Des peurs sourdes, des angoisses, des hésitations, une peur du changement, j’aimerais tant être portée, savoir où je vais, m’engager sur des sentiers surs…

Le temps est encore passé. L’hiver a étendu son voile familier, ses petits soirs nocturnes, les retours sur le chemin du métro à la lumière des lampadaires, ses feuilles orangées, sa douce mélancolie, quand on se coucoune avec un thé dans ses couvertures…

L'école, la fac, le métro, tout cela a un gout de familier et nouveau à la fois… Je me sens à la fin de cette formation, tout ouverte au futur, un vent, un fluide profond qui veut me faire avancer en avant… Pourtant, au fond de moi, c’est le flou. L’espoir et l’angoisse, et tandis que l’un me pousse en avant, l’autre me fait reculer en arrière. Se pourrait il que j’ai peur de l’engagement ? L’engagement qui ne m’effrayait aucunement il y a quelques années ?

Je suis dans le métro, je vais rejoindre Arianne, on ira aux fiançailles de Hannah. Je sors sur la rame et j'empreinte l'escalator. Il est immense, infini. Arianne m'appelle.

"Aurore, ne monte pas, mais reste dans le métro!! On va se retrouver deux stations plus loin finalement. A moins que tu ne m'attende, comme tu préfères

-Là je suis coincé dans l'escalator. Interminable. Je te dis ça dès que j'en sors

A ce moment, je faillis tomber sur mes talons.

-Ah je te raconte pas, j'ai failli me ramasser!

-Non! Fais attention à toi! Je connais cet escalator, c'est un peu mal famé...

Je me retourne instinctivement. Et là, je faillis tomber encore une fois. Juste dérrière moi se trouve David, que j'avais déjà rencontré à l'époque, en mars dernier. Je me retourne comme si je n'avais pas vu. Encore une fois j'ai le coeur qui chavire. Décidément.

-Ok je te rappelle! On se tient au courant, je vais faire demi-tour."

Je n'ai pas les forces de tous les rencontrer aux fiançailles.

Je m'installe dans le métro désert par ce dimanche après midi. Je sors mon portable pour envoyer un message à Hannah. Mon téléphone vibre en retour, mais ce n'est pas Hannah qui me répond.

C'est encore lui, celui du mois de mai, qui m'écrit, et je sens une crispation m'envahir. Encore et toujours, rien ne sera plus comme avant j'ai l'impression. Je ne répondrai pas. Je veux tourner la page, pourquoi ne le veut-il pas lui non plus?

Je repense à celui avec lequel on a appuyé sur le bouton pause. Il est inquiet, il a peur de s'engager. Et à vrai dire, je le comprends, car moi aussi. A nouveau je sens le flou en moi, à nouveau je me sens vide de ne plus m’y trouver à nouveau je me prends à me remettre en question, à me repositionner, à m’angoisser. Cela, car, il nourrit peut-être des inquiétudes légitimes.

J’ai peur de tout ça. J’ai peur de tout ce qui risque d’arriver. J’aimerais tant que le jour éclatant soit enfin arrivé. Dans l’abime de mes réflexions, je m’y perds, je suis mitigée, à la fois avec des angoisses qui me concernent, et des angoisses qui le concernent à lui. Je sais que lui aussi va devoir choisir, et je sens que s’il y renonce, c’est ensuite moi qui risque de tomber, qui suis fragile. J’aimerais tant que l’on me dise quoi faire !! A nouveau, je sens que les choix, ce n'est pas pour moi.

Je le revois là en face de moi, soucieux. Aurais-je les mots pour le rassurer?

Je balaie tout cela de ma tête lorsque je sors à la rencontre d'Arianne. On va tout oublier, on va se détendre, comme à chaque fois que l'on sors ensemble. Mais j'ai un petit rire au fond de moi. Très facile d'oublier quand vous allez recevoir des dizaines de "à ton mariage"!