"Tu" ne tues point.

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Note de l'auteur : défi intéressant à relever, étant donné que j'ai joué à ce jeu du "tu" ou du "vous". Les écritures prennent des significations différentes, selon qu'on écrit en "je" , en "tu" ou en "vous". Ce texte existe en version "vous".

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Tu ? C'est étrange d'utiliser ce pronom personnel pour s'adresser à votre personne. Pourquoi ? C'est pourtant simple, non. Tu ? Ça ne sonne pas comme un ordre ? Comme une supplique ? Je ne suis pas ce genre de personne. Je ne tue personne, contrairement à vous. Et on dirait que ça a l'air de t'amuser. Tu en as pris tellement, et parmi tous ceux là, les deux qui comptaient tant dans ma vie. Mon époux et mon père. Tu étais tellement pressée de mettre un terme à leur vie, alors qu'ils avaient encore tant à nous offrir.

Tu arrives toujours trop tôt, et surtout tu t'introduis sans être invitée, tu débarques comme ça, en fracassant les portes; et quand tu arrives sur la pointe des pieds, oui, oui, ça t'arrive, tu fais encore plus de dégâts.

Oh oui, parfois, ça t'arrive d'être la bienvenue, mais c'est pire encore, tu détruis tout sur ton passage. Une fraction de seconde pour celui qui va se pendre, suspendre son souffle et sortir par la petite porte. Tu es toujours là pour couper le lien de vie. Ça t'amuse ? Espèce de garce. Et que dire de ceux qui te sèment, comme mauvaise graine lancée au rythme d'une kalachnikov pour un idéal, mon œil, oui, tout au plus, une connerie.

Combien sont tombés, fauchés sur des champs de bataille rougis de sang innocent. Et quand tu te couches sur les pages blanches d'un roman, c'est tout aussi cruel. Roméo, Juliette, Jean de Florette. Tu ne respectes rien, ni l'amour, ni la famille, tu viens foutre la merde dans les histoires. Certains, certaines te trouvent attirante, dernière issue pour s'échapper. Qu'as-tu à offrir ? Dis-moi au moins que tu n'es qu'un rideau et que tu nous laisseras avoir des signes de ceux qui sont partis.

Mais peut-être que je suis injuste avec toi, peut-être que j'en oublie l'autre possibilité, celle qui consisterait à prendre conscience que tu ne viens pas, parce que tu es en nous. Celles qui donnent la vie nous donnent aussi la mort, c'est ainsi. Peut-être que tu n'es pas que vilaine. Tu n'es, après tout, qu'une partie de nous, tu es en nous. Tu es là. Et peut-être que tu te manifestes quand c'est le moment pour celui qui s'en va. L'autre ne nous appartient pas. J'étais et je reste la fille de mon père, mais il ne m'appartenait pas. J'étais et je reste la femme de mon prince mais il ne m'appartenait pas. Je le sais mais ils ont fait et ils font toujours partie de moi. Et je sais la force de l'Amour qu'ils me portaient, car c'est l'intensité du poids du chagrin de ne plus les avoir près de moi.

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