Chapitre 6

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Chapitre 6

 Une fois dehors, elle ne battit plus des cils. Devant elle, se tenaient des poupées prêtes à lui rentrer dedans au moindre mouvement. Certaines traînaient des os, d’autres avaient le visage mesquin. Il manquait une moitié de mâchoire à l’une d’entre elles. Karine pouvait apercevoir la moitié de sa dentition et sa langue visqueuse. Une traînée de bave finissait par mouiller son petit décolleté en soie. La photographe marqua un arrêt sur celle qui l’avait attaquée en bas des escaliers. Diabolique, elle en était certaine.

 Malgré la scène irréaliste et effrayante devant ses yeux, Karine n’en démordait pas. Elle voulait vivre. Elle se souvint alors “... je les ais punies dans la lumière car elles aiment trop l’obscurité”. Elle en avait tué une avec le flash de son appareil … Ces tordues n’aimaient pas la lumière. Karine prit alors son appareil entre les mains. C’était le moment pour les poupées de se regrouper pour lui foncer dessus. Elles avaient compris.

 La photographe dans un élan de courage et d’assurance, actionna le flash et en rafales, captura cet instant. L’instant même où toutes les poupées fonçaient sur elle pour la tuer. Dans des couinements plaintifs, les poupées tombèrent les unes après les autres. Le reste se planquaient. Peut-être le moment idéal pour Karine de faire le sprint de sa vie.

 Sans perdre de temps, elle quitta le terrain pour se mêler aux hautes herbes du champ afin de regagner les premières maisons du village. Karine perdait le souffle et utilisait ses dernières forces pour rester concentrée sur sa course et ne pas tomber. Elle continua à prendre des photos pour faire fuir les dernières poupées encore debout. Ce n’était hélas, pas suffisant.

 Un coup d’épaule, la douleur lui arracha un gémissement. En pleine vitesse, Karine fut projetée et elle roula au sol, explosant son appareil photo.

 Elle cria en se relevant, ne lâchant pas son objectif : Vivre. Elle vit les premiers lampadaires mais tomba encore, la tête en avant. Son menton percuta le sol, ses dents cisaillant sa lèvre inférieure. Elle hurla de douleur alors que sa gorge était inondée de sang. Elle se sentit happée en arrière par les pieds. Les poupées la traînèrent au sol, son ventre maculé de sang et les chairs à vif la firent souffrir atrocement.

 Karine se débattit et vit la lumière du village lui échapper. Elle s’accrocha aux herbes comme on s’accroche à la vie, les ongles pleins de terre. C’est alors qu’elle trouva une bonne prise et put enfin se retourner. L’espoir qui lui restait fut sa dernière source de vie. Elle balaya d’un coup de pied deux poupées avant de s’attaquer à la troisième. Une poupée qui avait perdu sa tête. Karine la prit par les pieds et la secoua violemment avant de lui faire manger le sol plusieurs fois. Elle lui arracha ses habits, ses membres et son coeur. L’adrénaline prit possession de tout son être et les dernières poupées regagnèrent les bâtiments abandonnés.

 Karine tituba légèrement, mais force était de constater qu’elle était enfin debout, prête à reprendre sa course. Avec fatigue et difficulté, elle marcha d’un pas lourd vers les habitations. Sous la lumière des lampadaires, enfin, elle vomit son dîner d’il y a quelques heures et se laissa tomber sur les genoux. Elle était couverte de sang de la tête aux pieds. Soudain, une ombre vint perturber sa pause. Elle n’en pouvait plus. Une poupée fit son apparition dans son champ de vision. Cette dernière lui griffa le cou. De toute sa rage, la photographe l’attrapa par les pieds et enfonça ses doigts dans les yeux du pantin. Il se mit à couiner, le blanc de son oeil restant collé aux phalanges de Karine.

 Privée de ses dernières force après cet acte de cruauté, la photographe abandonna la poupée sans vie devant elle. Comme toute poupée normale, elle ne bougeait plus. Karine laissa son propre corps l’abandonner sur le bitume, sous le premier lampadaire de la rue. Ses membres étaient rigides et ses nerfs à vif. Durant son sommeil, dans une semi-conscience, elle sentit que quelqu’un l’attirait vers l’arrière … par les pieds.

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