Travail de nuit
Le gong sonne ! C’est l’heure, ça y est. J’en suis à chaque fois si contente et parfois un peu effrayée. On ne sait jamais sur quoi on va tomber. J’appelle Bini et Farie. Ils pestent et râlent, comme d’habitude. Je leur fais signe de me suivre. Ils prennent leurs accessoires d’entretien, enfilent leurs chaussures et s’exécutent.
On est un peu les Cendrillon, ici. On passe notre temps à faire le ménage et à ranger tout ce qui traîne. On est quand même fiers de notre travail, car c’est grâce à nous que les visiteurs profitent vraiment du spectacle. Ce soir, on doit s’occuper de l’Espace numéro neuf. Ce n’est pas mon préféré, mais je m’y sens à l’aise, contrairement à celui où se trouve une vieille mégère aux yeux sombres qui me donne l’impression de vouloir me manger toute crue. J’en frémis rien qu’à l’imaginer.
— Farie ? Va vérifier les costumes, s’il te plaît. Bini ? Peux-tu commencer l’inventaire des accessoires ? On se rejoint tous dès que chacun a terminé.
— Ça roule, M’dame Niri !
— À vos ordres, cheffeuh !
Je les aime, ces fripouilles. On fait du beau boulot ensemble et c’est toujours un plaisir de les voir s’activer avec acharnement. Ils ont beau se plaindre et râler, ils se sentent bien ici. C’est un job tranquille : on ne croise pas grand monde, on peut être nous-mêmes et on vit aussi de drôles d’aventures. La fois dernière, on a dû courir après un énorme dragon ! Ce n’était pas une mince affaire. Qu’est-ce qu’on a pu rigoler, c’était magique. Farie s’est brûlé le haut des cheveux. Vraiment hilarant !
Bon, je dois me mettre au travail. Je commence par analyser rapidement chaque salle de l’Espace au cas où j’y trouverais quelque chose de suspect. Je commence par la première chambre. Bini est en train d’y valider la présence de chaque objet et semble très appliqué. Je le laisse tranquille et continue mon inspection. Les chambres à coucher sont parfaitement opérationnelles, tout comme les salles de réception, les salles de bal, les salons et le jardin.
La reconstitution du palais est merveilleuse. On s’y croit vraiment. Je préfère le jardin, car il est indescriptible. Tout est recouvert de blanc. On m’a expliqué que ça s’appelle de la « neige ». Ce jour-là, j’ai fait semblant de comprendre en hochant la tête. Je ne sais pas ce que c’est, mais j’aime la toucher et la frotter au creux de mes mains. C’est froid, doux et si étrange. Quand je marche dedans, je laisse des traces et je ne fais pas de bruit. La Terre devait être une planète vraiment magique.
Une autre de mes tâches quotidiennes consiste à vérifier que les protagonistes sont bien endormis pour être en forme le lendemain. Ce sont eux qui s’occupent de toute l’animation ! Je crois que cela constitue ma partie favorite. Dans cet Espace, les héros sont allongés à même le sol au centre du plus grand salon. Je me dirige vers eux. Ils semblent si paisibles dans leur sommeil. J’en compte quatre au lieu des cinq habituels. Mince, on a un problème.
À suivre...
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