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Camille F.
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de toujours
Ce recueil n'a d'autre unité que la forme versifiée des poèmes qui le composent et le fait que je les ai écrits. Les poèmes ont été rangés dans l'ordre chronologique de leur écriture. Ce recueil retrace un parcours en poésie de plus de dix ans.
Les poèmes qui portent un lien youtube en en-tête ont été écrits à partir de morceaux de musique et figurent également dans un autre recueil qui rassemble tous ceux de la sorte, intitulé "Écrits en musique".
Les poèmes qui portent un lien youtube en en-tête ont été écrits à partir de morceaux de musique et figurent également dans un autre recueil qui rassemble tous ceux de la sorte, intitulé "Écrits en musique".
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Aujourd’hui, c’était la première fois que je faisais la tournée tout seul. J’avais été formé dessus il y a quelques semaines de cela. Je craignais d'avoir un peu oublié le trajet, mais finalement tout s’est bien passé. J’ai seulement fait une petite erreur dans mon chargement avant de partir, mais rien d’insurmontable.
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Lévi-Strauss disait : « La musique, c'est le langage moins le sens. »
Quant à moi j'apporterais une modification en inversant les termes : la musique, c'est le sens moins le langage. Ce recueil est fait de textes en vers et en prose dans lesquels j'ai supposé des visions et des mots aux impressions que suscitaient en moi les morceaux de musique à partir desquels je les ai écrits, comme si la musique était un toit suspendu en l'air auquel on pourrait s'amuser à donner des murs et des fondations.
Les textes sont rangés dans l'ordre chronologique de leur écriture et ont tous pour en-tête un lien vers le morceau de musique qu'ils "fondent".
Les poèmes en vers figurent également dans mon recueil général intitulé 'Poésie'.
Quant à moi j'apporterais une modification en inversant les termes : la musique, c'est le sens moins le langage. Ce recueil est fait de textes en vers et en prose dans lesquels j'ai supposé des visions et des mots aux impressions que suscitaient en moi les morceaux de musique à partir desquels je les ai écrits, comme si la musique était un toit suspendu en l'air auquel on pourrait s'amuser à donner des murs et des fondations.
Les textes sont rangés dans l'ordre chronologique de leur écriture et ont tous pour en-tête un lien vers le morceau de musique qu'ils "fondent".
Les poèmes en vers figurent également dans mon recueil général intitulé 'Poésie'.
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Voici ma carte blanche. Dans cette œuvre, qui n'en est pas une, ou alors seulement dans le sens technique de Scribay, je me laisserai aller à toutes les considérations, avec le moins possible d'autocensure, de règles, de contraintes. Ce sera presque comme si mes pensées, les plus quotidiennes comme les autres, venaient à s'écrire elles-mêmes sur la page au fur et à mesure qu'elles verront le jour.
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Bonjour à tous,
Voici mon texte en réponse au défi de Lutécia, que j'ai trouvé stimulant, ayant toujours secrètement désiré m'aventurer du côté que vous allez découvrir. Je vous préviens, certains d'entre vous risquent de trouver ce texte un peu dérangeant, en plus de cru, car j'ai laissé libre cours à des idées et des associations d'idées assez peu orthodoxes, voire franchement répugnantes. Le titre indique assez bien l'esprit général du texte, quoiqu'il en fasse peut-être un peu trop, ou peut-être juste différemment de ce à quoi on peut s'attendre. Enfin voilà, vous êtes prévenus !
Si vous sautez le pas, bonne lecture.
Camille
Voici mon texte en réponse au défi de Lutécia, que j'ai trouvé stimulant, ayant toujours secrètement désiré m'aventurer du côté que vous allez découvrir. Je vous préviens, certains d'entre vous risquent de trouver ce texte un peu dérangeant, en plus de cru, car j'ai laissé libre cours à des idées et des associations d'idées assez peu orthodoxes, voire franchement répugnantes. Le titre indique assez bien l'esprit général du texte, quoiqu'il en fasse peut-être un peu trop, ou peut-être juste différemment de ce à quoi on peut s'attendre. Enfin voilà, vous êtes prévenus !
Si vous sautez le pas, bonne lecture.
Camille
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Un homme écrit une lettre à son amie lointaine pour lui relater une expérience hors du commun qu'il a vécue, à propos d'un homme étrange brandissant toujours une pancarte marquée seulement d'un point d'interrogation.
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Je retrace ici, en quatre étapes liées à quatre figures pour moi majeures, mon parcours intello-spirituel jusqu'à aujourd'hui.
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Il y a un certain temps — qui se compte, sans doute, en années, tellement sont longues les révolutions de ma conscience —, j'ai été frappé par une série de photos. C'était sur les réseaux sociaux, une ancienne pote de fac y documentait son séjour aux États-Unis. J'avais été avec elle presque tous les jours pendant trois ans, et voilà que, environ sept ans plus tard, alors qu'on n'avait gardé contact que d'une façon très ténue, j'avais à nouveau des images de sa vie quotidienne, de ses joies, de sa fantaisie, des gens qu'elle fréquentait, des couleurs et des formes qui l'environnaient.
