5 - Affaires de famille
Le « charme insupportable » de Laurent était tel que Kuroneko, en secret (ou presque), l'avait affiché partout dans sa chambre.
Dans son lit, dans le bureau de son père, sur les toilettes, dans sa voiture, même au cinéma!
Elle avait même montré son numéro sur sa carte de séjour et l'avait écrit dessus en lettres géométriques.
Il avait hélas été incapable de ne pas voir son petit numéro bleu en face de son nom.
Il avait compris.
L'affaire aurait pu tourner mal, mais le coup de théâtre qui lui avait frappé la tête lui avait permis de se renforcer.
Il avait appelé Kuroneko et, au bout de quelques minutes, elle était au bout de son courrier, en l'air, flottant dans un élément étrange.
Laurent lui avait alors dit qu'il lui avait fait un cadeau qu'elle pouvait utiliser si elle voulait.
Et il avait fait ce qu'il fallait pour qu'elle ne le juge pas, la tromper, et le lui montrer, dans la bouteille à moitié pleine, avec l'avertissement: « Tu ne dois pas boire ce produit, tu risques de tomber dans un état d'ébriété délirant et dangereux. »
Kuroneko avait alors ouvert sa bouteille et s'était laissée emporter par les sensations.
Elle l'avait bien fait, de cette façon, et elle avait compris que son père n'était pas bien.
Elle avait été une petite fois sauvée par Laurent.
Elle ne devait pas l'oublier.
Elle était convaincue que c'était le seul moyen de régler son père et elle en était fière.
Alain, dans son costume de plante, et Laurent, vêtu du fameux costume de ménage, remercièrent les invités d'avoir assisté à leur union.
Le banquier remercia lui aussi, à sa manière.
– Tout est payé, ajouta-t-il en se levant.
La famille sortit de la cuisine.
Le banquet terminé, les invités partirent.
L'amant s'approcha de la jeune fille.
– Pourquoi n'as-tu pas été à notre mariage?
– J'ai été malade.
– Qu'est-ce qui te faisait souffrir?
– Je ne sais pas.
– Je vais te donner le nom de ma fille.
– Vous voulez que je l'appelle...
– Béatrice.
– Béatrice...
– Tu es merveilleusement jolie, Béatrice.
Elle lui posa la main sur le front.
– Et tu as un beau cœur.
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