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Vicomte Bidon
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EXTRAITS A ANNOTER pour le défi "Les grands auteurs sur le grill
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je ne sais que te dire
ces petites choses qui te faisaient rire ces drôles de jeux enfantins et magiques ces histoires sans espoir qui pourtant te plaisaient ces cris de fureur qui finissaient en grands rires ces riens quotidiens toujours nouveaux tout cela n’est plus tout a disparu je ne sais plus dire j’ouvre la bouche et la referme sans un mot je prends un stylo le regarde et le repose les touches du clavier repoussent mes doigts comme des aimants désorientés je devrais en pleurer mais même les larmes me font défaut dans mes bras ne cherche aucun réconfort ils sont devenus des appendices idiots mon corps tout entier est devenu stupide lent et sans allant tout m’échappe rien n’a de sens ni de saveur je n’ai plus rien en moi je suis là mais plus vraiment là
pars
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Désolé.
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Chère Ariane,
je t’écris, mais je ne sais pas encore si je te transmettrai ce message. Je ne le devrais pas, pas pour le moment en tout cas. Le dernier message que je t’ai laissé date seulement de six petits (interminables) jours, c’est à ton tour de me répondre… mais tu ne le fais pas. Je crains que tu ne le fasses plus.
« À bientôt » t’ai-je dit… quelle conne, ça veut dire quoi « à bientôt », bordel, ça veut dire quoi « à bientôt » ?
Est-ce que ça veut dire : « je suis certaine que bientôt nous communiquerons à nouveau » ? Comment pourrais-je dire ça ? On échange quelques messages et ça me suffit pour nous croire intimes ?
Ou alors ce serait un « à bientôt ? » avec un point d’interrogation implicite… plutôt un point de supplication : « s’il te plaît, par pitié, écris-moi encore, j’ai besoin de toi ».
Évidemment, c’est le deuxième cas. Oui, je te le dis plus clairement, Ariane, je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j’aimerais que tu m’écrives, que nous continuions à échanger… mais j’ai peur de t’avoir déçue… J’y reviendrai plus tard, je voudrais d’abord te raconter « notre histoire », oui tu peux te marrer, ça me fait marrer aussi et presque pleurer, tellement c’est dérisoire.
Je suis inscrite depuis longtemps sur ce site, mais pendant longtemps j’ai peu participé, me contentant de fouiner, à droite, à gauche, m’imprégnant de l’ambiance, à force de les lire, j’avais l’impression de bien connaître les habitués. Récemment, je me suis un peu plus investie, j’ai participé aux forums, surtout sur le ton de la plaisanterie, je n’ai pas vraiment d’avis sur les sujets « sérieux ». Puis j’ai franchi le pas : j’ai déposé un texte. Un peu anxieuse, j’ai attendu les critiques. Qui pendant longtemps ne sont pas venues. Je pensais que c’était foutu, la visibilité d’un nouveau texte est très réduite sur ce site fréquenté. Après un mois : huit lecteurs (et les copains si vous m’avez vraiment lue pourquoi ne rien dire ? ), un cœur (merci timide anonyme)… Maigre bilan, désolant.
Puis, miracle, un jour (je me souviens c’était un lundi, je rentrais du taï-chi), sur ma messagerie : « Félicitations vous avez un nouveau commentaire sur Plunksna ». Fébrile, je me connecte : un commentaire de Thésée ! Une des stars de Plunksna. Mon idole. J’exagère un peu, mais vraiment je l’appréciais beaucoup ce Thésée : intelligent, fin, un humour irrésistible. Je parle de ce qui ressortait de ses messages dans le forum : je n’avais pas lu ses textes (en fait, j'avoue, je lis peu les « œuvres » des « auteurs » du site, je préfère le forum ; le forum c’est vivant, fun, les échanges sont souvent amusants...). Bref, un commentaire de Thésée, je l’ouvre : je n’en reviens pas, presque que du positif. Réflexe : aller lire un texte de Thésée et lui rendre la pareille… « Oula, ma cocotte, tu t’égares ! », ne jamais faire ça, c’est trop nul, tu me commentes, alors je te commente, tu me dis une gentillesse, moi aussi. Trop nul, copinage et Cie…
À partir de ce moment, ma vie sur Plunksna fut un pur bonheur, dans le forum on commençait à me connaître, et apparemment à m’apprécier, il y avait une sorte de complicité qui s’installait avec Thésée, il rebondissait sur mes messages, moi sur les siens, je ne me connaissais pas si drôle, j'ignorais avoir un tel sens de la répartie, une telle auto-dérision.
Un soir, il y avait un top-chrono sur Plunksna. J’avais proposé le thème « La bascule », puis étais partie pour ma soirée ciné hebdomadaire avec Julie. À mon retour, je lis les textes répondant au thème, celui de Thésée était magnifique, je ne trouve pas d’autres mots, magnifique, je le lui dis en commentaire de son texte, il me répond, je lui réponds… Et il ne me répond pas. J’attends un peu, comme rien ne vient, je vais me coucher. Je n’arrive pas à m’endormir, Roger, mon mari, ronfle, je me lève, rallume l’ordi, me connecte à Plunksna. J’ai un message privé. De Thésée :
Sujet : Ariane
Léa,
il faut que je te le dise : je suis une femme. À mes débuts sur Plunksna je m’étais présentée sous ma véritable identité, et j’avais stupidement mis ma photo. Et ce fut insupportable, les mecs quels blaireaux. Drague, drague, drague, et pas de la fine et de la légère, tu peux me croire (j’ai l’impression que ça va mieux maintenant, les plus lourdauds sont partis), comme malgré tout j’aimais bien ce lieu, j’ai pris un autre pseudo, celui sous lequel tu me connais. Voila je m’appelle Ariane et je viens de te confier un vrai secret. Un vrai de vrai. S’il venait à être dévoilé, je serai vraiment très mal. Je te fais confiance. Ariane.
Ce message m’a touchée, et comme je suis conne je te l’ai dit.
Puis a commencé un (court) échange de messages privés. Un message par jour, pendant quatre jours. Dès que je pouvais, je me connectais au site pour voir si tu ne m’avais pas écrit. Dans ton dernier message, tu m’as dit :
Écoute, Léa, je sais que toi aussi tu as un secret, je crois savoir qui tu es.
J’aimerais que tu me le dises
Je t’ai répondu :
Mais non pas du tout, je n’ai pas de secret, je suis une banale instit' mariée à un banal comptable et vivant une vie tout ce qu’il y a de banal ;-))).
J’espère que tu n’es pas trop déçue ;-)
À bientôt Ariane ! :-)
Depuis plus rien. Pas de nouvelles. Je t’ai déçue, je le sens, je t’ai déçue. Quelle conne ! Pourquoi ai-je déballé devant toi, toute cette banalité, cette insignifiance ? Je t’ai dégoûtée de moi, j’en suis sûre.
Dis-moi, qui veux-tu que je sois ? Dis-le-moi. Et je le serai. Je te promets, je le serai.
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