Le roi maudit
Dergval parvint finalement après avoir un long moment marché en faisant autant que possible profil bas, en vue du château du roi paladin. Là, la forteresse immaculée était assiégée par l'armée du roi maudit qui avait monté des catapultes et tirait sans relâche vers les remparts blancs qui leur faisaient face. Pour une raison étrange, les tirs échouaient tous à atteindre leur cible et se perdaient un peu n'importe où.
En arrivant, Dergval fut appréhendé par des soldats de son pays. Ne voulant pas les combattre, il accepta qu'on le mène devant le roi.
Le souverain maudit était un homme taciturne dont la couronne barbelée semblait profondément vissée sur sa tête. Son visage blafard dardait des yeux violets sur le nouveau venu en grimaçant de ses dents pointues.
- "Que fais-tu là vaurien ? Ne vois-tu pas que je suis occupé à essayer de récupérer ma fille ?
- Justement, votre grande et gracieuse majesté," rétorqua Dergval, "je suis venu vous apporter mon aide en tant que votre vassal.
- Vous êtes de ces mécréants qui pensent pouvoir saisir l'occasion pour culbuter ma fille impunément ?"
Dergval grimaça car c'était bien là son intention.
- "Sachez" reprit le roi," que je ne tolérerai aucun manque de respect envers ma fille, car elle est mon héritière pour le trône et…"
À ce moment un tir de catapulte fit tomber une pierre à vingt mètres du souverain. Le tir était parti dans la direction opposée à celle du château. Aussitôt un jeune homme richement paré qui semblait être un prince fit irruption en s'exclamant:
- "Diantre ! Quel hasard fort fortuit ! Quelle incommensurable malchance ! Vous étiez au courant qu'il y avait un sens aux rochers des catapultes et que le fait de ne pas les prendre en compte peut faire partir le projectile dans n'importe quel sens ? Vous ne le saviez pas ? Moi non plus ! Ah quelle poisse terrible ! Terrible !"
Puis il repartit comme il était arrivé. Le roi émit un long soupir.
- "Comme vous le voyez, mon fils n'est déjà pas très enthousiaste à l'idée de délivrer sa grande sœur car il sait que si les paladins la marient à l'un des leurs je serai obligé de la tuer pour m'assurer qu'aucun étranger ne mette la main sur la succession, et alors le titre de Dauphin lui reviendrait de droit. Ce siège est compliqué à gérer alors si en plus je dois m'occuper des innombrables soupirants de ma fille…
- Mais sire, je pourrais vous être d'un grand secours. Vous n'avez qu'à m'envoyer me charger des catapultes."
Un sourire carnassier se dessina sur le visage du roi tandis qu'une idée infâme traversait son esprit.
- "Oh, je crois que je sais de quelle manière vous allez nous aider."
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