Le songe d'un marais
Je suis là, dans ce sous-bois, encapuchonné dans un grand manteau en toile de jute, épais et marron.
Nous sommes un soir d’automne, de la brume se mêle aux pins de cette forêt plane et sans horizon. Je ne reconnais pas vraiment les lieux, ma conscience ne les identifie pas. Pourtant, je ne suis pas dérangé. Un doux sentiment arrive malgré tout. Je viens à me sentir bien dans cette forêt.
Je viens d'y retrouver un groupe de personnes, elles aussi encapuchonnées et je reconnais des visages dans le tas. Ce sont des amis et des proches. Nous sommes au moins une centaine dans cette pénombre.
Bientôt des torches s’allument. Ah oui, je me rappelle maintenant, nous sommes là pour une procession, de nuit. Comme une descente aux flambeaux, ou une marche à la lueur des torches. Tout le monde est plutôt silencieux. Nous avançons.
Notre large cohorte commence à partir à travers bois. Je pars avec mes proches et mes amis, certains sont un peu devant. On ne se discerne pas bien, la faute aux mêmes habits. Je me rapproche près de mon amie, nous échangeons un petit bavardage. Nous n’avons pas de torches et on suit le mouvement, alors on a le temps de discuter.
Elle me sourit après une petit blague, on évite d’élever la voix, il faut dire de tout le monde est calme et silencieux. On chuchote.
Je lui parle alors de Fantasia, le dessin animé de Disney, de ce scène où comme ici, il y a une procession de personnages encapuchonnés. Il me semble que c’était sur le thème d’Ave Maria mais ce souvenir est tellement vieux que j’ai du mal à le certifier à mon amie.
Je relève la tête.
Mince j’ai perdu de vue les autres. Bon. De toute façon on va tous au même endroit. J’apprécie alors la lueur des torches. Une douce lumière orangée dansante éclairant ce paysage forestier. La nuit s’est installée, mais il y a quelque chose d’autre, la lune. On devine sa présence, elle perce parfois les nuages et les feuillages en un ton pale. C’est beau.
Je souris à mon amie pour manifester mon plaisir de participer à cette marche, cette excursion si pittoresque.
Je me dis alors que je n’ai jamais vu Fantasia 2000, je sais jusque qu’on peut y voir des baleines et Donald. J’en profite pour en parler à mon amie. Et elle me confirme que je devrais le voir, parce que j’adore Fantasia et la musique symphonique.
C’est drôle comme discuter a pu nous retarder. Nous ne sommes pas les derniers, mais d’ici on peut apercevoir un grand nombre de personnes devant, cent, deux cent, plus ?
Difficile de compter, mais voir autant de monde, autant de torches me donnent un grand sentiment de confort. C’est silencieux et chaleureux.
Je regarde mon amie, elle est de profile, elle marche tranquillement. Elle ne semble plus vouloir discuter. Elle se concentre sur sa marche, où tout comme moi elle est peut être sensible à l’ambiance de cette procession.
Nous ralentissons quelques peu. Je relève la tête, je regarde autour.
Devant la foule de personnes arrivent sur un petit chemin bordé de deux grands étangs. A y voir de plus près, c’est un chemin au milieu d’un marais. La réverbération de la lumière des torches sur l’eau rend invisible les profondeurs du marais.
Le chemin se réduit, bientôt notre cohorte commence à s’entasser sur cette bordure qui sert de passage. Nous sommes nombreux et la traversée semble s’éterniser.
Annotations
Versions