L’écrivain et philosophe Sartre a dit un jour « Etre aimé c’est se sentir justifié d’exister » Il disait que l’amour vrai c’est penser que le monde raterait quelque chose si « l’autre » n’existait pas. Et justement ce qu’il y a de plus beau c’est que le simple fait de penser que tu existes me procure de la joie. Malheureusement, notre éloignement incontournable et régulier associé à des jours sans aucune communication vient me ponctionner cette joie. Attention je ne demande pas un flot invasif de marques d’attention, ça ne me plairait pas non plus, mais le fait est que j’ai besoin de communication parce que je passe certains jours très difficiles, et je me sens souvent seule. C’est très ingrat pour eux mais amis et famille ne remplacent pas l’amoureux.

La solitude est une vieille connaissance que j’aimerais ne plus voir. Quoi qu'il en soit retenons qu’aimer c’est dire « Tu m’intéresses », … et … Tu m’intéresses beaucoup...

Pour continuer sur les illustres penseurs de la psychologie humaine, j’en suis friande, Freud de son côté a dit que dans l’amour, « l’autre » apporte son monde, une ouverture vers d’autres horizons, des émotions que nous ne percevions pas avec la même intensité auparavant. On est davantage « réveillés ». L’amour nouveau donne une impression de hauteur jamais atteinte auparavant. C’est en effet ce que je pense.

Ne te méprends pas sur mes intentions : je n’ai pas la prétention de pouvoir maitriser quoi que ce soit, ni ce que je ressens, ni ce que toi tu peux avoir à l’esprit. Je ne suis personne pour oser envisager de te voir changer, ce qui serait un tort cuisant. Mais je découvre des points de divergence qui enrayent la machinerie de mon coeur.

Par exemple, à l’aube d'une opération il n’est pas normal de se sentir abandonnée. Je n’ai pas vu où était mon petit ami, dont j’avais tellement besoin à ce moment. J’ai un peu de fierté personnelle qui m’empêche de réclamer de l’attention ou de l’affection, alors que j’en meurs d’envie et besoin.

J’ai vécu la peur et la solitude toute seule : avant, pendant, et après l’opération. Et si tu te mets à ma place une seconde, imagine ce que ça m’a fait la veille de lire « Devine où je suis ? Les vagues étaient trop belles j’ai pas résisté, je suis sur la côte. » Tu étais donc à quelques kilomètres de moi à surfer au moment précis où j’étais seule en détresse à l’entrée de la salle d’opération ! Tes décisions et préférences ne peuvent qu’être respectées mais je dois dire que le bouquet de fleurs livré à la dernière minute quand tu as réalisé la bourde de l'oubli de la date ne m’a pas fait me sentir chérie. Tu n’es même pas venu me voir alors que tu n’avais pas repris la route pour chez toi.

Passons. Je suis catégorique : je n’ai rien oublié, il n’y a plus aucun non-dit de mon côté. L’écriture comme la musique a pour moi quelque chose de salvateur et libérateur. On dit que le silence est d’or ; pour moi c’est la parole qui l’est, orale ou écrite.

Si à l’âge où on acquiert le langage je suis devenue muette, pendant un an, ça a laissé des traces. J’ai grandi avec un besoin vital d’exprimer ce que j’ai de plus profond de temps en temps, et échanger avec mon entourage comme pour rattraper des lacunes de communication, de longue date. C’est souvent l’écrit que je choisis parce que l’oral est moins exhaustif. Tout ça, je le vis très bien aujourd’hui. Il faut juste que les gens autour de moi n’en soient pas dérangés.

Bien sûr, après avoir libéré ma parole à ce point dans cette lettre que j’ai écrite au fil des temps de doute, je ne ressens plus vraiment d’urgence. Prends tout le temps nécessaire et par pitié n’aies aucun sentiment d’obligation. Tu as le droit de prendre ton temps, décider de mettre en pause notre histoire, ou même d’y mettre fin, faute d’envie de fréquenter une fille qui raisonne trop ? Comme tu dis « au diapason avec ses émotions » ! Dans tous les cas tu me rendras service en te dévoilant à ton tour.

Je sais pertinemment que je prends un grand risque en mettant en évidence nos différences. Mais je pense aussi que c’est un accélérateur de destinée, un révélateur de vérité, et j’en ai besoin, sans manquer de respect au précieux temps qui passe et à toi-même.

Tout ce que j’espère c’est être comprise dans mon discours, ma position, mes angles de vue. J’accueillerai n’importe quelle réaction de ta part, quelle qu’elle soit.

Cela dit, je ne te cache pas qu’à me mettre à nu ainsi devant toi dans notre histoire, je crois que j’ai attrapé froid !

J’en assumerai l’issue.

Amelie