Eki (Mari)
Les plus lues
de toujours
Défi
Une collection de poèmes écrits selon mes humeurs, en vers libres ou dans des formes plus structurées.
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Ce texte est autobiographique, mais pas une autobiographie classique, pas tout à fait. Celle-ci parle de rêves, de magie, de création, de gens qui se divisent et qui s'unissent, de personnes qui sont peut-être des concepts, de concepts qui sont peut-être des personnes. Et, au milieu de tout ça, d'une famille un peu atypique qui essaie d'être heureuse malgré tout.
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Nous passons environ un tiers de notre vie à dormir. Les images et les idées qui nous viennent durant cette partie de notre vie, sous forme de rêves, sont souvent différentes de celles qui nous animent lors de notre vie éveillée.
Ce recueil est un pêle-mêle d'images, d'idées et de concepts marquants issus de mes rêves.
Ce recueil est un pêle-mêle d'images, d'idées et de concepts marquants issus de mes rêves.
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Un recueil de textes en prose divers, instantanés, écrits selon mes envies. On peut le considérer comme une sorte de portefolio.
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Je ne ferai sans doute jamais de stand-up, mais j'ai eu l'idée des Sit-Downs, de petits textes que j'espère drôles, ou au moins intéressants, improvisés selon mes humeurs, mes envies et mes préoccupations du moment.
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Défi
Minuscule boule ronde, il se tient bien droit, regarde devant lui. J'ai envie de le toucher, de le prendre entre mes doigts. Ses plumes ont l'air si douces. Pourtant je sens qu'il est trop tard. Il va s'envoler.
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Défi
Je suis chroniquement terrifiée de tout. Petit être médiocre qui rampe à travers la vie, je suis ce qu'on me dit que je suis. Je porte tour à tour la casquette du génie incompris et celle de la perdante pas fichue de faire quoi que ce soit.
Ma mère me dit que je suis en mesure de réaliser tous mes rêves, et le lendemain, que quand elle partira, je ne serais plus rien. Que je suis incapable d'être seule. En un sens, c'est vrai. Les quelques amis avec qui je communique presque uniquement par blagues cyniques me tiennent comme un harnais pendant un saut à l'élastique.
J'ai peur de mon passé, peur de ce qu'il veut dire pour mon avenir. J'ai peur de devenir quelqu'un qu'on cherche à liquider et encore plus peur de devenir quelqu'un qui n'en vaut pas la peine.
Parfois j'écris, quand je n'arrive plus à me trouver d'excuses pour faire autre chose. Je dis ce que je pense vraiment, puis j'efface tout parce que je trouve ça mauvais. Ce qui est enfoui au plus profondément de moi est mauvais.
Je suis incapable d'être sincère, surtout avec moi-même. Manipulatrice au possible, je suis prête à écraser n'importe qui pour que la peur arrête de me hurler à la figure. Peur de crever sous un pont, peur de ne plus jamais être aimée par qui que ce soit si ma vraie nature sort au grand jour, peur de devenir comme mes parents, peur que mes putain d'enfants finissent comme moi.
Je suis une personne qu'on a méthodiquement brisée en tous petits morceaux qui ne tiennent plus ensemble et menacent d'éclater sous le poids d'une colle qui ressemble à de la haine. Laissez-moi tranquille, laissez-moi mourir, puisque vous m'avez empêchée de vivre depuis toujours. Laissez-moi cracher ma haine sous formes d'insultes immondes. Laissez-moi lire à travers vos sourires, vos compliments sur mes soi-disant progrès, votre volonté de m'assimiler, de me forcer à tenir dans votre vision de la normalité.
Si je ne dois vivre qu'à travers ma haine, au moins je vivrais. Je suis un ensemble de fragments sans nom, je suis votre plus grande peur, je suis une colère froide prête à vous geler le cœur. Je suis quelque chose que vous ne comprendrez jamais et que je n'arrive pas à m'expliquer.
