Plus dure sera la chute

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- Bien ! Nous allons donc commencer les affrontements ! Louis, Mifune, c'est à vous !

Deux jeunes hommes montent sur l'arène.

L'un d'entre eux, un sabre à la ceinture, probablement un garçon de Wa, ressemblant grandement au maître Musashi, dévisageait son adversaire. Une fierté débridée dans le regard, et une forme de mépris pour celui qui se tenait devant lui. De son jeune âge, ses cheveux pourtant déjà longs étaient coiffés en un chignon à la manière de son maître, son visage, fermé et sévère trahissait un désir de faire ses preuves, le garçon n'était pas là uniquement pour s'entraîner, mais prouvé sa supériorité.

Face à lui, Louis, semble se démarquer par une attitude plus calme, plus modeste, mais étrangement, cette dernière lui offrait un certain caractère noble. À sa ceinture une lame, fine et ouvragée, plus proche d'une arme de décoration qu'une arme de guerre. Le jeune garçon contrastait grandement avec son adversaire, souriant, amical, il semblait irradié de lui une certaine chaleur. Ses cheveux d'un blond de bleu entouraient parfaitement son visage à la peau blanche et de ses yeux bleus emanaient une douceur et un calme indescriptible. Il s'approcha de son adversaire avant de lui tendre la main en signe d'amitié. Comme il s'y attendait cependant, celui-ci ne lui rendit pas la pareille, se contentant de dégainer son arme, prêt au combat.

Le duel entre le soleil opposant le soleil et la lune, l'ombre et la lumière n'était pas encore engagé que les hostilités elles, avaient commencé.

- Ne me touche pas, paysan, cracha le fameux Mifune avant de partir à l'assaut de son adversaire.

La lame vers le ciel, le sabre du jeune homme de Wa fendait l'air en direction du crâne du pauvre garçon face à lui. Lothar crus bien voir le combat se terminer avant même son début. Mais non. Loin de l'agressivité de son adversaire, Louis se contentait de parer les frappes. Les attaques incessantes du guerrier aux yeux d'amande glissaient sur la lame du jeune homme, à la manière de goûtes d'eau sur le plumage d'un cygne. Une frappe, une parade, un assaut, une esquive.

Le combat des deux jeunes gens était féroce, Louis faisant glisser chaque frappe se dirigeant vers lui, tandis que Mifune ne cessait ses assauts... Jusqu'à ce que quelque chose ne fasse " clique " chez ce dernier. Il fit un saut en arrière, et prit une grande inspiration. Calme, il ne se concentrait plus que sur son souffle, oubliant le monde qui l'entoure. Lame au fourreau, main sur la poignée de celle-ci, il semblait analysé la situation. Louis ne sut trop que faire, durant ce combat, il n'avait eu l'occasion d'attaquer une seule fois, voilà une chance pour lui... Mais il sentait que s'il frappait maintenant, le combat se terminerait en un instant, il ne pouvait qu'observer, et se préparer à éviter une possible attaque.

- Il se passe quoi là ? Demanda Lothar, curieux, ne comprenant pas l'idée.

Ce fut son adversaire qui lui répondit.

- Mifune vient de Wa, un pays connu pour sa maîtrise du sabre. Et lui, vient d'une vieille famille, les Miyamoto, ils sont connus pour être des maîtres des lames hors pair. Malheureusement, il y a deux ans, la famille entière aurait été la cible d'un Soach particulièrement puissant. Le Maitre Musashi l'a vaincu, mais d'après ses dires, même lui eut du mal à le vaincre, c'est dire ! Tout ça pour dire, Mifune a hériter cette technique de sa famille. On appelle ça le Iaido, un art qui se base sur le délainage du sabre, technique grâce à laquelle un combat peut se terminer en une seconde, ou, qui peut condamner son utilisateur.

- Condamner son utilisateur ? Si elle peut faire gagner celui qui s'en sert en un coup, comment elle peut le condamné ?

- Bien sûr, elle peut être létale, mais pour en faire usage, Mifune doit rengainer son sabre, il est vulnérable, et après l'attaque, s'il n'a pas fait mouche, il est également ouvert, son arme ne couvrant plus la moindre partie de son corps, et son bras tendu. C'est un peu quitte ou double... Je crains que cela n'est que peu d'utilité contre Louis.

