Il n'y a pas d'oeuvre littéraire plus fade et sans relief que la pâle et prétendument exhaustive liste de course...

Je voudrais, avec vous, lui rendre hommage.

Car elle fait partie de ces ouvrages, certes courts, mais que tout le monde lit (à moins d'avoir des serviteurs ou vivre en autarcie). Oserait-on dire qu'elle serait la pierre angulaire du ménage ? La bible du consommateur assoiffé ? Le copion splendide des désorganisés ? L’hypostase glorieuse du consumérisme ? Au commencement était : la liste

Comment vivrait-on sans elle ?

Et pourtant... chers frères et sœurs consommateurs, l'objet manque atrocement de reconnaissance. Elle finit vite à la poubelle, sans égards ; malgré la vigueur avec laquelle on la tient dans les étalages des magasins, elle est comme un feuillet papillon... éphémère.

Rendons-lui les honneurs. Habillons la !

Que plus jamais elle ne soit jetée avec les sordides mégots.

Faites chanter les bottes de poireaux, rire les conserves de thon, glorifiez les patates, dansez avec les tranches de poulet, réchauffez les surgelés, faites virevolter les bouteilles de vins. Faites rimer couscous, houmous et pousse-pousse; faites des acrostiches avec des saucisses !

Que plus jamais les courses ne soient barbantes ! Mes amis ! Mes frères et soeurs ! Gloire à la liste de course !