J'ai froid.

Je suis mouillé, la neige s'insinue partout. Le vent est glaçant, dévastateur. Il me fait grelotter sous mon manteau. L'épée à ma taille est devenue une tige de glace, alourdie par les amas de flocons. Chaque pas est une torture, un effort surhumain. Même en secouant le blanc fardeau sur mes épaules, il revient constamment, il est impossible de s'en débarasser.

La vision est difficile. Le bruit du vent et du blizzard font de cette traversée un enfer. Où se trouve le temple ? "A l'est, derrière la forêt". Visiblement, je n'ai pas passé la forêt. Mais voir quoi que ce soit dans cette tempête est compliqué. Où est l'est, pour commencer ?

D'un geste lourd et lent, tremblant, malassuré, je sors ma boussole. Je renifle, frotte la neige sur mes sourcils et les cristaux gelés sur ma barbe. Je frotte le carreau. Malheur ! Je me dirige au nord ! Cette tempête m'a tant aveuglé que j'ai dérivé.

Si je ne trouve pas le Temple Purificateur, mon épée ne pourra jamais être la lame libératrice de ces terres maudites. Je dois l'impregner du pouvoir du brasier, pour libérer cet endroit de sa malédiction. Mes pensées se bousculent, et ces phrases qui me maintiennent en mouvement, me permettent de ne pas abandonner.

J'entend un bruit... Malgré la tempête et le vacarme, malgré la neige, et le brouillard, je distingue une forme. Massive, elle se déplace vers moi. M'a-t-elle vue ? Elle ne semble pas ralentie par les éléments déchainés. Un troll des neiges ? J'espère que non... Le combat ne sera pas facile.

Restons discret. J'avance doucement, chassant la neige avec précipitation. Je me décale, passant non loin de la forme qui grogne. Une créature de ces contrées est forcément rompues aux tempêtes. Elle va me voir, me sentir ! J'apperçois la forêt plus loin. Avec un peu de chance, je pourrais l'atteindre. Je tente de presser le pas. Je sens que le temple n'est plus si loin. La forme semble s'être éloignée.

Un bras poilu m'arrache soudainement du sol. Je me sens voltiger alors que la créature grogne plus férocement. Etendu sur le sol, enneigé, endolori, j'entend le froissement de ses pas. Je ne distingue que sa monolithique silhouette. Mon épée reste totalement coincée dans sa gaine de glace. Mes yeux affolés regardent le visage animal du troll en face de moi.

Je suis fait.