Je suis une beauté et une laideur, un espoir et une horreur. Je suis le plus grand des potentiels et tout ce qui peut le saboter. Je suis un miroir brisé et un tableau impressionniste. Je suis moi, je suis nous, je suis la paix dans le monde et je suis la mort, la douleur, ce que vous voyez dans vos cauchemars.
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Défi
Le méchant est assis sur le toit de la tour,
Il toise le héros, le gentil, le sauveur.
La victoire est à lui, il parle sans détour :
"J'ai gagné ! Je promets de semer la terreur
Sur tout ce que tu aimes et tout ce que tu es,
De défaire les liens entre les habitants.
J'ai inscrit dans mon agenda tous les méfaits
Que peut commettre un homme ayant un peu de temps.
S'il existe un chaton, je le dépecerai,
S'il existe une fleur, la déracinerai.
Je viens de commander chez un tailleur très chic
Un uniforme noir moulant là où il faut.
Il me faut juste un nom qui sonne maléfique :
Bobby, pour un méchant, ça ne le fait pas trop."
"Pourquoi pas Le Sans-Cœur ?", lui répond une voix.
Le méchant réfléchit, pose son verre à vin.
"J'ai eu raison de te laisser vivre, ma foi.
Ta coopération ne sera pas en vain.
Tu pourrais être utile à mon ambition.
Tout méchant respectable a besoin d'un larbin.
Avant tout, cependant, j'ai une question :
D'où t'est venu ce nom qui me décrit si bien ?"
C'est alors que l'infâme se retourne enfin,
Juste à temps pour apercevoir une lueur :
De la main du héros s'échappe un feu divin
Qui immédiatement lui transperce le cœur.
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Défi
J'ai tout vu
La foudre qui sortait de leurs doigts
Tendus vers des armées de mille hommes
Femmes seules, fières, debout devant la mort.
Un éclair, puis plus rien.
Des chevaux qui ruent
Les hurlements des soldats
Aux cris de "sorcière ! Démon !"
Ils s'enfuyaient.
Je dormais contre leur peau
Pressé la nuit dans le creux de leurs omoplates
Bien en sécurité là où elles pouvaient me sentir.
J'avais beau m'oxyder et perdre mon lustre
Toujours elles me protégeaient.
La première m'a reçu d'une source sacrée
De la paume ouverte d'une femme à la peau nacrée.
Façonné de main de fée
J'étais là au commencement
Comme une évidence, la solution à un mal
Qu'aurait prédit un sage en des temps immémoriaux.
Elles conduisaient la révolte
Révolte des dieux contre les sceptiques
Des purs contre les assassins
De la nature contre la modernité
Des femmes contre ceux qui voulaient les faire taire.
Elles conduisaient la révolte
Enfin je la conduisais, moi
Elles n'étaient rien sans la magie qui coulait
Depuis des temps immémoriaux
Dans la pierre de lune flanquée en mon centre
Mais moi je n'étais rien
Sans leur courage.
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Défi
C'est cette maîtresse de CE2 un peu excentrique - madame Messier ? Meursier ? - qui m'a parlé la première de conditionnement pavlovien. Ses yeux brillaient toujours lorsqu'elle évoquait un principe ou une expérience quelconque, qui n'avait qu'un vague rapport avec le programme, devant notre classe de primaire à moitié assommée par le steak-purée de la cantine. Ceux qui étaient suffisamment réveillés comprenaient qu'il s'agissait de choses importantes, de choses de grands, et nous écoutions avec plus d'attention que s'il avait fallu tout retenir pour un contrôle.
Ce concept ne m'a jamais quittée. Je le mettais à toutes les sauces. J'en trouvais des instances dans les histoires qu'on me racontait, de la plus adorable à la plus atroce. Une amie qui souriait en passant devant la boutique où son petit copain achetait ses vêtements, un collègue qui demandait honteusement à ce qu'on ne claque pas si fort le couvercle de la poubelle, pour avouer au bout de plusieurs mois que les bruits forts lui rappelaient la violence de sa mère lorsqu'il était enfant - et j'étais à nouveau transportée dans cette salle de classe.
