ELLE.
Il y a un certain temps, elle s’est installée,
M’a envahie de dégoût, d’une répulsion lourde.
Au début une simple peur dénuée de danger
Désormais muée en une terreur sourde.
Elle est une voix insidieuse.
Elle est un espoir de perfection,
Dans ma tête, maîtresse de mes décisions,
Un piège menant sur une voie douloureuse.
Elle m’a happée dans son tourbillon.
Dans le miroir, reflet de ma propre affliction.
Sur la balance, chiffre de mes privations.
Dans mon estomac, le vide comme une bénédiction.
Le nombre qui baisse, plaisir intense.
Incapable de la renverser.
L’aimer et la détester.
La voir attendre ma dernière danse.
Consciente de ce mal.
Vouloir le repousser.
Et son retour implacable
De ses murmures insensés.
Aujourd’hui, elle est mon passé, mon avenir,
Mon présent, ma prison pour les temps à venir.
Elle m’a murmuré son nom, si joli.
La douce appellation d’anorexie.
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