Sur l'arène, le calme règne. Seul le bruit des respirations profondes des adversaires se fait entendre... Jusqu'à ce qu'enfin, du mouvement. Le bruit d'une lame dégainée. Et celle d'une autre qui se plante dans le sol... Ou plutôt, le morceau d'une autre.

Louis se tenait droit, calme, il ne semblait presque pas avoir bougé. Face à lui, Mifune n'en croyait pas ses yeux. Sa lame, une arme héritée de sa famille, brisée. Le jeune garçon s'effondra au sol, le chagrin et la rage, bouillonnant en son for intérieur, il observait le morceau de métal dont la pointe s'était fichée dans la terre. C'est dans un accès de rage qu'il s'en saisit à pleine main et se rua sur son adversaire. Il était vaincu, mais refusait de laisser son adversaire s'en tirer à si bon compte.

Louis, prit au dépourvu, ne voulant pas prendre la vie de son adversaire laissa tomber sa propre arme et se saisit du métal qui tailladait les mains de Mifune. Lancer à la rencontre du garçon avec toute la rage du désespoir, Mifune réussit à la poussée suffisamment pour le faire trébucher et sortir de l'arène.

- Mifune, vainqueur par sortie d'arène !

Face à cet étrange duel, Lothar ne savait trop comment réagir. Mifune aurait dû perdre, Louis aurait dû se défendre face au tacle... Mais il ne l'a pas fait, pourquoi ? Drôle d'histoire.

- Que les suivants s'approchent ! Au pas de course !

Les prochains à combattre n'étaient autres que Lothar lui-même, et son camarade Arnold.

Excité à l'idée du combat, c'est tout sourire que le dernier arrivé à Nemeos se dépêchait de grimper sur l'arène.

- Bonne chance, que le meilleur l'emporte, encouragea le géant.

Mais c'est en se mettant en position, que Lothar entendit les murmures des observateurs.

" Pas de bol quand même, tombé sur Arnold au premier tour, j'ai entendu dire que son père était un géant... Et que c'est pendant la conception de son petit frère que sa mère était morte... Il va se faire écraser. "

C'est avec un grand sourire que le jeune garçon tournait la tête en direction des commères pour leur faire signe que tout ira bien pour lui, qu'il ne craignait pas cet adversaire, aussi grand soit-il... Et au vu de l'adversaire qu'il défit dans la forêt, il semblait logique qu'un enfant ne lui fit point peur.

- Combattez !

À peine le signal avait été donné, que le voici déjà parti à l'assaut. Proche du sol, le genoux arqué, il se tenait à quelques centimètres à peine de son adversaire.

- Je vais t'écraser !

Hurlait Arnold, avant de venir aplatir sa main contre le sol... Ou en tout cas, d'en engager le mouvement. Mais c'est tout sourire que Lothar lui fit demonstration de toute la force que ses petites jambes avaient en stock. De sa position basse, il se propulsa avec force et vitesse, écrasant son crâne contre le menton du jeune géant. Ce dernier, déséquilibré chut de tout son poids, les fesses au sol et le menton rouge écarlate.

- Aïe aïe aïe ! Mauvaise idée ! Mauvaise idée !

Répétait Lothar, manifestement, il n'avait pas prévus que le menton de son adversaire puisse être aussi dur et le voilà qui se frottait le haut du crâne pour réduire la douleur.

- Ok, nouvelle stratégie ! La prochaine fois, je le frappe avec les poings !

À nouveau en position, les deux adversaires se dévisageaient. Et contre toute attente, le premier à partir à l'assaut ne fut pas Lothar. Enragé par le coup de tête, Arnold s'était lancé à l'assaut de son opposant. Ses larges poings raclaient le sol à chaque frappe, et c'est de justesse que Lothar les évitaient.

- Raté ! Trop lent !

Le plus petit des deux se moquait manifestement de son adversaire, sautant, évitant et dansant autour de lui. Il semblait manifestement s'amuser de la situation.