Je testais sur moi-même et sur les autres ce qui, comme je l'appris par hasard lors d'une virée sur Wikipédia, s'appelait le conditionnement classique. Ce n'était jamais méchant, jamais malsain. C'était de la psychologie assez banale, et je l'utilisais pour faire le bien. Une amie et moi avions "notre chanson", une jolie reprise acoustique que nous avions l'habitude d'écouter chez elle, enroulées dans une couverture avec une bonne tasse de thé, et elle nous avait toutes les deux sauvées d'une crise de panique à plusieurs reprises. Mon beau-frère, habituellement assez rustre, avait pris l'habitude de vider le lave-vaisselle dès qu'il entendait le générique de Plus Belle la Vie, parce que ma soeur l'avait patiemment rappelé à l'ordre tous les jours à la même heure.
Et puis un jour, quelque chose a changé. Je ne saurais pas dire quoi. Il faudrait poser la question à mon médecin de famille ou à ma psy. Je sais seulement qu'un jour, la peur s'est installée en moi et ne m'a plus lâchée. Bien sûr, j'avais des moments difficiles, des disputes, des difficultés professionnelles, mais rien qui puisse justifier cet état d'angoisse permanent.
Pour survivre, ou plutôt pour ne pas complètement me perdre au contact du monde, je suis retournée dans un lieu que je n'avais plus vu depuis des années. Mon monde intérieur, ce wonderland qui n'appartenait qu'à moi. Petite, c'était mon terrain de jeu avant de dormir, et il me suivait souvent jusque dans mes rêves. C'était un jardin qui s'étendait à l'infini, rempli de grenouilles et de lamas aux couleurs pastels, et les fleurs y étaient comestibles, tout comme les fruits en pâte d'amande qui débordaient des arbres immenses. Dans ce monde, les problèmes typiquement terriens qu'étaient les relations, les devoirs et les disputes parentales n'existaient pas, et c'était ça, bien plus que les bonbons et les animaux, qui le rendait si important à mes yeux.
Seulement, j'étais adulte, désormais. Cette petite étincelle dont parlent les écrivains, cette fantaisie qui vient si naturellement aux enfants, nous la perdons tous en grandissant, et bon courage pour la retrouver. C'est comme demander à un aveugle de voir. Un sens en moins.
Pourtant, je ne voulais pas, je ne pouvais pas renoncer à ce lieu qui avait été mien pendant tant d'années. La solution m'est venue d'un ami aux penchants étranges qui jurait que, par la méditation, on pouvait accéder aux recoins les mieux cachés de notre esprit. Mon petit monde était toujours là, mais la porte s'était tant rétrécie qu'il faudrait l'agrandir méthodiquement pour pouvoir la franchir à nouveau. Cela prendrait du temps et nécessiterait un entraînement rigoureux.
Cette réponse ne me réjouissait pas, et pour cause : je n'avais ni le temps, ni l'énergie de m'entraîner, comme il disait. Il fallait que je puisse accéder à cet espace partout et tout le temps. Il me fallait un raccourci.
L'idée m'est venue juste avant ma première tentative de méditation. J'avais besoin d'une information sensorielle à laquelle m'accrocher. J'ai fouillé les tiroirs de ma table de nuit, et au milieu des feuilles à carreaux noircies de poèmes et des livres de poche jamais finis, j'ai trouvé une bouteille à moitié vide d'eau de toilette à la rose, une fragrance que je ne portais jamais, oubliée par une ex des années plus tôt. J'ai reniflé un instant l'ouverture du flacon. Les années s'étaient écoulées. J'avais fait d'autres conquêtes. Cette odeur ne m'évoquait plus rien.
J'appuyai trois fois, et je fermai les yeux.