Quand je l'avais rencontrée, dans les premiers temps, elle m'avait beaucoup plu. C'était une fille douée, pleine d'assurance et vraiment belle. Alors de la revoir, si longtemps après, à la faveur de photos prises avec le goût que je lui connaissais et qui, évidemment, la faisaient paraître à son avantage, j'eus un pincement au coeur. Ce fut comme de replonger dans ces premiers temps de la vie étudiante, de redécouvrir la grande ville, la fac, l'indépendance, la beauté des filles — touche finale d'un tableau rétrospectivement (malgré les galères, les erreurs, les contrariétés, les déceptions) parfait.
À cela s'ajoutaient le rêve du voyage, le désir de ce qui est loin, la qualité des prises de vues, des filtres et/ou des retouches appliquées aux images. J'avais été séduit, le Désir s'était emparé de moi.
Tout le monde, sans doute, connaît ça. Cette sorte d'impatience mélancolique, cet état à mi-chemin de l'excitation et de la langueur, cette fébrilité aporétique, ce désoeuvrement hystérique. On voudrait quelque chose, dont le manque nous consume, mais on est incapable de définir quoi, on ne sait même pas si ça existe. C'est un désir brut, impossible à raisonner ; si l'on définissait l'objet de ce désir, on n'en voudrait plus. C'est un inconnu qu'on voudrait pouvoir tenir dans la main tout en continuant à ne pas le connaître, un trou noir qu'on s'imaginerait prendre par les cornes.
Depuis deux jours, j'écoute en boucle la version acoustique de I Woke Up In A Strange Place, de Jeff Buckley. J'ai passé quelques jours dans le sud, chez un ami qui vient d'y déménager. Étant un incorrigible solitaire, je me sens rapidement vidé par les cohabitations, et lorsque le dernier soir É., la copine de mon ami, a voulu écouter Jeff Buckley, je me suis souvenu de ce morceau que j'avais découvert récemment et me suis senti revivre. Seulement j'en ai pris à trop fortes doses, et même hier, quand j'étais rentré, je continuais de l'écouter comme si mon bonheur en dépendait. C'est exactement comme les photos de mon ancienne pote de fac. Quelque chose qui t'enthousiasme et te frustre en même temps. Ce morceau de Buckley, il est infernal, le fruit d'un pacte avec le diable, quelque chose du genre : « OK, tu vas séduire tout le monde et crever vite. » La manière dont il martèle sa guitare, on dirait qu'il creuse une tombe pour enterrer l'insupportable amour de sa vie, morte accidentellement sous des coups dictés par la rage.
Cette fascination est morbide. Un peu comme les croix dans les églises. Ou comme si une marque de haute couture créait un effet de mode autour des suaires. Car c'est tout ce que nous sommes, fans de Jeff Buckley, croyants, followers d'influenceurs sur Instagram ou acheteurs compulsifs : des fashion victims de modes plus ou moins judicieuses, plus ou moins durables.
J'ai réalisé quelque chose à propos de ces images qui m'avaient tant impressionné. L'essence de ce que j'enviais à cette ancienne pote n'avait rien à voir avec son voyage, sa beauté ou ses talents de photographe. Ce que je lui enviais, c'était simplement la complète ignorance où elle était de ma convoitise, c'était le fait qu'on pût — moi, en l'occurrence, mais aussi bien n'importe qui d'autre — silencieusement admirer quelque chose qui lui avait trait. Mais qui sait si le cas ne se présente pas pour moi ? Et même si on me le fait savoir, je ne serai jamais dans la peau de l'admirateur, j'ignorerai toujours la saveur, la couleur, la texture de cette admiration, si particulières et incommunicables.
Ce que je lui enviais, c'était une insouciance magnifique que je ne faisais que lui prêter, qu'à moins d'avoir atteint le nirvana, elle n'avait pas. Je pourrais aussi être complaisant envers moi-même, et, comme souvent ce qui touche particulièrement chez les autres parle de soi, dire que je lui prêtais quelque chose de moi, mais même si c'est le cas, il s'agit soit de quelque chose que j'ai en effet mais que je ne peux pas connaître — car pour ça il me faudrait me dédoubler —, soit de quelque chose dont je n'ai que le potentiel — qu'en fait je n'ai pas.
La morale de cette histoire, c'est qu'il faut ignorer ce que les autres pensent de nous. Littéralement, comme cette ancienne pote, ou dans un sens plus courant, plus volontaire. La subtilité, c'est que cela demande d'ignorer aussi, dans un sens, ce qu'on pense de soi-même, car au fond, cette manière de baver devant ces images, c'en était une d'être assez mécontent de moi pour envier une situation dont j'ignorais tout sauf l'apparence.