- Arrête de bouger, vermine !

La rage de son adversaire ne faisait qu'amuser Lothar qui s'esclaffait devant la situation qui se déroulait. Parmis les murs de Nemeos résonnait son rire et faisait tourner les tête vers le combat. Chaque coup l'effleurait, le jeune homme se roulait au sol, se tenant le ventre, et pourtant, malgré la situation, chaque mouvement de droites, gauches semblait être parfaitement synchronisé avec les frappes d'Arnold. Le combat, de l'extérieur, semblait irréel.

- Je ne voulais pas en arriver là ! Mais tu m'y obliges ! Père ! Venez-moi en aide !

Le garçon tendit sa main en l'air, et en se faisant, une hache monstrueuse vint à lui. L'enfant était déjà bien trop grand pour sa taille, mais l'arme en elle-même, il était là en effet une hache que seul un géant pouvait manier.

- Haha ! C'est quoi ce truc ? ! J'ai jamais vu une arme aussi grande ! Je pourrais me tenir debout dess-... Oh... J'ai une id-

Le fils de géant ne laissa pas le temps à Lothar de finir sa phrase, et rapidement, le tranchant de sa hache dessinait un arc devant lui.Puis, un autre. Et un autre. Rapidement, l'arène se retrouvait complètement ravagée par les coups de lame du jeune géant. Cependant, dans sa rage sanguinaire, il ne semblait pas avoir remarqué un élément crucial. Lothar avait disparu. Le garçon était seul sur l'arène. Ce n'est qu'une fois qu'il reprit son calme qu'il se rendit compte qu'en effet, son adversaire s'était volatilisé. Cependant, sa hache semblait être étrangement lourde, lui qui n'avait jusqu'à présent pas eu le moindre souci à la soulever, il en ressentait maintenant le poids, ou en tout cas, il sentait un poids supplémentaire.

- Le tour de manège est fini ?

Sur le plat de la lame, tout sourire, se tenait Lothar, assis.

- Petite verm-

Cette fois, ce fut son tour d'être interrompu. Sans difficulté, Lothar se saisit de l'arme. D'une main, il prit le manche, et de l'autre, il envoya un simple coup de poing dans l'abdomen du pauvre Arnold, à genoux, peinant à reprendre sa respiration. La force du gamin était surnaturelle.

" Comment peut-il me mettre à terre aussi simplement ? ! Pensait le jeune géant. Il n'est pas plus grand qu'un vermisseau ! Comment peut-il avoir une telle force ? ! Ce n'est pas possible ! "

- Ça risque de pas être simple. Oula, oula, oulala !

Bien que c'est sans difficulté qu'il soulevait la hache, sa taille la rendait particulièrement compliquée à manier. Ainsi, il ne la manierait pas, un objet aussi gros, il n'avait pas besoin de savoir s'en servir. Avec un grand sourire, Lothar se mit à faire des tours sur lui-même, le plat de l'arme gigantesque tournaillant en direction du pauvre géant, à genoux.

- J'abandonne.

Vaincu, dépité, Arnold déclarait forfait... Mais il restait un problème. L'inertie de l'arme la rendait maintenant particulièrement difficile à stopper, même pour Lothar. Alors, c'est une fois le plat à quelques centimètres du visage du pauvre garçon, que le maître Uther s'interposa. D'un coup-de-poing, l'acier de l'arme volait en éclats, et avec lui, le dernier souvenir de l'héritage de l'enfant.

Lothar, vainqueur, lâcha l'arme, ou ce qu'il en restait, et se retira, descendant de l'arène sous les acclamations de ses camarades. Tous ceux qui avaient assisté au combat s'extasiaient sur la force prodigieuse du nouveau venu... Tous, sauf Mifune qui le dévisageait avec une rage non dissimulée.

Il fallut plusieurs minutes à Arnold pour se relever, et redescendre de l'arène. Son accès de colère lui avait coûté la victoire, et l'arme dont il avait hérité par feu son père. C'est dans le silence qu'il rejoint les rangs, le regard bas. Sa défaite était totale.

" Plus ils sont grands, plus haute est la chute ", pensait-il.

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