9 - Chez Eléonore
Lilas et Tient-le-monde ne tardèrent pas à apprendre la terrible nouvelle : Opale et Nénette recherchées, mises au ban de la société comme de vulgaires criminelles. Lilas décida de se téléporter jusqu'à elles pour leur venir en aide, puisque Alain et Laurent avaient simultanément entrepris leur voyage de noces. Mais ses efforts furent vains, ses préparatifs n'étaient pas achevés, son signalement ne s'est jamais matérialisé, et les deux jeunes filles ont disparu. Quand ils se sont vite rétablis, leurs compagnons ont suivi leur mauvais exemple et se sont retirés dans une forêt, ne se parlant plus jamais de la lente agonie de leurs amours.
L'amour est donc un mal dans l'univers de la littérature, car il décourage l'écriture et laisse son auteur souffrir et se désespérer, et d'autant plus que le désir de l'amour est aussi une source d'angoisse.
Puisqu'ils avaient trouvé la maison d'Eléonore, Lilas et Tient-le-Monde se rendirent chez elle et demandèrent à pénétrer dans le cabinet de la marquise. Il leur fut refusé.
– Elle ne veut pas qu'on vous voie.
– Mais qu'est-ce qu'elle a? dit Tient-le-Monde.
– Des choses, répondit Lilas.
– Vous voulez dire des choses à résoudre?
– Oui.
– Des enfants?
– Des choses que nous connaissons bien peu.
– Que voulez-vous?
– Je ne sais pas, dit Lilas, mais nous allons en savoir plus tard.
C'était une maison toute noire, ronde, basse, à fenêtres grandes ouvertes. Elle était bien fraîche, avec quelques touches de fauve dans la poutrerie des murs et des fenêtres. Elle était joliment disposée, les bougies allumées, une table ronde bien bancée.
– Nous venons de Paris, dit Tient-le-Monde.
– Nous voulions nous asseoir, dit Lilas.
– Mais vous avez déjà fait?
– Non, mais nous voulions nous asseoir.
– Vous êtes des fainéants, dit Tient-le-Monde.
Eléonore, vexé, servit à Lilas et Tient-le-monde une tasse de thé et les interrogea sur la raison de leur venue. Lilas expliqua l'intervention du mystérieux François au mariage d'Alain et Laurent, l'emprisonnement de la girafe, puis enfin la fuite d'Opale et Nénette à bord d'un vaisseau pirate. Eléonore se rappela l'affirmation de Laurent : « Une femme, un loup, un chien, un chat et un chien », et l'ordre du soir : « La première, la seconde, la troisième, la quatrième, la cinquième, la sixième, la septième et la huitième partie ».
En dépit du caractère dubitatif de l'histoire, le dénouement est simple et rapide : Opale et Nénette sont capturées, et la série reprend au plus haut. Il est donc bien écrit.
Annotations
Versions