Mon ange,

hier soir en farfouillant dans la bibliothèque, je me suis attardée sur un livre au titre qui résonnait en moi "La cérémonie des adieux". C'est un livre de Simone de Beauvoir dédié aux dernières années de Sartre.  Attention, loin de moi l'idée de me comparer à Beauvoir! Mais quand je repense à tous les moments où nous nous séparons physiquement, je pense à la nécessité pour moi de te dire "à très vite" de manière presque cérémonielle, comme pour avoir le temps de réaliser que ta peau sera loin de la mienne.

Alors j'ai souri en lisant ce titre et je suis tombée sur la 4ème de couverture.

"Alors, c'est la cérémonie des adieux ?" m'a dit Sartre, comme nous nous quittions pour un mois, au début de l'été. J'ai pressenti le sens que devaient prendre un jour ces mots. La cérémonie a duré dix ans : ce sont ces dix années que je raconte dans ce livre.»

Et là j'ai été heurtée. Parce que tu m'as raconté ce rêve où nous nous retrouvions, plus vieux, en nous prenant la main dans un café. Parce que je n'aurai jamais soupçonné en échangeant mes premiers mots avec toi que je pourrais tomber si éperdument amoureuse. Parce que je n'aurai jamais imaginé, quelques semaines après un soir où j'avais juste voulu m'amuser, me sentir aussi heureuse de partager tous les moments que tu me fais vivre.

Alors je me dis que tant que durera la cérémonie des adieux, tant que je souffrirai du manque de toi mais aussi de l'espoir et la joie de te retrouver, je veux bien la revivre encore et encore.

Si tu es pour toujours ancré en moi, je ne sais combien de temps dureront nos cérémonies des adieux. Je les veux peu fréquentes, je les veux aussi distancées que possible, mais je les veux, ne serait-ce que pour être éloignée quelques heures et avoir la joie de revenir dans tes bras, contre toi.

Bref, parfois les livres se posent sur nos chemins et nous envoient des messages. Au lieu de voir des adieux, j'y ai vu la cérémonie. 

Merci pour me permettre de voir toutes les perspectives qui s'offrent à moi. Merci de m'accompagner dans quelques perspectives qui s'offrent à moi.

Je t'embrasse fort, aussi fort que je peux te serrer contre moi.