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Deux heures plus tard, me voilà arriver à Toronto au Canada. Les écouteurs dans les oreilles, je balaye du regard toutes les personnes venues accueillir les passagers de l’avion mais je n’aperçois pas mon père. Un homme me bouscule et je fais maladroitement tomber mon téléphone par terre. L’homme ne s’excuse même pas, ce qui a le don de m’énerver, mais je décide enfin à marcher pour m’éloigner de la foule de personne. Enfin seule dans un coin du hall de l’aéroport, je sors mon téléphone pour taper le nom de mon père dans les contacts et l’appeler.

Une sonnerie.

Puis deux.

Puis trois.

Au bout de cinq sonneries, j’entends quelqu’un tousser derrière l’appareil avant de lâcher un « allô » d’une voix étranglée. Je ne peux me retenir de souffler. Mon père a recommencé à fumer…

- Allô Papa ? Je peux savoir où tu es ? Demandais-je

- Je ne pourrai pas venir Lee. Je suis occupé avec le travail. Prends le bus ligne A. Me dit-il à la dernière minute

Je me force à sourire. Je le salue avant de raccrocher pour empoigner mon sac et me ruer dehors pour prendre mon bus à temps. Je balance mon sac à côté de moi avant d'enfoncer mes écouteurs dans mes oreilles et de sortir mon livre. J’aurais dû me douter que mon père allait me faire ce coup là. Puis je repense au surnom qu’il m’a donné, un vieux surnom qu’il me donnait petite. Je lui en veux un peu moins mais ma colère ne disparaît pas pour autant.

Le trajet est assez court est j’arrive en plein milieu d’un mignon petit village. Je ressors mon téléphone mais bien sûr je n’ai plus de batterie. Je me maudis, je ne sais pas encore si je vais faire les maisons une à une ou je vais bien gentiment demander ma route à un inconnu qui habite dans ce village. Une voiture vient se garer devant moi et baisse sa vitre passagère pour que je croise le regard bleu d’un jeune de mon âge. Un mec de 16 ans au volant ? Ça m'étonne mais je m’approche de la voiture et vient s'accouder à la vitre baissée.

- Bonjour, tu attends quelqu’un ? Demande ce jeune homme

- A vrai dire, j’aimerai que vous me dites où se trouve la maison de… Boy ?

Je ne me souviens plus du tout du nom de mon père, je sais que c'est une honte.

- Tu veux dire Roy ? Me propose le mec

- Oui ! Exact ! Vous savez où il habite ?

- Ouais, il habite un peu plus loin, éloigner du village. Je t'emmène ? Me propose l’inconnu

Je me souviens que je n'ai pas l’autorisation de monter dans la voiture d’un inconnu, mais il fait assez froid et il commence à faire nuit dans ce pays. J’accepte et viens m’asseoir sur le siège passager.

- Puis-je te demander pourquoi tu veux aller chez ce vieux grincheux de Roy ? Me demande le garçon brun, concentré sur la route

- Grincheux ?

Le garçon quitte la route des yeux pour me regarder, les sourcils froncés.

- Dis-moi, tu le connais vraiment ce Roy ? M’interroge l’inconnu

- Pas autant que vous apparemment.

- Alors pourquoi vouloir aller chez lui ? Continue le jeune en s’arrêtant devant une maison bien style américain, faite en bois, avec un garage sur le côté droit de la maison.

Je descends de la voiture en prenant mon sac. Je reste quelques instants devant cette maison sans bouger avant de me retourner vers le conducteur encore inconnu.

- Parce que je suis sa fille. Dis-je avant de fermer la porte passagère

Je m’avance vers la porte de la maison lorsque j’entends une voix crier dans mon dos.

- Je peux avoir ton numéro ? Me demande t-il

- Je pourrai avoir ton nom ?

- Hawley Crawford ! Me crie t-il

- C’était un plaisir de t’avoir rencontré Hawley, mais vois-tu je suis fatiguée, une prochaine fois. Lui proposais-je en me retournant vers la maison

Lorsque je clenche la porte, je m’étonne qu’elle soit fermée.

Évidemment ! Pourquoi ça m’étonne ?

Alors que j’allai abandonné, un vieux 4X4 beige vient se garer devant la porte du garage. La musique à fond dans l’habitacle, je reconnais mon père. La porte s’ouvre sur un homme de la quarantaine, il verrouille sa caisse avant de venir jusqu’à moi. Il me salue rapidement avant d’ouvrir la porte. A peine la lumière allumée qu’un jeune Border Collie vient nous saluer avec un fort aboiement. Je suis mon père dans sa maison remise à neuve vu l’intérieur moderne. Mon père pose son manteau à l’entrée et enlève ses chaussures avant de monter quelques marches de son escalier, il m’invite à le suivre et d’un geste timide je me déchausse pour le suivre à l’étage. Un étage spacieux, et lumineux par de grandes fenêtres. Mon père à souvent eu des goûts… Bizarre. Mais là, je trouve plutôt bien fait. Il ouvre une pièce qu’il me présente comme ma chambre. Un lit, un bureau assez haut avec une chaise haute, un placard dont les portes sont coulissantes. Bon j’avoue, ce n’est peut-être pas si terrible que ça… Alors que je reste en plein milieu de la pièce sans rien faire. Mon père me propose de reprendre le bus pour aller visiter mon lycée. Nous sommes vendredi soir, et j’ai juste envie de m’allonger avec un bon film avant d’aller visiter ce nouveau lycée. Son nom ? Heu… Toronto French School ? Je crois que c'est ça. Je refuse l’offre de mon père en repoussant la sortie à demain matin. Il accepte avant de me laisser seule en me proposant de manger quelque chose.