Je respirais lentement, et petit à petit, à mesure que mon pouls ralentissait, des images de mon paradis d'enfant, décolorées et translucides, apparaissaient devant mes yeux. Je ne pouvais pas encore m'y promener, ni même le regarder très longtemps, mais je savais que la porte s'ouvrirait un peu plus à chaque essai.
Au bout de vingt minutes, j'avais épuisé toutes mes ressources, toute mon énergie, et je me suis endormie.
Le lendemain, j'ai recommencé. Le jour d'après aussi, et puis le suivant. À chaque fois, ce parfum, qui n'avait pourtant pas grand-chose à voir avec le monde dans lequel je me perdais, m'accompagnait. Chaque jour, j'allais un peu plus loin. Les contours étaient plus nets, les couleurs plus vives. Un jour, alors que je caressais la fourrure rose d'un lama, une marguerite en sucre dans la bouche, je me suis rendu compte que j'étais complètement retombée en enfance. J'avais retrouvé cette petite flamme que l'âge m'avait enlevé.
Ma vie régie par la peur pouvait maintenant s'arrêter dès que je le souhaitais. Il suffisait d'appeler mon patron et de me faire passer pour malade, de décommander un repas avec des amis, et je pouvais m'allonger sur mon lit, pulvériser quelques gouttes de parfum et me laisser entraîner dans un univers sans douleur et sans contraintes. C'était une véritable addiction, bien sûr, mais c'était toujours mieux que la drogue ou l'auto-mutilation.
J'ai dû racheter un, puis deux, puis trois flacons, tant j'avais recours à ce mécanisme que je connaissais si bien. J'en gardais toujours un sur moi, dans mon sac à main, et parfois, assise à mon bureau ou au restaurant, lorsque mon cerveau décidait de me jouer des tours, d'exciter mon amygdale pour essayer de me faire sombrer, je me laissais aller, les yeux dans le vague, tandis que mon corps, désormais habitué à faire semblant, continuait de se mouvoir sans but, de réagir à des sons et à des images que je ne voyais même pas.
Et puis, petit à petit, les choses se sont calmées. Je veux dire par là que je n'avais plus peur de sortir, ni de parler, et les idées noires sont devenues plus rares et beaucoup plus faciles à chasser. En somme, tout était revenu à la normale.
Pendant des mois, je me suis adaptée à ma nouvelle existence, proche de l'ancienne, à l'exception d'une connaissance accrue de moi-même qui se ressentait dans tous les domaines de ma vie. Je flanais à nouveau. Je me promenais dans les rues, le nez en l'air, tous les sens en éveil. Et c'est le moment que toutes les femmes ont choisi pour porter un parfum à la rose.
Ça avait été le hasard, ou peut-être étais-ce dû à la maladie qui rongeait mon cerveau et émoussait ma perception du monde. Depuis le début de mon conditionnement, je n'avais jamais senti d'autre parfum à la rose que le mien. Maintenant, ça ne manquait pas. À chaque sortie, une femme me frôlait ou s'asseyait près de moi dans le bus, et à chaque fois, des notes de la même senteur s'attardaient sur sa peau. Qu'elle soit seule ou mélangée à d'autres n'avait pas d'importance. À chaque fois, sans l'avoir choisi, j'étais projetée dans mon monde intérieur, et le monde physique passait au second plan.
Je ne compte plus les fois où j'ai regardé ma montre en me hâtant dans les couloirs du métro pour arriver à l'heure au travail, et où je me suis réveillée trois heures plus tard, à mon bureau, en train de parler avec un collègue. Mon corps se débrouillait très bien tout seul pour les activités simple, comme parler de la météo et faire semblant de remplir des tableurs Excel. Mon esprit, lui, flottait dans une sorte de Nirvana psychédélique qui me semblait souvent plus tangible que la réalité.
