Toi, que je retrouvais
Il avait toujours eu une très grande place
Au cours de ma vie, au plus profond de mon coeur.
Place qui l’attendait sans aucune rancoeur,
Mais qui restait vide de sa présence, hélas…
Jusque là, je ne l’avais jamais rencontré,
Impossible de dire alors si je l’aimais.
Je ressentais tout de même une immense joie,
À l’idée de le voir, pour la première fois.
Nous nous étions donné rendez-vous au café
Le plus luxueux que le quartier connaissait.
Face à l’entrée, mon coeur se serra tout à fait,
Je me remémorai soudain tout mon passé.
Toutes ces questions qui m’obsédaient sans cesse,
Le manque de son amour et de ses tendresses,
La douleur de l’imaginer, loin de ma vie
Comme si déjà, il était au paradis.
J’espérais que nous puissions discuter de tout,
De ce qu’on avait fait de ces vingt ans surtout,
Que de nos vies, nous évoquerions en riant
Les tracas du quotidiens, des moments marquants.
C’était l’heure maintenant, je franchis l’entrée.
Autour de moi, il n’y avait que les serveurs,
Aurait-il du retard ? Aurait-il eu trop peur ?
Non, il devait être là. Je me retournais…
Sur une chaise, assis juste derrière moi,
Il se tenait, scrutant l’horizon, aux abois .
Il était beaucoup plus vieux que sur les photos.
Je souriais : « je serai avec toi, bientôt »
Et restais immobile, les yeux larmoyants,
Sur mon visage de plus en plus flamboyant.
Tous les mauvais souvenirs passés s’effaçaient
Pour laisser s’amorcer un tout nouveau départ
Une seconde vie, parfaitement comblée.
Je m’avançais vers lui, il avait l’air hagard
Qu’il me vit tout de suite ? Je ne pense pas.
Mais son visage s’illumina aussitôt quand, proche, je lui murmurai : « Bonjour Papa ».
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