Bourse d’or et les trois oucls.
Préambule : je vais vous demander la plus grande attention en lisant ce texte, ne buvez pas, ne fumez pas, ne conduisez pas. Je décline toute responsabilité en cas d’accident.
Il était une fois un joli petit porte-monnaie en simili cuir sur lequel était écrit en lettres dorées le mot « Bourse ». Il était heureux, rempli de pièces de monnaie qui lui faisaient un joli petit ventre tout rond.
En se promenant dans la forêt, un jour, il éternua et le bouton pression qui le fermait s’ouvrit. Une pièce s’échappa. La pièce roulait, roulait et le porte-monnaie courait, courait sur le sentier.
Un caillou finit par stopper la course éperdue de la pièce de monnaie et la jolie bourse dorée put enfin la saisir. En reprenant son souffle, elle leva les yeux et découvrit une maison très étrange, haute mais surtout très étroite.
Sur la porte d’entrée, un panonceau indiquait « Bienvenue chez les Oucls ».
Curieuse, notre petite bourse entra. Personne.
Dans la cuisine, le mobilier était vraiment bizarre, aucune chaise, un mange-debout avec trois verres emplis d’eau, des pailles en dépassant à moitié. Le porte-monnaie qui avait soif aspira les trois-quarts du contenu de l’un d’eux. Comme il avait faim, il ouvrit les placards. RIEN. Mais rien de rien. Pas le moindre gâteau ou morceau de chocolat ou de fromage ou de je ne sais pas quoi qui pourrait se manger.
La petite bourse se serait bien assise un peu pour se reposer mais il n’y avait aucun siège dans cette maison, à croire que les habitants vivaient toujours debout.
Alors, elle continua sa visite et découvrit une chambre avec trois étranges lits, très fins et très longs. Mais qui donc pouvait bien habiter là ? Elle bâilla, s’allongea tant bien que mal sur les couchettes et s’endormit.
La famille Oucl était en route pour rentrer à la maison.
Arrêtons-nous un instant sur ce trio. Les oucls étaient une catégorie bien à part de la confrérie des clous. Suite à une malédiction jetée il y a fort longtemps sur leur lignée, ils étaient construits à l’envers, leur tête plate, au lieu d’être sur le dessus, se trouvait malheureusement sur le dessous. Et cette métamorphose avait brisé leur vie. Ils étaient moqués, raillés et bannis.
En arrivant devant la porte, Papa Oucl sentit que quelque chose n’allait pas. Il entra et cria d'une voix rouillée « Quelqu’un a bu dans mon verre, avec ma paille ! ». Maman Oucl chercha si quelqu’un s’était assis sur son fauteuil mais comme il n’y en avait pas, elle pleura. Quant à Petit Oucl, il cria en entrant dans la chambre : « Quelqu’un est couché dans mon lit, et dans le vôtre aussi ! ».
Réveillée en sursaut par les cris, la bourse dorée jaillit de la chambre, Papa Oucl, en essayant de l’attraper, lui arracha le B doré cousu sur sa poitrine, le bouton pression s’ouvrit de nouveau et toutes les pièces tombèrent sur le sol.
Sans demander son reste, notre Ourse désormais, fila et prit la poudre d’escampette. Elle n’était plus rebondie, devenue pauvrette et avait même perdu son identité. Elle finit abandonnée dans un talus.
Les oucls ont profité du trésor si facilement gagné pour se faire chirurgicalement remodeler et ont maintenant la tête à l’endroit. Et ils ont acheté aussi plein de trucs à manger pour ne plus être si maigres.
La morale de cette histoire est qu’il ne faut pas perdre de lettres sinon sa vie entière peut basculer dans le fossé.
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