Mes amis le remarquent, bien sûr. Il y a souvent ce voile entre nous, cette brume opaque qui m'empêche de suivre leurs conversations. J'ai du mal à m'extirper de ma transe lorsqu'elle me prend. Ils s'inquiètent parfois, en voyant mes yeux vides et les sourires mécaniques que je leur adresse. Comment leur dire que ce ne sont que les effets secondaires d'un mécanisme qui m'a tant aidée, pas les signes d'un quelconque trouble ?
Au fond, c'est une erreur grossière et facile à éviter qui m'a menée où je suis. Si j'avais simplement utilisé une autre odeur, moins commune, tout aurait été différent. Maintenant, à n'importe quel moment, je peux être transportée dans un monde onirique que je contrôle dans les moindres détails, un univers où le moindre geste fait naître sous mes pieds des écrins de verdure et des rivières de miel. Et puisque mon corps semble capable de se maintenir en vie, qu'est-ce qui m'empêche d'y passer tout mon temps ?
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Défi
Mort ou vif
Et vif je l'étais
Une flèche qui virevolte et tranche l'air de ses vibrations
Minuscule flamme qui s'élance, s'étend, s'étire
Vers l'avenir je me dirige
Et j'y vais en courant, en sautillant
Je ne rentre jamais au bercail
Je suis né trop tôt, car c'était un jour de fête
Ils n'avaient pas pensé que le ventre de ma mère s'était arrondi
Pas à cause des carottes et des choux
Mais parce qu'elle m'attendait, moi
Petite boule de chair pas encore poilue
Reliée à elle, avant d'être tiré
Brusquement, précipitamment
Sous les cris des enfants
De là où j'avais poussé, comme une carotte qu'on arrache de la terre
La petite Capucine avait pleuré que si la lapine attendait un bébé
On ne pouvait pas la tuer, c'était trop cruel
Et Séraphin, le grand, du haut de ses huit ans,
Avait hoché la tête.
Alors on m'avait sorti de là
Naissance mortelle
Car la première chose que j'avais vu
En même temps que la face rougeaude du fermier qui maugréait
C'était ma mère, tenue par les oreilles
Toute confuse, qui hurlait
Et le couteau qui avait tranché le cordon ombilical
Moins d'une minute plus tard tranchait son cou
Outil de mort qui m'avait donné la vie
Nos destins tenant sur le fil des Parques
Nous n'étions que la manière dont nous percevaient les humains
Moi un animal de compagnie
Elle un morceau de viande
Le lait du biberon a laissé place aux légumes entiers
Aux fleurs des prés et aux olives de la table d'apéritif
Les caresses aux embrassades contre la poitrine des enfants
Et ils me laissaient, naïvement, gambader dans le jardin
De sorte que mon corps s'est habitué
À mesure que leur affection s'amoindrissait
À vivre d'herbe et de leurs restes
Et je n'ai eu aucun regret
Ce soir-là, avant le dîner
À creuser un trou sous la clôture
Avec les griffes qu'ils avaient oublié de couper
L'herbe est toujours plus fraîche ailleurs
Les épluchures qu'ils me donnaient ne me suffisaient plus
Ils m'appelaient Boule de Neige
Mais je ne suis pas une boule
Je suis un éclair
Je suis la balle dans le fusil du chasseur
Je suis la vie sortie de la mort.
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Défi
C'était un petit être chétif au visage pâle et aux yeux creux. Ses orbites sombres vous faisaient penser à deux abîmes dans lesquels on pouvait tomber sans fin. Ce jeune homme avait une apparence androgyne qui, bien que fort éloignée des critères de beauté de son époque, fascinait. On entrait dans une pièce où se trouvait cette créature étrange, tout droit sortie d'un roman gothique, destinée par son allure bizarrement austère à être plutôt en retrait, un portait sur un mur, faire-valoir racé et blême pour un quelconque héros plus apte à régner sur cette histoire qu'est sa vie - et immédiatement on se retrouvait subjugué par une sorte de profonde mélancolie qui émanait de sa peau comme une aura.
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