Chapitre 1
La soirée venait de débuter. Durant son thé, tenu fermement entre ses doigts pour les réchauffer, Karine prit une profonde inspiration. Malgré le froid dehors, elle était tentée de sortir en cette fin de journée pour prendre quelques clichés. Avec le crépuscule, la lumière devenait intéressante. Et dans la nature, elle trouverait certainement son bonheur pour photographier son environnement. Elle souhaitait commencer par le vieux moulin. Là-bas, nul doute qu’elle saurait capter la lumière et le bon angle. Le village offrait différentes perspectives intéressantes. Les couleurs étaient splendides en ce mois d’Automne.
C’est ainsi qu’elle décrocha son regard de la fenêtre et posa sa tasse vide. Elle vérifia son matériel d’un oeil aiguisé. Rien ne manquait. Elle prévint sa famille qu’elle sortait quelques heures pour s’adonner à sa passion.
Le vieux moulin n’était pas loin de sa maison. C’était devenu pour elle une habitude de s’aventurer près du grand champ. Son manteau noir de saison ne gênait en rien sa prise en main sur l’appareil photo. Le soleil déclinait et offrait une ambiance plus chaude grâce aux différentes teintes dans le ciel. Ce soir, aucun nuage à l’horizon, ce qui la mit en joie. Comme une professionnelle, elle débusqua les bons recoins pour se positionner et capter les derniers rayons du soleil. Un petit vent frais se leva ce qui ne la découragea pas le moins du monde.
Le vent faisait chanter les arbres. Mais pas seulement … Alors qu’elle se trouvait face au moulin et au champ pour prendre les derniers clichés à leurs pieds, les hautes herbes s'agitèrent mais pas au rythme des courants d’air. Elle s’arrêta une seconde et baissa son appareil devant son visage. Elle fixa le champ quelques secondes, sourcils froncés. Il pouvait s’agir de lapins ou d’un chat. La photographe n’y accorda pas plus d’importance ...
Deux heures se sont écoulés et Karine était toujours à l'extérieur. La température avait quelque peu chuté mais elle visionnait une dernière fois les clichés pris en cette fin de journée. La nuit avait recouvert le ciel de son manteau sombre. Elle leva la tête pour apercevoir la demi-lune. Karine s’était aventurée dans le champ pour prendre en arrière plan le moulin et les premières maisons du village, là où le soleil s’était couché. Satisfaite, elle plia bagage.
Elle arrêta net sa marche lorsque les herbes derrières se mirent à bruisser. Elle se retourna, essayant d’apercevoir un lapin ou un chat. Mais rien. La demi-lune n’éclairait pas davantage le sol et les premiers lampadaires étaient à une dizaine de mètres. Elle prit alors son portable pour éclairer le sol. Rien. Le chat avait sûrement eu plus peur qu’elle. Son coeur tambourinait légèrement. Être un soir d’automne, toute seule dans un champ, cela pouvait en effrayait plus d’un. Mais que pouvait-t-il lui arriver à Villesèquelande ?
Soudain, le vent se leva. Un peu plus fort cette fois. Les hautes herbes ne restaient pas tranquilles. Alors que la nature se réveillait de nouveau sous l’effet de cette bourrasque, elle vit au loin derrière elle, une ombre. Sa conscience ne mit que quelques secondes à comprendre : une personne se tenait là, debout la regardant. Même si elle se trouvait à une cinquantaine de mètres et qu’il était impossible de savoir qui c’était, Karine ne voulut en aucun cas réfléchir davantage. Elle courut le plus vite possible pour regagner les lumières et les premières maisons du village.
Brusquement, son pied percuta une pierre et la photographe s’étala de tout son long par terre. Karine gémit de douleur. A la lueur de son téléphone portable, elle vit du sang sur ses mains ...
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