Depuis que j'ai compris ça, c'est sereinement que j'écoute I Woke Up In A Strange Place, de Jeff Buckley, comme un Bouddha repenti.
♫ I never want to see my face in the mirror again... ♪
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Peut-être une petite pièce de théâtre. En tous cas un dialogue, versifié et rimé, dont l'argument fait penser au titre d'un livre de Cioran : De l'inconvénient d'être né.
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Défi
Depuis que je m’y suis habitué, les miennes se sont calmées. Ça ressemble plus à une douce lumière dorée maintenant. Mais pour les autres ça n’a pas changé. Même le docteur. S’il savait…
Je me rappelle le jour où c’est arrivé. Avant, tout était normal. Et puis d’un seul coup… Ça m’a rendu fou. J’ai essayé de leur dire, mais ils n’écoutaient pas. Après j’ai vu que moi aussi. Alors j’ai crié. C’est vrai, à ce moment-là j’étais fou, mais maintenant ça va mieux. Je peux vivre comme ça. Après tout, ce n’est plus mon problème. Ça m’embête juste un peu de devoir mentir, mais bientôt je serai sorti, alors je n’aurai plus besoin d’en parler.
Enfin quand même, peut-être que s’ils savaient, tout irait mieux pour eux aussi. Je vois bien qu’ils sont presque tous malheureux. Moi aussi j’étais triste avant. Pour quelques-uns seulement ça a l’air d’aller, parce que ça fait comme avec moi. Une douce lumière dorée. S’ils pouvaient me croire…
Peut-être que pour aller mieux, un homme doit savoir qu’il brûle.
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Nouvelle épistolaire imaginée à partir du tableau ci-contre : "Les Coquelicots", de Claude Monet.
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Défi
Inspiré d'un vécu et aussi, très vaguement, de la superbe "Consolation à M. Du Périer sur la mort de sa fille", par François de Malherbe. (À l'origine, en réponse au défi "Aveugle d'amour", lancé par Florienelly.)
Faudra-t-il donc toujours que tu te précipites
Vers un nouvel amant, mon amie ? Et si vite ?
À peine ton cher cœur s’est-il un peu pansé,
Et toujours tu le veux faire aussitôt danser
À nouveau… Bien sûr, tu dis juste : « on verra bien ! »
Mais ton empressement trahit déjà le lien
À l’absence duquel tu voudrais faire croire,
Légère faussement comme un nuage noir…
Combien de fois après pareilles entreprises
T’es-tu retrouvée seule enfin, et toute grise ?
Souvent j’ai essayé de calmer tes transports,
Mais je n’ai rien pu faire contre un ancien sort
Qui donne à tes ardeurs comme une indépendance,
Et ne néglige pas des amants de violence,
Tu me l’as dit… Que faire contre un vieux démon
Qui disparaît parfois comme un petit garçon ?
Souvent aussi j’ai hésité, je me disais
Tantôt cet homme est bon, et cet homme est mauvais
Pour toi, sans voir si le démon était derrière
Ou non, mais enfin toi seule avais la lumière.
Tu sais l’amour n’est pas seulement dans les hommes,
Il est bien petit et faible, ainsi qu’on le nomme,
Souvent il n’est qu’une chimère partagée,
Une illusion vainqueure, un désir imagé,
Le véritable amour n’a rien de ce mensonge
Qui n’est que distraction, comme un os que l’on ronge.
Certes, je parle du fond d’une solitude
Que tu ne conçois pas, et ma sollicitude
A pour toi des principes inconnus, voilà
En effet bien longtemps qu’un serein célibat
Est ma condition, mais, quoique je m’y complaise,
Je ne m’y suis pas toujours trouvé si à l’aise,
J’ai souvent renoncé à des plaisirs possibles
Malgré l’envie que j’en avais, parfois terrible,
Sous l’effet d’une peur, d’un trouble, d’un émoi
Qui menaçait de trop me détourner de moi,
De mon image que je crois percer à jour
À force de rester devant, comme un vautour
Qui tourne autour de sa proie, mais, tout comme lui,
Je ne fais qu’attendre une mort, et je ne puis
Rien ainsi pour la précipiter, c’est plutôt
En se détournant de l’occasion de nos maux
Que nous pourrons les conjurer. Ainsi, vois-tu,
Si nous sommes bien contraires dans nos abus,
Nous avons en commun de ne pouvoir choisir
Nos amours, toi devant donc toujours en subir
La manie, moi devant en subir l’aversion.
S’il te plaît, prends au moins en considération
Cette similitude en pesant mes conseils,
Je crois qu’un cœur comme le tien, on ne le paye
Pas longtemps de faux-semblants et d’erreurs. Enfin
Je sais qu’au fond de toi tu sais ce qui est sain.
Écoute cette voix peut-être un peu lointaine,
Et tu sauras qu’Amour coule bien dans tes veines.
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