comme une feuille
Il n'y a, à mon avis, pas grand-chose de commun entre l'écriture en journée et l'écriture de nuit. Il est normal d'écrire à des heures diurnes : heures actives, heures pensantes, on est censés s'occuper afin de se reposer plus tard avec un sentiment d'accomplissement.
Seulement voilà, mes notes prennent la poussière et la chaleur m'épuise. Je devrais dormir depuis longtemps déjà, la tour Eiffel s'est éteinte voilà une heure et seuls les moustiques me tiennent compagnie de leur chant sinistrement strident. Je tape à tâtons dans l'obscurité, éclairée seulement par mon écran, dois m'arrêter, revenir en arrière, corriger incessamment. Pourtant cette fois cela ne m'énerve pas ; je suis seulement soulagée de voir que les mots me viennent toujours aux doigts une fois que je relâche la pression qui me sert de motivation, à défaut de ne pouvoir ignorer les piqûres qui s'accumulent.
L'air est différent, plus herbeux, le silence plus tranquille, le corps alangui par la fatigue d'une journée trop pleine de vide. Ma tête est toute brouillée et mes doigts tremblent un peu, mais ça fait du bien de s'astreindre au rythme 'normal', d'accepter que cette fois, c'est foutu, qu'il faudra se laisser aller dans son quotidien et dormir durant les heures chaudes où les suceurs de sang laissent la place aux pollinisateurs.
Bref, je vais essayer d'apaiser ma culpabilité et de mettre cette insomnie à profit pour écrire. Et ce ne sera pas trop grave si je m'endors sur le clavier !
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