Or donc, Dergval était un noble du pays maudit et à ce titre il n'avait jamais travaillé de sa vie. Ses compétences se partageaient entre l'épée, l'arc, le baratin et l'intimidation. Il prétendait aussi être d'une dextérité sans égale lorsqu'il était question de faire usage de son membre viril, seulement cette discipline était chez lui toujours assujettie à l'une des quatre précédentes. C'était un jeune homme au teint excessivement pâle comme il était d'usage dans ces contrées où des nuages ténébreux dévoraient chaque jours les rayons du soleil, et ses cheveux étaient noirs de jais. Ses yeux étaient rouge sang, et son sourire carnassier dévoilait des dents aiguisées comme des poignards. Il portait une tunique de cuir noire brodée d'or, et montait un destrier à la robe noire comme la nuit et à la crinière aussi rouge que ses yeux. Monté sur un poney de même allure, son jeune écuyer d'une dizaine d'années transportait son armure, son épée et son arc, tout en craignant à chaque instant de recevoir un coup de cravache sur le crâne.
La rieuse petite compagnie allait benoîtement sur les chemins, suivant la route qui menait au pays de lumière de l'autre côté du fleuve.
Sur la route, le chevalier vit passer une jeune paysanne qui accompagnait des bovins qui traversaient la route. Aussitôt le chevalier la salua galamment en tirant sur ses rênes pour arrêter le cheval.
- "C'est fort aimable à vous, beau sire, de nous céder le passage." Le remercia la jeune paysanne.
- "Point du tout, là n'était pas mon intention." Fit le chevalier en sautant de cheval. "Je me suis arrêté parce que je suis en rut et que ton gros cul a attiré mon attention."
À ces mots il se précipita sur la jeune fille et la déshabilla avec violence. Cependant, le jeune écuyer regardait vivement dans la direction opposée en espérant ne pas attirer l'attention. C'est que parfois, quand l'envie l'en prenait, le chevalier exigeait de lui qu'il vienne se joindre aux ébats. Cette fois ci ce ne fut pas le cas. Le chevalier Dergval ayant prestement fini son affaire, il reboutonna ses chausses, monta à cheval et dispersa les bovins qui bloquaient le chemin avant de reprendre la route sans plus de considération pour la femme traumatisée qu'il laissait derrière lui.