Amelie Poulain
Si tu te souviens d’Amelie Poulain, je me sens cette Amelie qui collectionne les cailloux qu’elle amasse dans sa poche. Les cailloux, ce sont les sentiments que j’ai pour toi et qui s’accumulent dans le secret total. J’avoue que ça commence à peser dans ma poche, sans les partager. Mais je ne me vois pas parler de mes cailloux si la personne en face n’en fait pas de collection de son côté : elle ne comprendrait pas !
Du coup, je me suis mise à alléger mes poches en cachette, en jetant quelques cailloux pour freiner, je dirais depuis trois mois. Je me suis persuadée que ma passion pour notre couple était sûrement trop rapide, et pas en phase avec ton rythme. Je devais alléger mes poches.
Je crois que je cherche aussi à me protéger de la désillusion en calibrant ma fougue qui me rend aveugle et sourde à ce qu’il y a à percevoir en face. Je me fais plus silencieuse et j’observe, mais en vain. Je ne perçois pas les signaux habituels des hommes que j’ai connus. Je me perds et je me sens seule la majorité du temps. Est-ce normal tu crois ?
Dans la série qu’on regarde en ce moment, si tu t’en souviens, dans un épisode de la saison 1 le psy parle de trois catégories de personnes :
- Celles immédiatement prêtes pour l’amour, disponibles indifféremment des échecs qui jalonnent parfois la route.
- Celles à la recherche de l’amour mais en difficulté de reconnaissance et acceptation lorsqu’il se présente à leur porte.
- Et les personnes qui s’en passent et ne comprennent pas l’enthousiasme de la catégorie 1.
Que sommes-nous ? Ou bien où en sommes-nous ?
J’ai besoin de poser la question, mais je n’exige aucune réponse immédiate. Je n’exige aucune réponse, tout court. J’en mesure tout à fait le poids, que je porte toute seule depuis un moment. Le hic c’est qu’en taisant tout ça, je me promets à l ‘échec, alors qu’en parlant je me donne une chance de voir des cartes redistribuées, qui sait ?
Peut-être certaines personnes arrivent-elles à se dire « c’est bon, laissons le temps au temps, voyons ce que ça donnera, qui vivra verra etc… » mais moi je suis en processus d’attachement concret, tout en ne sachant pas si je m’amarre à un bateau capable de rester à quai près de moi (métaphoriquement je ne parle pas de cohabitation) ou en besoin de partance régulière, voire définitive en solo.
Ta vie est si indépendante, voire paradoxale puisqu’inventée et rôdée en même temps : tu t’imposes d’improviser ton temps dès que tu le peux indifféremment de ma personne, et je dois avouer que tes mécanismes sont parfaitement huilés. Tu sembles déjà heureux et comblé, placé sur une barque en autosuffisance que tu diriges seul, vers ton futur, et je ne vois pas de deuxième place sur cette barque.
Pour être franche, j’ai souvent la sensation d’être passagère clandestine, en attente d’une officialisation de statut.
Le temps donné à ce droit de prendre son temps est en train de donner place à un temps de doute et fatigue émotionnelle pour moi. C’est juste un fait, pas un grief ! Tu es une personne de qualité et dont beaucoup de femmes rêvent, mais je n’ai absolument jamais eu de partenaire avec qui j’ai eu aussi peu de contact maintenu en son absence. Et jamais de partenaire aussi absent (bien sûr tu n’y es pour rien).
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