Chapitre 1
Salem, 1er Septembre 1996.
« Une sorcière doit être trouvée, et son sang devra être versé. Sacrifiée elle sera et Lilith ressuscitera.
Pour la trouver, sa marque elle devra porter. Sa lignée d’un corbeau, sa peau sera gravée. »
Une femme s’apprête à donner la vie, de son clan, elle est désormais le dernier espoir. Les contractions de son ventre la tordent de douleur, les ombres ont pris possession de la pièce. Elle pleure, des larmes de sang. Elles coulent de ses yeux, peignant ses joues de rouge.
Ses cris résonnent, ses supplications également.
« Faites que cela cesse, faites que cet enfant disparaisse de mon sein ! »
Elle psalmodie des chants obscurs, des prières aux ténèbres. Elle ne peut plus supporter cette torture, cette naissance tant redoutée, mais aussi tant désirée. La lumière vacille, dans cette petite pièce presque vide. Les chaînes tintent à ses poignets, tant ses membres ne cessent de se mouvoir.
Une contraction arrive, un hurlement déchire le silence de la nuit. Elle est seule, si seule dans cette épreuve, n’ayant pour compagnie que les ombres, comme le veut la coutume.
Là, enchaînée à ce lit, elle prie. Elle prie pour la délivrance, supplie pour cette liberté qu’elle souhaite tant, elle qui porte l’héritage maudit.
Son sang si précieux, préservé de génération en génération. Elle qui est née avec cette marque, celle de la lignée de la reine des damnées.
Un corbeau la surprend, venant croasser à sa fenêtre, ouverte face à la lune. Elle est si pleine, qu’elle semble irréelle. Elle l’a regardé, ses yeux vairons au blanc teinté de rouge.
Une douleur fulgurante parcourt son corps, la faisant détourner les yeux. Elle sent que cette liberté tant recherchée va enfin arriver. L’enfant sort de son corps, avec difficulté. Elle pousse, pousse, donne son âme dans cette naissance, elle la sent partir à mesure que l’enfant jaillit de sa chair.
Des vapeurs obscures émanent de son corps, accueillant le nouveau-né dans leurs bras, l’accompagnant, le berçant.
À l’extérieur, tous attendent sa venue.
Dehors, tous attendent le cri qui annoncera leurs saluts.
Un cri de bébé retentit, perçant, mais si doux dans la froideur de la nuit. Sa mère se saisit de son frêle corps couvert de sang, l’essuyant avec précipitation.
« Pitié, pitié, pitié ! »
Elle découvre le visage de son enfant, sa fille, aux yeux vairons bleu et or, la regardant avec intelligence. Elle frotte son visage frénétiquement, cherchant inlassablement au travers du sang.
Puis soudain apparaît une marque, un croissant de Lune aussi sombre que de l’encre, au centre de son front. Le soulagement la saisit, elle qui ne semblait plus contenir sa frayeur. Elle avait réussi, elle pouvait enfin partir en paix.
Elle regarda cet ange au funèbre destin, mais son cœur, au lieu de s’apaiser, commença à se serrer. Ces grands yeux qu’elle ne devrait pas chérir, en un instant, la capturent.
Elle doit mourir, elle doit mourir, elle doit mourir !
Mon enfant, ma chair, mon sang.
L’enfant de la prophétie, la clef de la libération de notre déesse !
Mon bébé, si faible et fragile.
Des larmes de tristesse dévalèrent cette fois-ci ses yeux, et de ses pouvoirs elle se servit. Invoquant de sa vie, deux êtres surnaturels. Des pas précipités s’approchèrent, venant de l’extérieur. La porte, elle se précipita de condamner.
Les ténèbres, elle supplia de sauver son enfant de son destin. Des corbeaux, elle appela et en humains ils mutèrent. Deux êtres faits d’ombre et de pouvoir, n’ayant pour but que de sauver sa fille.
La mère hurla sous la puissance de cette magie, son cœur se déchira sous cette puissance qui la consume.
Ils s’envolèrent, sans un regard de plus, portant dans leurs bras l’être que tous désirent, mais qu’une seule personne ne semblait aimée.
Elle partit avec en elle, l’amour d’une mère.
« Ma fille tu t’appelleras, Meadow, Meadow Norwood»
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