Aujourd’hui, je suis morte.

Pourtant, j’adorais la vie.

J’adorais me lever avec le chant des oiseaux, prendre le chocolat chaud du matin et manger du Nutella à la cuillère plutôt que sur du pain.

J’adorais aller étudier, remplir mon cerveau de choses plus intrigantes les unes que les autres.

J’adorais voir d’autres gens, leur parler, les aider, les faire rire et les faire pleurer.

J’adorais passer mes après-midi à bronzer,  m’emmitoufler dans une couverture avec un livre,  jouer à ces jeux vidéo.

J’adorais sortir le soir boire un verre en terrasse, passer la nuit à observer les étoiles, à guetter le lever du Soleil.

J’adorais nous voir solidaires, ces enfants rire aux éclats, ces bébés pousser leur premier cris, ces parents qui s’aimaient.

J’adorais provoquer un fou rire chez ma meilleure amie, caresser mon chat, surprendre un garçon en train de me regarder.

Pourtant, je haïssais la vie.

Je la haïssais pour ce chant des oiseaux qui me réveillait parfois à l’aube, pour ce chocolat chaud qui me brûlait la langue, pour ce pot de Nutella qui se vidait.

Je la haïssais pour tous ces examens à passer, pour toutes ces connaissances plus inutiles les unes des autres que j’ingurgitais sans comprendre.

Je la haïssais pour ces gens qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, leur parler, les aider, les faire rire ? Je préférais les faire pleurer.

Je la haïssais pour ces plages bondées, pour ces quatre murs desquels je n’arrivais pas à me libérer, pour ces jeux vidéos dont j’étais obsédée.

Je la haïssais pour ces bars hors de prix, pour ces nuits d’insomnie passées à observer les étoiles, pour ce Soleil qui me brûlait les yeux en se levant.

Je la haïssais pour notre hypocrisie, ces enfants qui braillaient, ces bébés qui mouraient, ces parents qui divorçaient.

Je la haïssais pour avoir éloigné ma meilleure amie, avoir tué mon chat, brisé mon cœur.

Je la haïssais. Pourtant, je l’aimais. Et là, c’est fini.

Aujourd’hui, je suis morte. Pourtant, je me sens vivante. Plus vivante que jamais.