Le réchauffement climatique est un fléau ! Stop aux énamations de CO2 dans l'atmosphère ! On va gagner + 2 degrés d'ici quelques années ! C'est une catastrophe, les glaciers fondent !

Toutes ces conneries et bien d'autres, ça fait des années que je les entends. Moi qui travaille dans un labo océanique au milieu des océans glacés du Nord, je vois bien que l'activité humaine fait fondre les glaces. Et je vais vous dire moi, c'est pas un problème. Oh bien sûr, ici dans le froid, on a pas beaucoup de réconfort, on est isolé, on trouve ce qu'on peut pour se rassurer. C'est ce que j'ai dit à mon procès. J'ai bien essayé de faire comprendre les choses de mon point de vue, de me défendre, d'expliquer que si j'ai fait tout ça, c'était pour compenser une trop grande solitude et une trop grande tristesse. Certains y ont cru oui, mais d'autres moins. Alcoolique qu'ils ont dit, égoïste, qu'ils ont criés. Certains ont dit salaud. Bah ! Faut dire que je les comprends. Eux qui doivent acheter leur alcool une fortune pour oublier leur vie minable et espérer se soûler pour oublier leurs problèmes. Quand ils ont compris que j'avais accès à la gratuité exclusive, et à des litres et des litres de vin, sans faire autre chose que de contribuer activement au réchauffement climatique, c'est à dire en arrêtant totalement les efforts que tout le monde galère à faire pour essayer de préserver la planète et la fonte des glaciers, ca a gueulé sec, c'est clair. Mais hey ! Si vous aviez, à 10 mètres de votre labo, perdu au milieu de rien, seul et sans personne, un iceberg de plusieurs centaines de tonnes entièrement constitué de vin gelé, vous feriez quoi ? Hein ? Bah moi j'ai choisi. Oui j'ai fait fonctionner à fond la chaudière, les ordis, les machines, les engins, j'ai fait livrer des barils de pétrole que j'ai fait brûler juste à côté, j'ai tiré au lance missile dessus, j'ai installé des chaudières à gaz, à bois, à fioul, juste à côté, carburant H24 pour faire fondre ce glacier. Et la récompense était là ! Des litres et des litres de vin chaque jour.

Au début j'entreposais. Evidemment, je suis pas...enfin j'étais pas alcoolique ! Mais quand j'avais rempli l'entrepôt, que j'avais vidé les conteneurs qui contenaient des échantillons de vie à étudier, quand j'ai vidé les frigos et chambres froides, et que je les ai reremplies avec tout ce vin supplémentaire... Il a bien fallu se mettre à boire plus ! Enfin comprenez moi ! Ma mission de 6 mois touchait à sa fin, je devais rentrer en Europe, j'ai décidé de rester un an de plus. Pour étudier la faune et la glace ? Non, pour boire tout ce vin ! Vous comprenez ? L'iceberg fondait à vu d'oeil, j'avais plus de contenant vide. Il a fallu vider, ne pas gâcher ! Oh bien sur j'aurais pu vendre toutes ces caissons de 200 Litres. Ces centaines de caissons. J'aurais été un homme riche. Oui, mais j'aurais dû arrêter de boire. Et laissez-moi vous dire qu'au bout d'un certain temps, à vider des litres par jours, à se remettre des gueules de bois pour recommencer le soir venu, au bout d'un moment, on devient accro. L'alcool est une drogue, et je m'en suis rendu compte. Pour rien au monde j'aurais voulu quitter mon glacier. Et je n'étais pas accro qu'à l'alcool que je récupérais. Le fait de même de le récupérer était grisant ! Je n'arrivais plus à faire quoi que ce soit d'autre de mes journées. Boire, vider les caissons, de plus en plus vite, et les reremplir à longueur de journée.

Imaginez mon état quand le reste de l'équipe scientifique est finalement revenue au labo. Les caissons pleins et vides, le bordel dans le labo, et un homme, jadis propre et rasé, ici cheveux et barbe longs contemplètement ivre, à chanter des chansons en gueulant dans les couloirs du complexe. Les échantillons disparus, les feuilles de calculs et de résultats complètement tâchés de vin, et moi, à moitié nu, déchiré, me faisant emmener par les autorités. Bah... au moins j'aurais bien rigolé !