu'à l'âge adulte au travers de son journal intime et de ses rencontres.

Allongée sur le lit, Elle ouvre les yeux et se lève. Près de la coiffeuse le miroir lui renvoie son reflet. Quelques petites rides déjà au coin des yeux laissent un indice discret sur son âge. Quelle image renvoie-t-elle aux autres ? Se demande Elle.
Puis rejoignant l’escalier, Elle descend vers le parc d’un château hors du temps. Rassemblées en petits groupes, des jeunes femmes, tels des parterres de fleurs dans un jardin, paraissent attendre d’être cueillies. Des arbres centenaires, les protègent des regards curieux ou des observateurs mal intentionnés.
Pourtant Elle rêve qu’enfin quelqu’un traverse ce périmètre et la remarque, car le temps passe inexorablement. L’air d’une chanson monte à ses lèvres, Elle fredonne « On est bien peu de chose et mon amie la rose me l'a dit ce matin ». (Françoise Hardy).

Un bruit traverse le silence, un objet tombe au sol dans l’appartement au-dessus du mien. Allongée sur mon lit, les yeux grands ouverts sur la nuit noire, je me demande.
Est-ce que c’est le bruit de l’objet qui tombe qui m’a réveillée ?
Ou bien ; est-ce que j’étais déjà réveillée quand j’ai entendu l’objet tombé ?
Bienvenue dans ma boucle d’insomnie.
Il est trois heures du matin. Je le sais. J’ai regardé le réveil posé sur la table de nuit.
J’hésite toujours à regarder l’heure, car ensuite, je compte les heures avant que mon réveil ne sonne au matin. Mais voilà, une fois sur deux, je fais l’erreur. Et maintenant je me demande.
Est-ce que c’est le bruit de l’objet qui tombe qui m’a réveillée ?
Ou bien ; est-ce que j’étais déjà réveillée quand j’ai entendu l’objet tombé ?
Et puis d’abord, quel est donc cet objet qui tombe si souvent, toutes les nuits peut-être, depuis l’emménagement des nouveaux locataires au-dessus de ma tête. Il tombe si souvent que je me demande où il se trouve avant de tomber et pourquoi cette chute ne provoque pas chez son propriétaire une réflexion, une réaction. Mais peut-être n’est-il même pas réveillé lui par ce bruit, pendant que moi, je me demande.
Est-ce que c’est le bruit de l’objet qui tombe qui m’a réveillée ?
Ou bien ; est-ce que j’étais déjà réveillée quand j’ai entendu l’objet tombé ?
Je regarde l’heure une nouvelle fois, mince, je m’étais pourtant promis de ne pas le faire. Il est trois heures trente, les yeux grands ouverts, je regarde la nuit noire et je me demande.
Quel est donc cet objet qui tombe si souvent, toutes les nuits peut-être ?
Est-ce que c’est le bruit de l’objet qui tombe qui m’a réveillée ?
Ou bien ; est-ce que j’étais déjà réveillée quand j’ai entendu l’objet tombé ?
Au matin, lorsque mon réveil sonne, il est sept heures. J’ouvre les yeux et je n’ai pas de réponse à mes questions.