Élise était assise dans la cuisine. Le couteau était posé sur la table. Allait-elle l'utiliser ? Elle n'en savait rien. Elle en avait envie, ça oui, mais elle s'en sentait incapable. Et pourtant, pensait-elle, cela me soulagerait d'un poids immense ! Elle croyait trouver le bonheur dans la mort. N'importe qui lui aurait dit que c'était une erreur, qu'il fallait être lâche pour se suicider. Quelques années auparavant, elle aurait acquiescé sans aucun problème. Maintenant, c'était une autre histoire ; elle comprenait qu'au contraire, il fallait beaucoup de courage pour attenter à sa propre vie. 

    L'indécision la tourmentait, de même que son désespoir. Tout son corps lui faisait mal, la douleur dans sa tête s'était propagée. Elle pleurait. Cela faisait des jours et des jours qu'elle pleurait. Elle ne voyait pas d'autre issue. La mort lui apporterait le calme tant recherché, n'est-ce pas ? 

    Elle était au bord du gouffre, de toute façon. Elle avait l'impression d'être au bord d'une falaise et de tomber. Elle ne pouvait pas s'empêcher de tomber. Personne ne viendrait la sauver. Puisqu'elle tomberait inévitablement, autant sauter tout de suite, non ? 

    Élise continuait à pleurer. Sa respiration était saccadée. Elle était épuisée. La veille, sa mère le lui avait dit, puis lui avait conseillé de se reposer. Comme si cela pouvait changer les choses. Et puis dormir lui était impossible. Elle ne rêvait plus, elle cauchemardait. Et ça, c'était quand elle réussissait à fermer les yeux. 

    Tout cela durait depuis quelques mois maintenant : la tristesse, la colère, le stress, les insomnies, l'impuissance et le découragement. À force, une seule solution s'imposait pour Élise : le suicide. Et maintenant que les lettres pour ses proches étaient écrites, que toutes ses affaires étaient en ordre, elle ne se sentait pas le courage de passer à l'acte. 

    Son état d'esprit commençait à changer de cap. Oui, elle avait envie de mourir, mais n'était-ce pas plutôt ses problèmes qu'elle voulait anéantir ? Si les émotions négatives étaient bel et bien présentes, ne pouvait-elle pas s'en débarrasser sans pour autant terminer sa vie ?