Chapitre 3 - Contact - Partie 3
Personne n’était venu depuis plusieurs semaines, personne. Ils ont fui. Ils sont retournés sur le Markind. Quelque chose les a contraints à fuir. Le vent… Le vent a emporté ma décurie en quelques secondes, tenta de se convaincre intérieurement Eran. Depuis plusieurs jours, inconsciemment, il avait refusé toute autre éventualité. Pourtant, tout semblait au fil des indices mener à cette incroyable conclusion. Je dois joindre le Markind. Ils m’ont cru mort, emporté par le vent, emporté par une de ces terribles bêtes. Le transporteur hors-service, ils en ont conclu ma perte. Je dois parvenir à les contacter. Eran tenta d’utiliser la même procédure, mais avec cette fois comme destination le Markind Epsilon Eridani évoluant en orbite autour de Saruan-c. Cette fois le message reçut une réponse.
« Transmission impossible. Relais CEA HS. »
Eran éructa quelques noms d’oiseaux en direction de son PIM qui n’était nullement responsable de cette situation. Mais comme de nombreux objets inertes, il devait de temps à autre supporter les colères et frustrations humaines. Le jeune homme s’assit, vaincu. Sa tête lui faisait mal. Cette fois, avec tous ces efforts, les drogues, la fatigue et cette dernière révélation, il était à bout. Il regardait régulièrement son PIM, comme s’il attendait un hypothétique : « Message bien reçu. Nous arrivons. »
Il savait désormais qu’il ne pourrait compter que sur lui. Sa condition plus que probable de seul homme restant sur cette planète aurait pu plaire à certaines personnes atteintes de mégalomanie et agoraphobes. Mais ce n’était pas du goût d’Eran. La faim le fit sortir de sa torpeur. Il lui restait quelques galettes énergisantes. Cependant, avec le récent rétablissement des systèmes du transporteur, il allait pouvoir enfin améliorer son repas. En s’appuyant contre les différents supports, il se dirigea vers le synthétiseur de nourriture, dont il déverrouilla les attaches pour remettre, l’appareil à l’endroit. Bien que volumineux, son poids n’était pas un problème. Les ingénieurs avaient réussi à alléger toutes sortes de matériels. Lors d’un voyage spatial, qu’il soit en direction d’un satellite en orbite basse ou d’une planète à l’autre bout de la galaxie, chaque gramme comptait.
Sans hésiter une seconde, il commanda sa purée fétiche. Pour patienter, il fit l’inventaire de ce qu’il restait dans le transporteur. Il mit de côté ce qui était brisé, inutilisable ou dont le fonctionnement lui était inconnu. Il bénéficia de quelques heureuses découvertes comme un module de commande d’un robot tactique MART-MKD. Il regarda un instant l’objet qui ressemblait à une simple tablette de verre sombre. Mais qui dans les mains d’un humain le transformait aussitôt en maître d’un champ de bataille. Il positionna la tablette sur sa combinaison après avoir effectué la liaison avec son PIM. Martin ne devait pas vraiment avoir confiance en Hugo pour emmener ça, pensa brièvement Eran. En effet, un tel appareil ne pouvait se retrouver là par hasard. La délivrance d’un tel instrument militaire devait avoir l’aval d’un des deux centurions ou d’Octavie Lifra. Tout laissait penser à des luttes de pouvoir entre les trois. Et leur décurion Martin Feelnorn y jouait un rôle que ne put déterminer Eran. Mais qui désormais, par les récents événements, montrait encore une fois la futilité de ces querelles.
Il récupéra sa friandise qu’il avala goulûment. Elle lui fit un bien fou. Il frôlait l’état de manque. Il en avait tellement besoin. La solitude lui pesait de plus en plus. La tablette tactique de Martin le ramena à de sombres pensées. Ces compagnons n’étaient plus. Il les avait laissés sous une simple bâche, frêle tombeau devant les potentiels charognards qui, un jour ou l’autre, se repaîtraient de chair humaine. Il n’attendait pas d’aide que pour lui-même. Il avait espéré une fin plus digne pour ses compagnons. Il se fit une promesse. Il reviendrait, un jour, leur offrir une sépulture plus humaine et digne du souvenir de ses compagnons.
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