- Je descendrai prendre quelque chose, ne t’inquiète pas.

Je défais ma valise pour ranger mes vêtements dans le placard avant de placer mon ordinateur, mes cahiers d’écritures et tout mon bazar pour écrire mon livre sur mon bureau. Lorsque j’ai fini de ranger la plupart de mes affaires, je décide de descendre dans la cuisine pour aller manger quelque chose. J’ouvre le frigo pour faire face à mon plus grand cauchemar. Que des plats préparés à faire chauffer. Oh non… Je décide de fouiller les tiroirs pour tomber sur des cochonneries, des biscuits apéritif ou du saucisson pas ouvert.

A cet instant deux solutions s'ouvrent à moi : ne pas manger ou aller chercher des salades premier prix dans le premier magasin. Je me retourne vers mon père qui bouffe son assiette de viande et de chips tranquillement installé face à la télé.

- Heu, papa ? L’appellais-je

- Oui ?

- Il y a une supérette dans ce village ? Demandais-je

- Oui, bien sûr. Prends la voiture elle est à l’autre bout du village, direction le centre ville. Et sers toi, prends 20 dollars, ne te gène pas. M’explique t-il

- Merci. Dis-je

J’enfile mes chaussures et mon manteau sans manches avant de prendre les clés du 4X4. Si ma mère me voyait faire, elle m’aurait tuée sur place. J’ouvre la porte conductrice et m’assois face au volant. Je remercie silencieusement mes cousins de m’avoir appris à conduire une voiture et une moto. Je tourne la clé dans le contact avant de reculer doucement et de bien me placer sur la route. Je prends mon courage à deux mains et roule en direction de la sortie du village. Au bout de 2 min de voiture j’aperçois des néons pour illuminer le nom de supérette. Je viens me garer à côté de l’entrée. J’éteins le moteur pour descendre sans oublier de fermer la voiture derrière moi. Les portes automatiques s'ouvrent pour me laisser entrer et découvrir une petite pièce avec peut-être cinq ou six rayons à tout casser. Ok ? Je m’avance lentement vers le fond du magasin pour chercher des salades déjà faites et composées. Je finis par prendre des salades faites de pâtes, de salade, de maïs, de carotte râpée… Je remplis mon sac de course à ras bord, je passe devant les salades de fruits et en prends deux-trois paquets. Lorsque j’arrive à la caisse je fais face à une femme de la quarantaine, avec un carré roux, des lunettes rondes sur le nez mais pas encore de ride.

- Toi, tu dois être la fille de Finn. Commente l’inconnu

- Heuu, oui en effet.

- Ça se voit, vous avez la même couleur d'œil. S’explique t-elle

J’affirme d’un hochement de tête. C’est vrai j’ai hérité du bleu de mon père. Je le remercie de cette couleur. Je finis par payer cette femme avant de me tourner vers la sortie.

- Leah, attends. Me rappelle la caissière

Je suis surprise que cette femme connaisse mon prénom mais reviens sur mes pas pour qu’elle me donne un paquet de cigarette.

- C’est combien ? Demandais-je

- Gratuit pour vous. M’annonce t-elle

- Merci beaucoup… Votre nom ?

- Belle. Et dit à ton père de se calmer sur cette merde. Ça va finir par le tuer. Commente t-elle pour elle-même

- Je lui dirai.

Je me retourne vers la sortie et percute un garçon assez grand, peut-être bien les un mètre soixante quinze facile. D’un blond avec des mèches… Bleu ? Des yeux bleus eux aussi qui se marient très bien à sa couleur de cheveux chelou. Par contre, son visage n’affiche pas une mine très sympathique.

- Tu peux pas faire attention ! Me beugle t-il

Qu’est ce que je disais ?

Je ne relève pas son ton désagréable et passe mon chemin en lui offrant mon doigts d’honneur. Je marche jusqu’à la voiture de mon père pour placer la sac de course au pied du siège passager. Je monte en voiture pour dégager de ce parking et revenir chez mon père. Enfin arriver devant la maison, mon père se ru dehors, je descends avec mon sac de course pour qu’il me dise.

- Le boulot m’a appelé, il faut que j’y aille. Je t’ai laissé le double des clés dans la cuisine. Tu n'ouvres à personne et je t’ai aussi laissé le code wifi. Bisou ma Lee. M’impose mon père avant de rentrer dans sa voiture et de reculer rapidement dans un crissement de pneu et de démarrer en direction de la ville sûrement à toute vitesse

Je rentre dans la maison et ferme la porte à clé avec le double des clés. Je range mes salades dans le frigo en consacrant un étage du frigo pour moi et un autre pour les cochonneries de mon père. Je choisi de manger une salade de carottes râpée avant de m’installer dans ma chambre sur mon bureau pour écrire mon livre avec la compagnie de Calel qui ne se gène pas de se coucher sur mon lit.

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