C'est à cause du saut de la girafe qu'Opale est tombée enceinte d'Elodie-Alice-Papa-Océan. Et elle a accouché dans la brousse du zoo d'un petit Chinois.

C'est une histoire qui a tout l'air de se dérouler au ralenti. En novembre 2013, la girafe Opale est enceinte. Et ce n'est qu'en octobre 2014 qu'elle accouche d'un garçon. Dans les faits, le saut de la girafe, un pèlerinage sur lequel elle a pris l'habitude de s'ébrouer, a dû causer sa mort.

L'histoire n'est pas simple. Ce sont en fait les terroristes qui ont sauvé Opale du complot d'Elodie visant à la mettre enceinte et à la transformer en girafe. Mais cela, Opale l'ignore. Nénette aussi. Car Elodie a changé de visage. Autrefois, elle s'appelait Robertine.

Nous sommes dans l'appartement de Robertine, sa nouvelle identité.

« Je ne sais pas ce qu'elle veut dire par « je ».

– Robertine, nous n'en parlons plus depuis des années.

– Mais je le vois bien dans cet appartement. »

Opale ajoute :

« Je ne comprends pas ce que vous voulez. Je ne veux pas comprendre.

Opale, traumatisée et presque amnésique, nourrit une haine démesurée envers les girafes et les parents terroristes de Nénette. À tous, elle veut leur jouer des tours.

Grimper au-dessus de la rivière, sous les arbres, au sommet des collines, la dernière fois qu’elle est sortie de l’enclos, c’était au crépuscule, le jour où elle a perdu son enfant.

La vie avait été telle pour elle qu’elle avait l’impression que la nuit allait se transformer en jour, comme s’il fallait qu�il y eût un jour pour l’ennui, pour le regret.

L’ennui n’a pas laissé sa place à la vie.

Or, depuis qu’elle est arrivée à la maison, elle ne pleure plus.

À la maison, c’est la rue.

La rue des hommes qui se font passer pour des hommes.

La rue des femmes qui se font passer pour des femmes.

- S'il te plaît, Nénette, il faut que nous jouions un tour à cette girafe, insiste Opale.

- Non mon amour, répond Nénette d'un ton autoritaire. C'est la propriétaire du zoo qui est la responsable. Son nom est Robertine. Nous sommes chez elle actuellement. C'est ce que la girafe m'a dit.

- Oh, Robertine, dit l'autre.

- Robertine, madame, c'est moi.

- Vous êtes...?

- Oui, madame. Je suis Nénette, la sœur d'Opale.

- Comment avez-vous pu passer dans notre zoo?

- J'ai essayé de vous rejoindre.

- Vous êtes donc venue ici pour voir nos animaux?

- Oui, madame.

- Quand vous avez voulu rejoindre la vôtre, c'était quoi?

- C'était à la tombée de la nuit, madame.

- Vous n'avez pas été laissée séparer de vos amis, quand vous avez voulu rejoindre la vôtre?

- Non, madame.

- Vous n'avez pas été laissée seule, enfermée dans un cabinet, avec de mauvaises pensées?

- Non, madame.

- Vous ne vous êtes pas sentie mal à l'intérieur du zoo?

- Non, madame.

- Vous ne vous êtes pas sentie mal à l'intérieur du zoo?

- Non, madame.

- Vous ne vous êtes pas sentie mal à l'intérieur du zoo?

- Non, madame.

- Vous n'avez pas été malade?

- Non, madame.

- Nénette, j'ai un plan, dit Opale à sa compagne. Et si nous lâchions des tas de girafes dans le jardin de tes parents terroristes ?

- Je vais appeler la police.

- Qui a dit ça?

- La copine de l'amie de la copine de ta copine.

- Bon, d'accord, nous allons laisser le temps que quelqu'un vienne le déranger, et puis nous allons vous faire une surprise.

- Je sais pas comment le faire, mais je suis sûre que je trouverai la solution, dit Nénette.

- C'est super, dit Opale.

Elle s'assit au bord du lit et ouvrit le lave-vaisselle.

- Allez, on va préparer un petit repas.

- Attends, je vais vérifier s'il n'y a pas quelqu'un dans la cuisine.

Elle s'écarta de la porte et resta figée un moment.

- Bon, je vais voir s'il n'y a pas quelqu'un.