Mon chat
Je viens d’avoir 11 mois, je suis une petite chatte tigrée aux yeux verts. Pour l’instant, je vis dans le petit bois près de la maison de mon ancien maitre, celui-ci m’a abandonnée quand j’ai grandi. Depuis, je suis obligée de me débrouiller seule pour me nourrir et m’occuper de mes quatre chatons qui ont atteint leur premier mois et commencent à devenir remuant.
J’ai deux fils et deux filles : mon premier-né est un mâle tigré avec de longs poils duveteux, en second vient ma première fille ; une petite canaille qui est mon portrait craché au même âge. Ensuite mon autre fils, un petit explorateur blanc et tigré, et ma petite dernière : une adorable petite boule de poils noire pour laquelle je me fais beaucoup de soucis. C’est mon plus petit chaton.
Je vis donc dans les bois et malheureusement, je peine à trouver suffisamment à manger pour nous cinq. Mes petits ne sont pas encore sevrés et je n’ai pas beaucoup de lait. La maigre pitance que je parviens à dénicher suffit tout juste à nous maintenir en vie... J’appréhende le lendemain avec angoisse...
Ce matin, je suis sortie chasser en laissant mes petits endormis sous la brouette retournée qui nous sert de refuge. J’arpente discrètement la forêt en quête d’un rongeur ou d’un oiseau à me mettre sous la dent.
Je finis par apercevoir une tourterelle en train de picorer quelques graines au pied d’un grand hêtre, aussitôt je m’aplatis, observe ma proie qui ne semble pas avoir senti ma présence et approche lentement à pas de velours pour être à portée de saut de ce si succulent volatile.
Ce dernier ne remarque pas ma lente approche, trop interressé par les graines qui composent son petit-déjeuner. J’arrive enfin à la bonne distance. Je prends une grande inspiration et saute. L’oiseau se débat, mais je l’achève d’une rapide morsure, ensuite, je mets ensuite quelques instants pour reprendre mon souffle. Je suis affamée, mais il faut d’abord que je ramène ma proie à mes petits avant de pouvoir manger.
Je ramasse la tourterelle dans ma gueule et je me mets en marche pour rejoindre mes bébés. Je ne suis plus qu’à une dizaine de mètres de notre abri quand l’odeur de renard envahit mes narines. Je lâche ma proie et fonce jusqu’à la brouette. J'entends mes petits miauler et j’aperçois le renard qui tente d’en attraper un en grattant en dessous avec sa patte.
Mon sang ne fait qu’un tour ! Je rassemble mes maigres forces pour lui sauter dessus. Le renard remarque enfin ma présence et tente de m’éviter. Je parviens néanmoins à m’agripper à son flanc et à le mordre, il gronde et se secoue pour me déloger. Je tombe durement par terre, ce maudit renard en profite pour me mordre la patte arrière. Je ne peux m’empêche de hurler de douleur, Néanmoins, je réussis à me remettre sur mes pattes. Je sais que ce combat est perdu d’avance, mais je ne peux pas laisser mes petits !
En me voyant me relever, mon adversaire prépare sa prochaine attaque puis d'un coup, fonce sur moi. Je m’attends au pire et ferme les yeux pour ne pas voir le coup de grâce arriver. Mais tout à coup j’entends une humaine crier, je rouvre les yeux, le renard n’est qu’à une trentaine de centimètres de moi, mais il reçoit une pierre et il s’enfuit.
Ma sauveuse s’approche alors très lentement de moi, mais ma peur reprend le dessus et je file aussi vite que me permet ma patte, pour rejoindre la brouette sous laquelle mes petits miaulent toujours. Je me fige. Je vois l’humaine m’observer puis ouvrir son sac à dos et déposer quelque chose par terre avant de repartir.
Je patiente cinq minutes puis marche difficilement pour examiner ce que l’humaine a laissé : des tartines au jambon ! Je retire la viande du pain puis le mange en quelques secondes. Ce n’est pas grand-chose, mais au moins mon estomac me laissera un petit répi avant de se rappeler à moi.
Nous sommes l’après-midi maintenant, je suis retournée me coucher sous la brouette. Je ne peux plus me lever, la morsure que m’a infligée le renard est beaucoup trop douloureuse. Je suis très inquiète, que va-t-il se passer ? Je ne peux plus chasser... Nous allons mourir de faim !
Un bruit me tire de mes pensées. Est-ce le renard ?
Non, c’est l’humaine qui m’a portée secours ce matin, elle n’est pas seule, une autre humaine l’accompagne. Ma sauveuse vient vérifier que je suis dans mon abri puis fait signe à son amie de l’aider. La peur monte en moi lorsqu’elle soulève la brouette.
Je n’ai pas la force de me lever, les mains de ma sauveuse m’attrapent délicatement, mais je panique, personne ne m’a prise dans ses bras depuis mon abandon ! Je la mords de toutes mes forces pour qu'elle me lâche. Je vois son visage se crisper, mais ce n’est pas un cri qui sort de sa bouche, ce sont des paroles douces et rassurantes. Elle me dépose doucement dans une cage pendant que son amie attrape mes petits pour les mettre dans une autre cage Je les entends m’appeler. Je ne peux pas les rejoindre alors je miaule pour leur dire que je suis là. Que va-t-il nous arriver ?
Après une très désagréable visite chez le vétérinaire et cinq points de suture sur ma patte, l’humaine nous a amenés chez elle. Ce n’est pas très grand et je me sens prise au piège. Je cherche une issue, mais ma truffe capte la délicieuse odeur de nourriture venant du bol près de moi. Cette nourriture chasse une partie de mes peurs, ma sauveuse m’observe avec un sourire et s’empresse de me resservir une fois ma gamelle vide.
Mes petits sont là également et reniflent avec intérêt leur propre ration, sauf ma petite boule de poils noire qui vient se réfugier auprès de moi en réclamant la tétée. Je m'installe et malheureusement, ses frères et sa sœur accourent, prennent toute la place et ne la laissent pas manger.
L’humaine s’approche à nouveau et attrape mon chaton noir, je me redresse en crachant pour qu’elle me rende mon bébé, elle s’assied à quelques pas de moi et commence à donner un biberon de lait à ma fille qui avale goulument le liquide, heureuse de pouvoir enfin se remplir l’estomac. Très très lentement je m’approche d’elle pour venir renifler mon chaton qui a l’air très contente de son sort. L’humaine avance doucement sa main vers moi et je reste immobile, je pense qu'elle ne veut que mon bien à moi et mes petits alors je la laisse me toucher.
Deux mois ont passé, mes petits ont tous été adoptés par des gens charmants, même si j’ai eu mal au cœur de les voir partir, je sais que ma maitresse a choisi de bonnes familles pour mes petits démons. D’ailleurs, je l’entends rentrer. Je me précipite à la porte en courant. Maintenant que ma patte est complétement rétablie, je suis en pleine forme, j’ai pris du poids et ma maitresse m’a fait stériliser.
Elle ouvre la porte et je l’accueille d’un bruyant Miaw avant d'aller me frotter affectueusement à ses jambes en ronronnant. Elle sourit et me gratte derrière les oreilles pile a l’endroit que j’adore. Elle se penche pour me prendre dans ses bras et je saute sur son épaule en continuant de ronronner.
Ma maitresse me repose par terre pour retirer sa veste et l’accrocher au porte-manteau avant d’aller préparer mon bol de nourriture. Je la regarde avec mes yeux pétillants d’amour. Je pense que je ne pourrai jamais la remercier suffisamment de sa gentillesse!
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