J'ai toujours détesté l'absurde. Comme on déteste l'étranger, parce qu'il nous fait peur, et qu'on est très bien comme ça.

Laisser l'absurde s'insinuer, c'est comme prendre un risque, autoriser un agent rogue dans un système si bien bâti.

L'absurde on ne le devine pas, on ne le contrôle pas, il peut rentrer là-dedans et faire des dégâts irréparables. Comme donner le droit de vote aux étrangers.

Sauf que:

Avoir peur  de l'absurde, comme on a peur de donner le droit de vote aux étrangers, est complètement idiot.

L'absurde c'est beau. C'est laid aussi, c'est libre. C'est même plus libre que la liberté.

L'absurde, c'est au-delà de la raison.

La raison, c'est un château de cartes dans un bocal qui dérive dans l'espace. Ça tient debout grâce à la gravité, mais tout compte fait, ça flotte dans le vide.

Le rêve, par exemple, c'est la raison qui s'exprime hors de tout contrôle. C'est le moment où la raison redevient un programme et où tous ses défauts peuvent s'exprimer sans censure.

Curieusement, c'est la raison qui requiert la foi. Car pour vivre dans la raison, il faut avoir foi en un système de valeurs, qui peut être religieux, culturel, sociétal, environnemental, économique, toujours historique et contextuel.

L'absurde, c'est tout le reste. L'absurde c'est prendre la main de Philippe Katerine et lui dire que même si l'on ne partagera jamais les mêmes valeurs, on se trouvera dans l'absurde, là où il n'y a pas de règles.

En supprimant le but de la vie, l'absurde nous rend immortels.

Comme disait Camus dans le mythe de Sisyphe:

“L’absurde, c’est la raison lucide qui constate ses limites”