Pardon

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Et plus que tout, cette déception brulante. Je pensais que j’allais enfin aller sous le dais, me sanctifier.

Oh pourquoi n’étais je pas convaincue ? On aurait du parler ensemble plus franchement. J’aurais du te demander cash ce qui me gênait. Papa avait peur pour moi, il avait mal au ventre. Tu aurais du me dire en face, ou j’aurais du te le demander en face. J’étais tellement dans le flou. Peut-être que je n’avais pas les yeux en face des trous. Peut-être aussi que j’attends l’impossible. Parce que maintenant je rêve de manière éperdue de le trouver enfin, alors que j’ai l’impression paradoxale que rien ne me conviendra. Ai-je de trop grandes ambitions ? Je veux peut-être plus que ce que je ne suis vraiment ? Les secrets des âmes que j’aimerais tant percer…

Là quand j’ai voyagé dans le pays où tu étais, j’avais envie d’une chose : te rencontrer au hasard dans la rue et te parler. T’expliquer tout, et te demander pardon avec des larmes dans les yeux. Je pensais à toi sans arrêt, et chaque garçon bicolore que je voyais m’évoquait toi. Tout un monde d’évocations s’est créé en moi au son de toi. D’un coup, tu peuplais tout, alors que je n’avais qu’une envie : éradiquer ton souvenir pour faire la place à un autre potentiel.

J’aurais tout abandonné, j’avais l’impression qu’une ombre se dressait sur ma route. Et j’avais peur que cette ombre, ce soit toi, ton évocation, le souvenir d’une douleur partagée à des milliers de kilomètres complètement coupés l’un de l’autre, mais moi pensant à toi alors que tu me prenais pour une traitresse, une menteuse, une actrice sournoise qui voulait briser des cœurs. Oh non, c’est le mien qui était brisé, qui se retournait dans ma poitrine, las. Et avec tout ça, j’étais aimée, oui. Choyée, j’ai reçu tant d’amour, je cois bien plus que la plupart des gens. J’ai une famille qui m’adore, l’ainée de tout une fratrie, des cousins, jusqu’aux arrières grands parents… Les amies de toute part, la communauté, tant de tonneaux d’amour, que j’essayais d’apprécier, mais au fond de mon cœur, ce vide, ce creux…

Pardon, pardon et encore pardon. Je ne peux pas te juger parce que moi-même je souffre encore après tant de temps. J’ai encore le cœur noué et les pensées obsédées. J’imagine quel doit être ton lot. Je pensais que les garçons oubliaient vite, mais tu n’es pas un garçon comme les autres. Cela j’ai eu le temps de le comprendre. Tu as pleuré quand j’étais de marbre, là, je t’assure que c’est moi qui pleure. Et je ne sais pas, j’espère que tu es redevenu de marbre. J’espère que tu me pardonnes tout doucement. J’espère que tu oublies, que tu panses tes plaies. J’espère aussi, que la douleur que j’ai pris de mon coté c’est une partie en moins pour toi. J’ai peur de ce que tu as pu vivre, à cause de moi.

Alors, même si je ne peux pas te le dire en face, même si c’est une mauvaise idée de te le dire de vive voix, car il nous faut vraiment couper les ponts, même si je ne peux te l’écrire directement, je l’écris quelque part dans le monde. Je m’en acquitte et je te l’écris. Tu ne me liras pas, soit. Mais je te l’ai écrit, avec tout mon cœur. Pardon.

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