Orange
Ce texte est un peu différent : il s'agit de piocher une couleur et d'essayer de la faire visualiser par ses mots.
La planète rouge. La planète orange oui. La terre battue ocre et stérile qui compose ce monde coloré si monochrome, n'est pas rouge, contrairement à ce que tout le monde croit. Figurez vous l'aube dorée, flamboyante, le crépuscule orangé dans un ciel martien épais et chaud. Figurez vous le ciel chargé, pas léger et bleu, au nuages blancs comme chez nous. Voyez plutôt le spectre chaud des cieux enflammés, l'épaisseur dorée, métallique des nuages. Voyez les cailloux jaunâtres, irradiés de soleil, d'une planète sans atmosphère ou tout se voit comme à travers un filtre teinté. Voyez un film de Jeunet. La terre infertile où rien ne pousse. Nos agrumes terrestres ne grilleent pas à la flamme du ciel, protégées derrière les baies cuivrées de la station.
Voyez plutôt ces paysages désolés, dorés, dormant sous les rayons solaires. Tout semble si brûlant, si desertique. La couleur chaude de la caillasse évoque nos déserts infinis. Les empreintes de pas de la dernière expédition se voyent encore dans la finesse de la poussière couleur safrane. La rousseur de ce sol hélianthin me rapelle la pastel qu'utilisait ma fille pour dessiner le soleil, les lions et leur crinière, et le feu. J'attend la prochaine navette pour repartir chez nous, et la revoir. En attendant, je contemple silencieusement cet écrin grenat perdu dans l'espace.
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